Depuis plusieurs années,
j'habite un village au cœur de la ville de Montréal. Je ne fais pas
référence ici au village gay, dont nos rues font pourtant partie,
je fais référence au village des familles qui sont installées dans
un lopin de quatre rues depuis beaucoup plus longtemps que moi.
À mon arrivée, ils me
déstabilisaient passablement, peu accoutumée que j'étais à leur
fréquentation. Beaucoup d'entre eux vivent la vraie pauvreté. Celle
de leur moyens financiers, évidemment, du manque d'éducation qui
est criant à toute heure du jour. Il n'est pas rare de voir un
attroupement autour d'un balcon qui donne directement sur le trottoir
très tôt le matin et qui ne se dispersera qu'à la tombée de la
nuit ou de la pluie. Je n'ai jamais vu certains de ces personnages
boire autre chose que de la bière, à vrai dire, je ne les ai jamais
vu autrement que saouls, même à 8 heures le matin.
Je sais que les
visiteurs, ceux qui s'installent sur le trottoir en face des balcons,
sont souvent les habitants des étages qui n'ont pas un accès direct
à la rue. Moi qui ai été élevée dans un quartier où la vie
sociale se faisait dans les cours, à l'arrière des maisons, là où
on pouvait croire à une certaine forme d'intimité à l'extérieur,
j'ai d'abord été saisie de voir à quel point ce voisinage occupait
les façades. Tout ce passe-là, Les cours, malgré leur existence
sont souvent vides, si ce n'est durant quelques jours de canicules
durant lesquels les enfants les habiteront dans des pataugeoires
beaucoup trop petites pour eux.
Comme le balcon qui
jouxte la fenêtre de ma chambre est particulièrement fréquenté,
je sais que tout le monde se connaît bien. Je me sens donc un peu
comme l'éternelle survenante dans ces rencontres auxquelles je ne
suis jamais conviée. De toute manière, je ne sais vraiment pas ce
que je pourrais bien avoir à leur dire; je ne partage pas avec eux
toutes les racines des arbres généalogiques plantés dans ce béton
très précis. Néanmoins j'ai appris à les reconnaître, et nous
j'en salue deux ou trois, à force de les croiser, agir autrement
serait du pur snobisme, ce qui ne me ressemble pas. Et puis, ils sont
gentils, même les plus saouls.
Tout l'hiver, j'ai pu
observer ce couple de très jeunes gens, je ne leur donne pas vingt
ans, promener la bédaine grossissante de la fille. Ils habitent tous
les deux dans une maison intergénérationnelle à quelques portes de
la mienne, trois générations je crois. Lui, je l'ai vu grandir, il
était à peine un ado quand je me suis installée ici. Par ailleurs,
ils font partie intégrante du village que je citais plus haut, à
certains moments les regroupement se font sur le pas de leur porte, à
d'autres, je les vois assis sur leur chaises de jardin, bordant le
trottoir, un peu plus au nord.
Tout l'hiver, j'ai pu
observer ce couple de très jeunes gens, je ne leur donne pas vingt
ans, promener la bédaine grossissante de la fille. Ils habitent tous
les deux dans une maison intergénérationnelle à quelques portes de
la mienne, trois générations je crois. Lui, je l'ai vu grandir, il
était à peine un ado quand je me suis installée ici. Par ailleurs,
ils font partie intégrante du village que je citais plus haut, à
certains moments les regroupements se font sur le pas de leur porte,
à d'autres, je les vois assis, sur leur chaises de jardins, bordant
le trottoir, un peu plus au nord. Jamais bien loin par contre.
Je les ai perdu de vue il
y a peu de temps, j'ai pensé qu'ils avaient déménagé. Je me
trompais, ce matin, ils étaient sur le pas de leur porte tandis
qu'une femme en pieds de bas promenait d'une adresse à l'autre un
minuscule poupon très fière de présenter aux villageois la
nouvelle venue de la tribu.
Je n'ai pas été
présentée, mais j'ai souri à la grand-maman et je l'ai entendu
dire à son fils, que finalement, je n'étais pas si chochotte que
cela...
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