jeudi, avril 30, 2015

Ma Bronzée

Elle déambule dans l'existence avec cette démarche chaloupée des êtres qui sont nés dans un hémisphère ensoleillé. Il y a, dans le mouvement, quelque chose qui laisse entrevoir un plaisir certain à danser, à s'ancrer dans le rythme les pieds solidement accrochés au sol tandis que les bras se mouvraient selon leur propres aspirations.

C'est une jeune femme qui aime s'amuser et dont le rire peut fuser à tout moment. Je crois que je ne l'ai jamais vue de mauvaise humeur depuis les quelques trois ans que je la connais. Même assommée par un rhume qui aura duré presque tout un hiver rigoureux, elle su préserver cette joie de vivre qui lui est propre.

C'est une personne généreuse qui s'intéresse à ceux qui vivent autour d'elle. L'air de rien. Je sais qu'elle fait partie de ceux qui sont plus que généralement appréciés. Elle a plusieurs réseaux qu'elle entretient assidûment. Les seules fois où elle pense à demander un congé, c'est toujours pour profiter de la présence de ces autres qu'elle aime tant. À son anniversaire, elle travaille toujours; « car, m'expliquera-t-elle, c'est une manière bien agréable de passer le temps ».

Elle est créative et curieuse. Elle aime les mots, ceux des autres, et ses intérêts littéraires vont dans toutes les directions. Je l'ai vue lire un roman d'horreur tout de suite avant de se plonger dans un livre à l'eau de rose, petit pêché que nous partageons avec beaucoup de plaisir.

Un jour que j'étais en visite dans une autre succursale, je l'ai attrapée au téléphone après un long moment sans l'avoir vue. Alors je m'étais exclamée : « Oh! Ma Bronzée, ça fait si longtemps que je ne t'ai pas vue! » Et la femme, à côté de moi avait vécu un vrai gros malaise de savoir que ce n'était pas une employée qui revenait d'un voyage dans le Sud, mais bien une Noire, rien que bien noire. C'est une caractéristique physique, sa peau est nettement plus foncée que la mienne, et si je vois cette différence, ça je change absolument rien à l'estime que j'ai d'elle. Elle le sait et apprécie tous les surnoms que je lui sers, parce qu'elle comprend très bien qu'ils proviennent d'une certaine forme d'affection.

Elle possède ce charme lent des gens de son pays d'origine. Dans une société où les minutes sont comptées, il faut souvent lui rappeler la pertinence de respecter un horaire. Même lorsqu'il est question d'activité sociale, il n'est pas rare qu'elle se mette en mouvement tellement à la dernière minute qu'elle sera soit irrémédiablement en retard, d'une heure ou deux généralement, ou carrément absente parce qu'elle aura tout simplement manqué l'à propos.

Il y a un proverbe qui dit qu'en Haïti, il n'y a que le citron qui est pressé. Et lorsque je la regarde aller, je ne peux m'empêcher de croire que celui-ci lui va comme un gant.

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dimanche, avril 26, 2015

Le baron

Dans sa toute petite enfance, il m'appelait Matime. Durant cette période de sa vie, il ne parlait pas beaucoup. Il ne disait que quelques mots qui lui permettait d'obtenir ce qu'il voulait, mais ne se souciait pas de communiquer davantage. Enfin, c'est ce que je je croyais du haut de ma propre enfance. Ce qui ne voulait pas dire qu'il ne comprenait pas ce qui se passait autour de lui. Au contraire; il adorait les histoires. C'était le genre d'enfant qui écoutait en boucle les mêmes histoires sur disques et qui riait toujours, à gorge déployée, aux bons endroits.

Il dessinait aussi, beaucoup, avec un talent incontestable. Cependant, ses planches à dessins étaient parfois un peu particulières : un divan et beaucoup d'albums de Tintin ont été améliorés par ses soins. Je crois que c'était vraiment ce qu'il cherchait à faire d'ailleurs, il ne lui passait sans doute pas par l'esprit que ses envolées créatrices pouvaient abîmer quoi que ce soit.

C'était un enfant qui avait le chic d'avoir une vie intérieure très vaste, à laquelle peu d'entre-nous avaient accès. Ce qui expliquait sans doute son manque de communication avec le monde extérieur. Jusqu'au jour où il a décidé qu'il pouvait s'adresser aux autres avec des phrases complètes, ce qu'il a évidemment fait à la perfection, quand il s'y est mis. Je disais qu'il parlait comme un dictionnaire. Pour moi, et je me trompe sans doute, il s'est mis à parler en même temps qu'il a su lire et il construisait des phrases à l'oral comme celles que l'on trouve d'ordinaire à l'écrit. Et il écrivait déjà sans fautes, dans un français beaucoup plus châtié que le mien, comme si toutes les règles complexes de cette langue lui étaient tombées dessus à bras raccourcis. Je lui ai toujours envié ce talent.

Il me faisait penser au Baron de Munchausen, incarné au cinéma par John Neville. Il me le rappelle encore souvent d'ailleurs, parce qu'il a toujours le chic de s'émerveiller sur toutes sortes de sujets. Il a aussi ce talent pour partager ses intérêts à coup d'exclamations grandiloquentes. Et surtout cette générosité envers ceux qu'il aime.

Aujourd'hui c'est un homme bon, qui ne dit jamais rien de mesquin sur qui que ce soit. C'est un homme qui aime rire et qui se passionne encore pour un tas de sujets jusqu'à l'exagération à certains moments. Mais ça, c'est un trait de famille parce que je suis aussi, sinon pire, que lui en ce domaine. Il ne demande jamais rien à personne, surtout pas de faveurs. Et on oublie souvent que ce n'est pas parce qu'il ne demande pas qu'il n'aime pas recevoir.

Il y a quelques jours, cet homme que j'aime beaucoup et qui est mon frère, a eu quarante ans. Il n'est certes plus l'enfant avec lequel j'ai grandi, mais il a gardé de cette époque les très belles qualités de cœur qui font de lui un homme comme il s'en fait peu.

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jeudi, avril 23, 2015

Miss Sushis

La porte s'était doucement fermée derrière elle. Trop doucement. Il y avait quelque chose dans le geste et dans la non participation aux discussions précédentes qui me questionnait.

J'avais, alors, simplement demandé : « Toi, ça va? »

Elle avait pris son temps avant de rétorquer, avec les larmes dans la voix et un peu d'océan dans le regard : « Non. Non, en fait ça ne va pas du tout. »

Parce que je suis ce que je suis et que je savais que je l'avais dernièrement un peu bousculée avec mes opinions tranchantes, je lui avais demandé si c'était à cause de moi ou pour une autre raison. Elle m'avait répondu que je n'avais rien à voir avec ses états d'âme et j'avais changé de sujet.

Je suis faite sur ce modèle-là. Je vous dirai que je note le malaise. Je vous ferai savoir que mes antennes sont à l'affût. Mais si vous ne m'ouvrez pas la porte, je ne la pousserai pas. Personnellement, je déteste qu'on me questionne sur mes émotions quand je ne suis pas rendue à en parler. Je me sens violée quand on me pousse à dire quelque chose que je ne suis pas prête à partager. Lorsque j'affirme que je ne veux pas traiter d'un sujet, ça veut dire exactement ce que je dis. Ce n'est, en aucun cas, une invite à écaler mes gales. Quand je serai prête à partager mon intimité, quelle que soit sa profondeur, je le ferai de mon propre gré, auprès de ceux qui ne m'auront pas acculée.

Un peu plus tard dans le mois, elle m'a appelée au travail, sachant que la librairie est une source fiable pour des boîtes en carton de bonne qualité, afin de me demander s'il y avait une possibilité qu'elle vienne en piquer un certain nombre. Je n'avais même pas reconnu sa voix au téléphone, et pourtant, nous savons toutes les deux qu'on s'est souvent entretenues par ce truchement. Mais il arrive que les fêlures finissent par prendre le pas sur le timbre et que l'identification formelle devienne nécessaire.

Je ne la connais pas beaucoup, malgré le fait que nos itinéraires se croisent régulièrement. Nos relations se limitant d'ordinaire à beaucoup d'humour à travers lequel je lui dit qu'elle est une BD ambulante parce qu'elle a ce chic de mimer des situations avec énormément d'à propos et de justesse toutes sortes d'événements et qu'à chaque fois, j'ai l'impression de voir vivre devant moi des cases en 3D. Et lorsque je lui passe le commentaire, je la sens toujours très flattée de cet avis, même si ce n'est pas toujours l'effet recherché.

Ça a pris un temps certain avant qu'on ne se revoit. J'ai senti le besoin de lui expliquer mon modèle d'empathie, un peu anxieuse de ne peut-être pas avoir réussi à faire savoir que j'étais vraiment là pour elle, si elle le voulait.

Elle m'a spontanément prise par dans ses bras en m'affirmant que j'avais eu la meilleure réaction du monde le jour où elle avait trop doucement fermé la porte dernière elle, son plateau de sushis dans les mains.

Depuis ce temps, je l'appelle Miss Sushis, parce que j'ai évidemment tout mêlé.

Mais lorsqu'elle débarque et que je l'interpelle ainsi, je vois une éclaircie s'allumer dans son regard et je me dis que j'ai, sur ce coup, vraiment bien débaptisé.

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dimanche, avril 19, 2015

Saoul... ou pire

La mini van ne payait pas de mine et les ados qui en sortaient encore moins. Je ne sais pas trop pourquoi mon regard s'est arrêté sur ces détails. Sans doute parce qu'ils étaient dans mon chemin, bloquant le bout de trottoir qui aurait pu me mener sans encombre à une succursale de la SAQ. Ils étaient jeunes, et avaient l'air hagard de ceux qui ont passé la nuit ailleurs que dans un lit. En les regardant descendre et prendre tout l'espace disponible devant moi, j'ai eu un malaise. J'avais l'impression que les six jeunes personnes qui descendaient de la voiture revenaient de l'enfer.

J'ai traversé la barrière invisible, complété mes achats et suis ressortie dans un nuage opaque de pot, si mon odorat ne se (me?) trompait pas. Il ne m'était plus possible d'avancer. Le trottoir était irrémédiablement confisqué. J'ai donc retraité d'un pas, restant collée sur la porte du commerce que je quittais pour ne pas me mêler de ce qui ne me regardait pas.

J'ai donc eu quelques secondes pour les observer davantage. Il était évident qu'ils avaient tous passé la nuit sur la corde-à-linge. Dans leurs yeux, je ne percevaient que du vide. Leurs discours étaient majoritairement en français, entremêlés d'anglais et d'une autre langue que je n'arrivais pas à discerner. Ils étaient tous blancs, sauf un, un très beau noir, mais ce n'était pas du créole haïtien qui agrémentait leurs propos, parce que celui-là, j'aurais pu le reconnaître. Ils me semblaient tous, blessés par la vie. Perclus devant les sentiers à venir. Plus vieux que moi dans l'expérience, quoique j'ai quelque chose comme vingt années de plus qu'eux dans ma besace.

Le chauffeur est sorti de la voiture et leur a hurlé quelques paroles blessantes pour qu'ils se dispersent. Ce qu'ils firent promptement. Il avait à peu près mon âge, bedonnant, tatoué et bien mis. Les ados se sont dispersés sans mot dire, avec dans le fond de l’œil, affolement d'un oiseau blessé et cette autre chose que je n'arrivais pas définir.

Quelques heures plus tard, je revenais chez-moi sur les rails de la ligne verte. Bizarrement, ma route à croisé celle de deux des ados que j'avais vu plus tôt. L'un d'entre eux s'est affalé devant moi, s'endormant illico. Son ami, faisait le tour des passagers pour obtenir une certaine obole dans le wagon. Le dormeur, avait le cou tatoué. Il était inscrit « I'm drunk, or worst ». Et ça m'a fait mal. Parce que je ne le connais pas mais il me semble que même les plus téméraires ne se feraient pas tatouer ce genre de phrase à un endroit aussi visible, de leur plein gré. Surtout quand ça reflète la réalité.

Je suis sortie du wagon, les laissant à leur triste sort. Je ne le ai pas offert un sou. Pas tant parce que je ne le pouvais pas que parce que je ne veux pas participer à leur déchéance.

Mais ce soir, toute seule dans mon salon, je me demande si j'ai pris la bonne décision.

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jeudi, avril 16, 2015

La Louve

Je ne la connais pas beaucoup. Mais j'ai passé quelques années à la voir un peu plus que ces temps derniers, dirons-nous.

Lors de notre toute première rencontre, j'ai eu le sentiment de me rencontrer moi-même, quelques années plus loin.

Même ton tranchant, même caractère bouillant. Même volonté de remplir les mandats qui nous sont confiés. Un petit quelque chose dans le soucis de certains détails qui laissent plein d'espace à la négligence de beaucoup d'autres, qu'on ne voit tout simplement pas. Un amour forcené de la langue française, un sens de l'humour tranchant. Une tendance certaine à suivre nos coups de cœur jusqu'au bout des sentiers qu'ils nous permettront d'explorer, quitte à laisser une part de nous-mêmes accrochés aux branchages que nous aurions croisés.

Ce que j'ai compris de cette femme, c'est qu'elle est particulièrement fidèle à ses valeurs et à son intégrité, ne se laissant pas démonter par des offres qui sont en deça de ses exigences toutes personnelles. Elle m'apparaît fidèle à un groupe trié sur le volet, des gens qui auront réussi à atteindre cette parcelle d'humanité que ceux qu'elle appelle ses proches auront dû conquérir.

Sa plus grand fierté, je crois, est sa descendance. Deux garçons, aussi différents que faire se peut, selon ses termes à elle. Je ne les ai jamais vus autrement qu'en photo, et, bien entendu, je peux corroborer la différence de l'apparence physique. Cependant, pour ce qui est du caractère, je dois me fier aux paroles de mon amie.

Et lorsqu'elle est devenue grand-maman, presque sous mes yeux, j'ai cru qu'elle allait exploser de bonheur. Elle dit à qui veut l'entendre, qu'elle a les plus beaux petits enfants du monde. Ou du moins, du Québec. Je dois admettre qu'ils sont vraiment beaux, objectivement. Sauf que je la soupçonne d'avoir, à leur endroit, un parti pris tout familial. Et totalement compréhensible. C'est l'inverse qui ne le serait pas.

Pour ma part, une des choses que j'apprécie le plus d'elle, c'est tous les mots d'encouragement qu'elle m'a fait parvenir, depuis que je la connais pour que je continue à écrire, même lorsque j'avais arrêté, et aussi le regard féministe, acéré et articulé, qu'elle porte sur le monde qui l'entoure.

On ne se voit pas souvent, on ne se parle pas beaucoup non plus, mais je sais qu'il y a cette femme qui laisse parfois ses yeux traîner sur mes écrits et qui finira par me les relancer pour que je n'oublie plus ma nature.

C'est une louve farouche et fière. Et moi, je suis très heureuse d'être son amie.

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dimanche, avril 12, 2015

Tomber dans l'odieux

-Marc, c'est qui ta famille? Tu n'en parles jamais. Des fois, j'ai l'impression que tu connais tout de moi tandis que tu ne me dis rien de toi... Ce n'est pas juste.

-Je n'aime pas parler de ça.

-Je m'en doute, vois-tu. Ça fait sept ans que je te vois toutes les semaines, mais pas une fois je ne t'ai entendu parler de ta famille. T'en as une pourtant?

Évidemment, que j'avais une famille. J'ai grandi quelque part. Mais pas à un endroit dont on a envie de parler à une jeune femme qui s'épanouit devant nos yeux et qui a l'heur de nous surprendre à tous les détours du destin.

Pas à un endroit dont on a envie de parler point à la ligne, en fait.

Comment expliquer l'odieux sans se donner à soi-même l'impression de vouloir faire pitié?

Pas tant que je faisais semblant que ça n'avait jamais existé. Non. C'était une partie de ma vie dont je me remémorais, me semblait-il, chaque minute, mais dont je ne parlais qu'aux spécialistes.

J'avais treize ans quand, j'avais décidé de séché les cours et au lieu de me rendre chez ma mère, où j'étais plus que certain de me faire sermonner pour mon manque d'assiduité à l'école, j'avais pris le parti d'aller chez mon père qui était officiellement en déplacement à l'extérieur de la ville. Mais quand j'étais entré, j'avais constaté deux choses : premièrement qu'il était à chez-lui et deuxièmement qu'il recevait des gens, hommes ou femmes, en échange d'argent, les semaines où on n'était pas-là, ma sœur et moi.

Ça m'avait sonné, totalement et inconditionnellement. Ça m'avait foutu dans une colère noire. Dont la première proie a été ma mère. Parce qu'elle n'avait pas su me protéger de cet homme-là, parce qu'elle n'avait pas compris qui il était avant de lui faire des bébés. Je l'avais hais de toutes les forces de mon cœur adolescent. Et j'avais fini encore plus loin que mon géniteur. Me prostituant, à la fin n'importe où.

De quelle manière j'en suis sorti? Je l'ignore encore. Des hasards, je crois. De bonnes personnes sur mon chemin aussi, certainement. D'une vielle bonne femme, un peu étrange, qui avait décidé de me donner une chance en me louant le 4 pièces au dessus de chez-elle, en prenant sans doute le risque de sa vie. Surtout qu'elle avait toujours laissé sa petite fille venir mettre du soleil dans mon existence, malgré ce que la mamie savait de moi.

Dix ans plus tard, on pouvait affirmer que j'avais bien tourné. Même si j'étais un gros ours un peu trop solitaire. Avec un tout petit réseau d'amis à qui j'évitais de parler de ma vie d'avant. Un réseau de gens aussi associables que moi qui ne connaissaient rien des abus, quels qu'ils soient.

Et une petite Alex, qui n'était plus si petite que cela, me posant des questions directes auxquelles je ne savais quoi répondre.

J'avais donc inspiré tout l'air disponible avant de lui rétorquer :

-J'en ai une famille Alex, une mère et une sœur qui a le même âge que toi et qui m'aiment probablement. Mais ça fais presque quinze ans que je ne les ai pas vues. Et mon père est une personne à laquelle je ne préfère pas penser.

Et elle m'avait répondu :

-Tout ça, je le sais. Pourquoi, pour une fois, tu ne me donnerais pas une information qui me surprendrait... un peu?

J'étais resté estomaqué à la regarder sortir de l'appartement, très contente d'elle-même.

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jeudi, avril 09, 2015

Quand la loi de Murphy me guette

J'ai ouvert les yeux, le cœur affolé. Mon cadran indiquait 19h10. Comme j'ai tendance à régler celui-ci quelque part entre 20 et 35 minutes d'avance, ça voulait dire qu'il était genre 6h50 et que je dois quitter la maison à 7h00 pour me rendre au travail. Ça vous part une journée sur des chapeaux de roues. Parce qu'évidemment, j'avais eu tout faux en réglant ledit cadran après la panne causée par un fusible 110 bien grillé (d'où la panne de chauffage citée dans le dernier texte).

Je me suis donc jetée dans toutes les directions, avalant un café trop rapidement et me propulsant dans les transports en commun à une vitesse complètement inadéquate pour une fille qui vient de se réveiller. Pour me faire dire que la ligne verte est fermée entre Honoré-Beaugrand et Berri-UQAM. Heureusement, la radio m'a informée de ce fait avant que j'aie l'idée saugrenue de me rendre au métro Papineau afin de gagner du temps sur mon itinéraire normal.

J'ai donc marché jusqu'à Berri.

Je n'étais pas à la moitié de mon trajet sur la ligne orange, qu'un coup me traverse le ventre, m'indiquant clairement, que je suis une femme et que ma vie de femme vennait de se rappeler à mon bon souvenir. Mais voilà, j'étais une semaine d'avance et par conséquent, absolument pas préparée. Pis bon, le métro, on s'entend, ce n'est pas l'endroit idéal pour avoir ce type de révélation. Arrivée à destination, je me suis aperçu que je n'avais pas ma carte de guichet... Crotte de bique!

Et je n'étais pas à mon lieu de travail habituel. Mais j'ai emprunté un peu d'argent, convaincue que je pouvais rendre le prêt le surlendemain, par le biais d'une collègue. Évidemment, mes plans de remboursement se sont vus contrariés parce que je n'ai pas vu ladite collègue étant donné qu'elle avait un férié le jour où je prévoyais la voir avant qu'elle ne se rende à la succursale où je devais des sous. J'ai donc dû lui demander de payer pour moi et je la rembourserai à notre prochaine rencontre. Grommelle, grommelle.

D'ordinaire, dans cette succursale alternative (dans les sens de ce n'est pas celle à laquelle je suis habituellement attachée), les journées sont calmes. Mais pour une raison obscure, les portes sonnaient aux 10 minutes sans aucune espèce de raison. Et je vous garantis que ce n'est pas un bruit agréable. Après moult appels, nous avons fini par régler le problème, mais nous avons dû endurer ce bruit de fond intempestif pendant à peu près cinq heures.

La journée s'est terminée et on m'a offert un transport jusque sur l'île de Montréal. Épuisée par cette journée haute en mouvements, j'ai accepté avec gratitude. Et j'ai été déposée au Métro Henri-Bourassa, qui était hors d'usage, joual vert! Heureusement, j'ai attrapé la navette illico et j'ai fini par arriver chez-moi, à peu près à l'heure habituelle.

J'avais dans l'idée d'écrire ce texte à mon arrivée, mais j'étais tellement de mauvais poil qu'il n'y avait plus rien à faire avec ma plume, je sais comment je peux être acide quand je me laisse aller.

J'ai donc repoussé l'écriture de 24 heures, laissant les hormones se calmer les nerfs, afin de réfléchir plus adéquatement aux jours de fous lors desquels la loi de Murphy me guette.

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dimanche, avril 05, 2015

Joyeuse Pâques

Lorsque j'étais enfant, nous fêtions Pâques en allant bruncher chez les parents de ma mère. On sortait les souliers en cuir verni et les jolies robes pastel sous les petites vestes blanches tricotées par grand-maman. Ma mémoire me joue peut-être des tours, c'est très probable en fait. Sauf que les souvenirs que je garde de cette fête en sont de jours cléments à jouer dans la ruelle, après que repas ait été terminé, en petit manteau de printemps, souliers aux pieds.

Je sais bien que cette fête a une tendance assez certaine à se déplacer dans le calendrier, au gré des lunes printanières. Les chances sont donc très bonnes pour que j'aie connu des Pâques à toutes sortes de températures.

Après un hiver aussi rigoureux que celui qui nous a encombré, je me plaisais à espérer que cette fête, apporterait, dans son sillage, quelques bouffées de chaleur. Psychologiquement, se rendre à un repas familial en souliers plutôt qu'en bottes d'hiver, fait toute une différence.

Évidemment, avec la neige qui nous est tombée dessus hier, il va sa dire que je n'ai pas sorti mes jolis souliers en cuir verni (je n'en ai plus depuis belle lurette, de toute façon) et point pour moi de tête décapuchonnée aujourd'hui, il fallait même se couvrir les mains ce matin.

Mais bon, le soleil a quand même un peu pointé son nez, et malgré les bourrasques qui auraient pu nous laisser croire qu'on est en novembre plutôt qu'en avril, il y avait quelque chose de guilleret dans l'atmosphère. Je crois qu'on en est boire l'espoir de printemps à toutes les sources qui puissent se présenter à nous.

Mais, la température elle, frise toujours le degré zéro. Et voilà qu'en arrivant chez-moi, en fin d'après-midi, je découvre que la maison a un léger problème électrique. Nous n'avons plus de chauffage, plus d'eau chaude et les ronds du poêle ne fonctionnent plus.

J'ai beau aimer dormir dans une chambre plutôt froide, là je trouve qu'il y a une certaine exagération. Aucune pièce de la maison n'est à une température vivable. J'ai l'impression de vivre ma soirée quelque part dans un siècle passé à faire ma vaisselle à l'eau bouillie (au micro-ondes) parce que c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour contourner la situation.

Et il n'est évidemment pas question que je prenne un bain pour me réchauffer...

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jeudi, avril 02, 2015

La cerise sur le sunday

Suis-je la seule à être lasse, découragée jusqu'à la moelle des os de ce qui se passe autour de la planète en terme de terrorisme?

Aujourd'hui, 147 innocents tués, à bout portant, au Kenya. Ils ne feront pas la une des grandes revues internationales, parce que nous, occidentaux, sommes encore eurocentristes, même lorsque le continent sur lequel on habite est l'Amérique.

Je suis fatiguée de la guerre qu'Al Hassad mène contre sa propre population depuis 4 ans.

Plus capable de m'imaginer les camps de réfugiés.

Usée de la situation en Israël.

Épuisée de ces sordides histoires de viols collectifs dans des pays où l'on fini par accuser la femme violentée d'avoir provoqué la situation. Et ces pays ne sont pas nécessairement si loin de nous.

Écœurée de savoir que les 200 filles enlevées par Boko Haram ne sont toujours pas retrouvées, mais qu'on ne parle presque plus.

Traumatisée par un suicide qui a entraîné dans la mort 149 personnes qui n'avaient pas demander à faire partie du plan.

Est-ce que le monde dans lequel je vis est plus violent qu'autrefois où en avons nous simplement davantage conscience parce que nous avons plus ou moins conscience de ce qui se passe tout autour du monde et que durant longtemps, on était passablement ignorant de ce qui se déroulait à plus de 20 km de nos chez-soi?

Il y a comme quelque chose de complètement déréglé dans l'Univers. Il me semble totalement absurde qu'on se regarde s'entre-tuer avec à peine un haussement de sourcil.

Encore plus démentiel de voir le nombre grandissant de personnes qui se joignent à ces luttes, en provenance des quatre coins du monde.

Et la cerise sur le sunday de toute cette démesure, c'est de savoir que dans les camps de réfugiés qui accueillent actuellement toutes les populations qui n'ont plus de chez-eux, il y a près d'un million d'enfants qui n'ont, et n'auront aucune espèce d'éducation, sauf celle que leur fourniront ceux qui tiennent les fusils, où qu'ils soient.

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