jeudi, juillet 30, 2015

Fixation

Je ne sais pas pour vous, mais il m'arrive quelquefois de me mettre à faire des fixations sur les sujets qui, il n'y a pas si longtemps, je m'intéressaient pas du tout. Pour une raison obscure, je remarque les pieds des gens que je croise depuis le retour du printemps, cette année.

Cette lubie a débuté par un soir de mai, un peu chaud, quand j'ai aperçu une femme qui se promenait en pieds de bas dans le magasin. Avec des orteils bien définis. Je l'ai remarquée alors que je montais l'escalier mobile et qu'elle descendait l'autre escalier. Je lui avais répondu un peu plus tôt dans la soirée, sans avoir vu l'absence de ses chaussures, et j'avais trouvé la discussion ardue puisqu'elle parlait un anglais aléatoire, tellement teinté d'accent que j'avais peine à comprendre ce qu'elle me demandait. J'allais aller lui dire qu'il serait bienvenu qu'elle se chausse autrement quand elle a quitté le magasin, et mon champ de compétence.

Sauf que ça m'a turlupiné cette histoire de chaussettes dans le magasin. Depuis, mes yeux se posent invariablement sur les pieds des gens qui m'entourent. Et je me suis mise à développer un genre de phobie de promener mes propres pieds pas assez habillés.

Il a beaucoup de pieds féminins aux ongles colorés; petites touches de lumière dans les horizon mornes et répétitifs des lieux commun. Il y a aussi des pieds masculins, très soignés dans leurs sandales chiques ou non. Des pieds propres, des pieds sales. Des pieds nus. Vraiment. À toutes les fois ça me sidère, surtout quand je les vois traverser le bitume chauffé par le soleil de canicule, sans qu'une pause se fasse dans l'air d'allée. Des petits pieds d'enfants. Il y a des pieds abîmés, quelque soit l'âge de leur propriétaire, qui racontent bien souvent l'histoire d'une vie.

Depuis que j'ai entrepris cette espèce d'observation sociologique des pieds de mes concitoyens, le nombre d'accidents de gougoune dont j'ai été témoin est assez surprenant. La fille qui fait un plongeon disgracieux et potentiellement dangereux parce qu'un quidam trop pressé a marché sous son talon mais sur la tong en question, le gars qui perd la sienne entre le quai et le wagon du métro ou encore les innombrables incidents de café ou autre liquide sur les petons des citadins.

Je sais que j'ai moi-même longtemps promené me pieds dans des sandales ouvertes, mais depuis quelques années, pour le travail, je dois porter des chaussures avec le bout fermé. Question de sécurité. Il n'est pas recommandé de s'échapper une pile de livres sur des orteils en évidence : ça a tendance à provoquer le genre de douleur à faire damner un saint. Alors je garde les miens bien cachés dans des chaussures d'été.

Je me dis qu'à force, j'ai un peu le sentiment d'avoir développé une certaine forme de gêne à pavaner mes orteils de manière trop ostentatoire, je ne les aborde plus que dans une certaine intimité

Et puis, je ne suis pas trop tentée par les douches intempestives de café.

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dimanche, juillet 26, 2015

Samedis de feux

J'ai écrit ce texte hier, mais je n'étais pas satisfaite de ma chute, c'est pourquoi je l'ai retournée dans ma tête toute la journée avant de finir par en trouver une qui m'aille. Ce qui explique le fait qu'aujourd'hui est un samedi dans le texte, même si la publication a lieu un dimanche.

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J'essaie, généralement, de passer les soirées de feux d'artifices loin de ma maison. Pas tant que les feux en soit m'énervent, mais disons qu'il y a du bigarré dans la foule qui se masse aux pieds du pont Jacques-Cartier, ces soirs-là. Bon d'accord, il y a du particulier dans la faune de mon quartier en tout temps, sauf que la densité d'énergumènes au pouce carré augmente vertigineusement, avant et après ces événements, les samedis surtout.

Il y a quelques instants, une ambulance s'est stationnée juste sous mes fenêtres pour venir récupérer quelqu'un. Pour quelles raisons, je l'ignore; je ne suis pas allée écornifler. Lors de mon premier été ici, un samedi soir de feux justement, j'avais été réveillée par une chicane de ménage qui voyait valser le mobilier d'un troisième étage vers le bitume. Je crois que c'était autour du premier juillet ce qui fait qu'on additionnait le premier du mois, à une belle soirée d'été, elle-même additionnée aux feux. J'imagine que les policiers étaient arrivés rapidement et la discussion avec la responsable de ma nuit écourtée avait eu lieu devant chez moi, assez pour me donner l'impression qu'elle avait lieu sur mon oreiller. C'était assez perturbant.

Adolescente, je suis venue dans le coin avec des amis pour regarder les feux et je me souviens que certains des jeunes se bourraient de toutes sortes de substances pour les savourer différemment. J'imagine que c'est encore vrai de nos jours puisque les échos qui viennent jusqu'à moi me laissent croire que certains spectateurs, ne sont pas tout à fait à jeun. Ils sont bruyants, désordonnés et traînent leur jeunesse devant chez-moi bien longtemps après l'extinction de la dernière fusée.

C'est aussi un rendez-vous largement familial. Les abords du métro Papineau en font foi. À partir d'une certaine heure, les escaliers mobiles vont tous dans la même direction. Jusqu'à 22 heures, la station se vide sans arrêt d'une meute compacte à une vitesse ahurissante, comme si l'heure de pointe de tout le grand Montréal migrait à cet endroit précis. Si on est pris dans le flot, ce qui m'est arrivé un peu trop souvent à mon goût, on ne peut rien faire d'autre que de suivre le trafic jusqu'à ce qu'on atteigne l'air libre, et même-là, il est possible qu'on soit pris dans un détour si on a eu la malheureuse idée de ne pas choisir la file qui tournera dans la direction où l'on veut aller (et lesdites files sont aléatoires). J'ai aussi appris qui valait mieux ne pas tenter de descendre à cette station, après les feux; le contre-courant étant presque impossible à réaliser.

Bref, les soirs de feux sont souvent hauts en couleurs et pas juste dans le ciel. Tout à l'heure, en grimpant les marches de la station de métro, j'étais précédée par un homme qui tenait dans ses bras une magnifique statue de Jésus à qui il parlait tendrement. Si j'ai bien suivi ce qu'il disait, le plan était d'arriver assez tôt afin de sécuriser un certain banc près du fleuve pour qu'ils puissent, tous les deux, jouir du spectacle toujours plus extraordinaire du feu de Dieu.

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mercredi, juillet 22, 2015

Façonner le rêve

Dans le développement d'un enfant, il y a immanquablement une période durant laquelle il a les nuits agitées de cauchemars. J'ai raconté, dans ces pages, que j'avais eu une frousse énorme à cause d'un album, que j'aimais par ailleurs beaucoup, et qui a fait en sorte que j'ai développé l'astuce de dormir en camion pour contrôler mes songes afin d'éviter de me réveiller dans tous mes états, paniquée à la seule idée de me rendormir (pour les curieux, le texte où j'en traite a été publié en mai 2005).

Par conséquent, je peux affirmer que je suis capable, depuis fort longtemps, de changer le cours de mes rêves et surtout de m'apercevoir que je suis en train de rêver quand c'est le cas. Pas toujours, mais ça fini systématiquement par donner un drôle d'effet à l'onirisme qui me menait quelque part où je n'ai pas envie d'aller. Par exemple, dans le fameux rêve qui nous voit tomber d'un précipice, je m'organise pour revenir sur mes pas (remonter jusqu'en au de la falaise aussi rapidement que j'en descendais un moment plus tôt), ou encore de ralentir assez pour que ce devienne une chouette exploration du paysage environnant. À l'arrivée, je suis toute d'une pièce et je peux ainsi continuer à dormir ma nuit, tranquillement.

Dans les derniers temps, j'ai pris la décision d'essayer de comprendre les sources de mes colères. Je m'outille et je me mets les deux mains dans mes bébittes les moins jolies, histoire de finir par en finir (d'essayer, en tout cas). Les conclusions auxquelles j'arrive d'une étape à l'autre, je ne les partage que peu. Néanmoins, il y a quelques personnes auxquelles j'en parle, parce qu'à moi toute seule, je crois que je n'arriverais pas à grand-chose. Évidemment, à me plonger ainsi dans ce qui m'est douloureux, je fertilise le terrain de mon subconscient et mes songes deviennent soudainement plus présents au réveil.

En début de semaine, j'ai rêvé que j'allais voir une de mes confidentes, au travail. Et je commençais à lui raconter mon cheminement des derniers jours lorsque j'ai réalisé que le décor clochait. Nous étions dans la chambre-à-coucher de son ancien chez-elle où son bureau était installé. Je l'ai regardé, narquoise, et je lui ai dit; «  Ben là, franchement, si tu viens jusque dans mes rêves pour avoir mes confidences en avance, tu te trompes de fille. Il est hors de question que je te raconte cela ici, j'irai te voir dans la vraie vie et je te dirai où j'en suis ». La femme dans mon rêve a ri et m'a répondu que j'étais aussi bien de tenir parole.

J'ai tourné les talons et je suis partie pour me retrouver dans le vestiaire des filles de la piscine olympique, où toutes les toilette étaient bouchées. Allez savoir c'est quoi le lien.

Je suis vraiment allé la voir au travail et lui ai donné les grandes lignes de mon avancée. Elle m'a écoutée attentivement, comme elle sait le faire, elle a beaucoup rigolé de mon rêve et m'a affirmé que c'est exactement ce qu'elle m'aurait dit si elle avait participé à la scène.

Je me suis alors dit que ma vie serait certainement beaucoup plus simple si j'arrivais à la modeler à ma mesure comme je réussi à le faire avec mes songes.

Mais elle manquerait, peut-être, un peu de piquant...

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dimanche, juillet 19, 2015

Paul Sarrasin, deuxième du nom

Lorsqu'on a été adolescente dans, ou pré-adolescente, les décennies 1980 et 1990, il va sans dire que les vidéoclips, les premiers, ont pris une importance certaine dans la culture musicale que nous avons partagé. Je me rappelle l'importance que nous accordions à l'émission de vidéos qui passait tous les jours à CBC vers l'heure du souper et il était hors de question de la louper sous prétexte d'être totalement out des discussion de cours d'école du lendemain matin. Ce qu'aucun d'entre-nous ne voulait, bien entendu. C'était avant que les magnétophones ne soient largement répandus, chez-nous, il n'y en avait pas, il fallait donc être devant la télé à l'heure dite.

Et puis Musique Plus est arrivé sur nos écrans, pas dans tous les foyers, mais tout le monde en parlait, tout le monde connaissait les VJ. Lorsque nous allions traîner sur Sainte-Catherine le samedi après-midi, il fallait absolument passer près des vitrines de la station pour pouvoir raconter à ceux qui n'étaient pas avec nous, que nous avions pu apercevoir tel ou telle VJ ou vedette au passage. Parmi les plus connus, il y avait Paul Sarrasin. Je ne prisais pas particulièrement les émissions qu'il animait, n'ayant jamais été une fan de rock poilu qui était très prisé à l'époque. Mais comme n'importe qui de ma génération, je savais qui il était, je connaissais son visage et sa voix. C'était un incontournable qui était pas mal partout sur les chaînes de radio commerciales et dans les magazines pour jeunes que feuilletais et découpais souvent.

L'histoire de la fin de sa très grande popularité est maintenant connue, on sait qu'il a eu un difficile passage à vide lorsque la station lui a signifié son congé. Il était aussi brutalement sortis des ondes qu'il y était entré.

Pour des raisons dont je ne me rappelle plus très bien, ma grande amie a un jour adopté un chat qu'elle a nommé Paul Sarrasin. Un grand chat tout noir, ce qui rendait la situation encore plus drôle parce que l'original était plutôt blond. Un chat de maison, tout à fait peureux. Il n'est pas le pire de ma connaissance à ce sujet, mais il n'a jamais prisé l'inconnu, lui préférant toujours le douillet de l'appartement dans lequel il vit.

Combien de fois avons nous rit, sa maîtresse et moi, des situations un peu absurdes que le nom de son chats faisait surgir. Surtout à cause que les gens ne comprennent plus nécessairement le référent à la seule prononciation dudit nom. Mais, ça nous amuse toujours autant, et je présume que c'est là l'important.

Mon amie est partie en vacances il y a une dizaine de jours, et à son retour il n'y avait plus de chat. Pas de chat mort dans l'appartement, pas de croquette bouffée, pas de crotte dans la litière, pas de poils sur le lit. Le chat s'est en quelque sorte évaporé. Il s'est probablement faufilé dehors lors de son départ à elle pour entreprendre la plus grande aventure de sa vie de chat.

Mon amie, bien entendu est triste, elle fait du déni sur l'absence permanente de son chat (c'est ce qu'elle me dit), elle l'appelle tous les soirs en espérant que le son de sa voix l'attire à elle. Je la comprends, je ferais pareil à sa place.

Pendant ce temps, je n'ai pu m'empêcher de me dire que pour la deuxième fois de ma vie, Paul Sarrasin est complètement sorti de mes ondes, sans aucune forme d'avertissement.

Et comme le premier a fini par y revenir, quoique plus discrètement, je me permets de croire que tous les espoirs sont permis.

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mercredi, juillet 15, 2015

Beau brun

Il est entré dans le magasin de cette démarche propre aux jeunes hommes qui ont confiance en eux. Il traînait dans son sillage le groupe d'amis qui va avec ce genre d'attitude, un jeudi soir, en banlieue. Lorsqu'il m'a demandé un livre et que je lui ai dit que si nous l'avions ce serait à l'étage, il m'a répondu, assez cavalièrement, que je devais vérifier si c'était le cas avant qu'il ne monte (nous avons un escalier mobile, m'enfin, ce n'est pas le premier à passer ce genre de commentaire). J'ai donc fait la recherche pour lui et l'ai informé que le livre était disponible sur commande, mais pas autrement.

Entre ce qu'il me disait et mes réponses, jamais il ne s'est intéressé à moi. Après tout, je n'étais qu'une employée de service à la clientèle. Je crois surtout que les gens de sa petite cour l'intéressaient bien davantage que moi. Et il y avait aussi les textos qui fusaient à tout moment, bien entendu. Ce n'est pas rare de nos jours de vivre ce genre de situation, les gens sont en magasin, sans l'être tout à fait. Je ne lui en tenais pas rigueur, ça fait partie du métier.

C'est, par ailleurs, toujours un peu embêtant quand on sert quelqu'un qui a une occupation beaucoup plus importante à compléter que ce que l'on fait pour elle. Dans le cas qui nous occupe, il y avait visiblement une demoiselle qui l'intéressait dans la bande et ce que je pouvais bien lui raconter avait une importance minime. J'ai eu plusieurs fois le sentiment d'être un intrus dans une soirée de rencontres. Drôle d'endroit pour donner rendez-vous à une date, si vous voulez mon avis, sauf que je crois que je dois me faire à l'idée que ça se peut encore, comme à mon époque, de se donner rendez-vous dans un centre commercial, même si nous n'aurions jamais eu l'idée de nous draguer dans la face du commis sans lui prêter attention. Enfin, ce sont les souvenirs que j'en garde et il est fort possible que ceux-ci soient faussés.

J'ai procédé à la commande, et lorsque je lui ai demandé son nom, il m'a répondu, narquois : « Beau Brun ». J'ai pensé, in petto, « ben oui, fais-moi du charme avec la moitié de mon âge, rien que voir si je vais marcher... ». Toute la cour s'est mise à rire de bon cœur, ce qui a confirmé mon impression. Il les a tous fusillé du regard, et je me suis aperçu que j'avais tort. Son nom de famille était vraiment Beaubrun; les copains ne se moquaient pas de moi, en réalité.

Ça faisait un peu étrange étant donné les circonstances, ce beau brun, de chevelure, de peau, d'yeux, justement qui me disait cela. Comme j'ai grandi à la frontière de Montréal-Nord, je sais que les surnoms que se donnent les jeunes de ce quartier, sont souvent encore plus improbables que les patronymes qui font, quelquefois, ciller.

J'ai complété sa commande, sans rire, même si ça m'était difficile. Son prénom, évidemment, ressemblait à ce que je peux imaginer d'un nom de famille, parce qu'en vérité, je ne connais pas grand chose de la culture haïtienne.

Nous avons terminé sa commande, le plus sérieusement du monde, et j'ai pensé que si mon propre patronyme me pèse parfois, il y a des gens qui doivent se draper d'une chape d'ironie pour survivre au leur.

Ce qui n'est pas mon cas.

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dimanche, juillet 12, 2015

Mes aigus

Je sais depuis longtemps qu'il y a une nuance entre ce que l'on dégage et ce que l'on est. Je suis une personne sensible, d'aussi loin que je me souvienne, mais je n'ai pas la larme facile, ce qui peut même être un problème étant donné que je semble me mettre les nerfs en boule au lieu de vivre mes émotions. Généralement, lorsque je raconte quelque chose qui m'est arrivé, même quand ça m'a fait mal, et peut-être même surtout dans ce cas, je triture mon récit jusqu'à lui donner un aspect drolatique, histoire de bien démontrer à mon public, que je suis forte. Ou en tout cas, que je ne suis pas totalement tombée.

J'ai quelques exceptions. Des personnes avec lesquelles je suis capable d'aller plus loin dans ce que j'offre de moi. Ils sont triés sur le volet et ce sont des gens avec lesquels j'ai établi une relation de confiance dans le temps. Des gens à qui je ne dirai pas nécessairement tout sauf que je laisserai transparaître un peu plus que ce que je laisse voir d'ordinaire. Je m'en aperçois ces temps derniers sans doute parce que je tente, avec mes faibles moyens, de comprendre mes propres mécanismes et de les désamorcer afin d'éviter de me retrouver à nouveau en situation de crise.

Vendredi soir, je suis aller prendre un verre avec un Gentleman de ma connaissance, dont j'ai parlé ici déjà plusieurs fois. Depuis que nous avons renoué connaissance, nous avons fait le choix d'aller au fond des choses dans nos discussions. Ce n'était probablement pas tout à fait volontaire au départ, toujours est-il que c'est ce que nous faisons ensemble. Nous avons donc traité de mes sujets sensibles, ceux qui me mettent en déséquilibre, ceux qui jettent dans mes états les plus lamentables et je lui ai expliqué les tenants et les aboutissants de tout ce tralala. Du moins, ce que j'en comprends à l'heure actuelle.

J'ai noté que je parlais dans des aigus qu ne ressemblent en rien à mon timbre de voix normal. Pas tant que je criais, je crois être restée calme toute la soirée, mais je parlais au moins deux tons plus haut que mon registre habituel. Assez pour que je ce que je percevais de ma voix me tape sur les nefs. Je me suis alors dit qu'il y a quelques êtres humains dans le monde avec lesquels il m'est possible de me poser. D'oublier de faire de l'esbroufe, d'oublier d'avoir l'air de posséder tous mes morceaux parce que ces gens m'écouteront sans me juger, qu'ils ne tireront pas partie de mes faiblesses, qu'ils ne me mettront pas davantage en danger que je ne le suis déjà parce qu'ils me savent faillible.

Et je me suis souvenu qu'adolescente c'était pas mal mon motus operandi, je faisais confiance aux autres jusqu'à ce que deux personnes que je n'ai pas vu depuis mais que je peux encore nommer, utilisent mes confidences et ma sensibilité pour me marcher sur la tête et se revaloriser. Des ados un peu épais comme nous sommes tous capables de l'être à ces âges, qui auront marqués ma personnalité beaucoup plus durablement que ce que j'avais d'abord soupçonné.

Maintenant, je dois réapprendre à faire confiance à ceux que j'aime et qui m'aiment en retour, histoire de continuer à avancer et à ne plus imploser.

Dur contrat.

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jeudi, juillet 09, 2015

Ce que je sais de l'amour

Tu te dis que tu m'aimes, mais quelquefois, je me demande ce que tu sais de l'amour. Que connais-tu de moi pour affirmer une telle chose? Pas grand chose en réalité. Tu conserves sans doute quelques souvenirs d'une moi qui a autrefois existé et qui serait cristallisée dans un amoncellement d'événements qui ne me ressemble pas davantage aujourd'hui que l'image que je garde de toi puisse te représenter.

Je ne crois pas avoir, dans les dernières années fait ou dit quoi que ce soit pour te permettre de croire que je te donnais le droit de revenir dans mon quotidien. Qu'on se voit de loin en loin, par le biais des réseaux sociaux et autres fadaises du même genre est une chose, que tu envahisses mon quotidien, en venant planter tes pénates bien trop près de mon travail en est une autre. À ce moment, les frontières deviennent floues et ce que tu racontes à des gens qui me connaissent sur les mémoires qui alimentent ta nostalgie ça me fait mal. Parce qu'il me semble que je devrais avoir le droit de choisir ce que je partage de ma petite personne aux gens avec lesquels j'ai à frayer quotidiennement.

Je n'ai pas nécessairement envie que ces individus sachent tout de mon adolescence en montagnes-russes. Tu me diras que j'écris, que je m'écris, me décris. Vrai, cependant, je choisi mes angles, mes mes sujets, mes confidences. Et tu remarqueras que j'essaie toujours de laisser un certain flou dans ce que je raconte, ne permettant pas à tout un chacun le loisir de se faire une tête tout à fait complète sur mes sujets. Si je raconte quelque chose de vraiment personnel, surtout lorsque ça ne m'appartient pas, premièrement, je demande l'autorisation de le faire, deuxièmement, je me promène sur la frontière du réel afin de ménager les susceptibilités et l'intimité des personnes concernées.

Je sais depuis longtemps que notre rupture t'a heurté. Je sais que tu ne t'attendais pas à cela et que tu as eu du mal à t'en remettre, même si presque autant de temps a passé depuis la séparation que le temps de la relation. Même si tu as depuis longtemps refais ta vie, ailleurs. J'espère, parallèlement, que tu y es heureux. Ça fait des années que je t'ai signifié que je ne pouvais plus avoir de relation avec toi parce que tu m'es toxique, ce sont les mots que j'ai utilisés pour le décrire, par la suite, je ne les connaissais pas à l'époque, en tout cas pas pour expliquer ce type de sentiment.

Tu te dis que tu m'aimes et il y a probablement une lame de vérité dans cette assertion. Pour moi cependant, l'amour laisse la place aux gens pour qu'ils puissent s'épanouir, même sans nous. Parce que la toxicité ne t'appartient pas, nous sommes tous le poison de quelqu'un, je crois. L'amour n'est pas une prison, ne devrait pas l'être du moins, et n'est surtout pas une obligation. C'est à mon avis quelque chose de très égoïste pour toutes les parties concernées. Lorsqu'une relation se termine, il faut savoir permettre à l'autre de quitter, le laisser déployer ses ailes et surtout ne jamais revenir en catimini par des chemins détournés, donner son point de vue sur une rupture à ceux qui partagent aujourd'hui, la vie des êtres qu'on a aimé et qu'on aimera sans doute pour le reste de nos vies.

Tu te dis que tu m'aimes, mais pour paraphraser Jim Corcoran, actuellement, ton amour est trop lourd.

Pour moi.

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dimanche, juillet 05, 2015

Une autre histoire de chien

Ça fait deux étés que nous accueillons, à la maison, une petite chienne blanche tachetée de noir, pour une courte période, afin de permettre à ses maîtres des vacances en famille, pendant lesquelles elle n'est malheureusement pas la bienvenue. En fait, je n'ai pas à faire grand chose de cette garde, c'est mon colocataire qui en prend l'entière responsabilité. Ce qui fait que j'ai une tendance certaine à l'oublier. Elle n'est pas tannante, je ne l'entend que rarement, sinon ses griffes qui claquent sur les parquets.

Mais comme tous les chiens, c'est une bête sociale qui aime les humains. Elle nous fait une fête à toute les fois où on passe la porte principale de la maison, même si nous ne l'avons franchie que pour quelques instants, par exemple pour aller sortir les vidanges. À tous les coups, je vois passer Snoopy qui danse sur ses deux pattes arrières parce qu'il est content de lui. Mais si je trouvais cela très mignon dans les dessins animés de mon enfance, il me semble que c'est beaucoup plus encombrant dans la réalité. Évidemment, sa joie de revoir un humain est proportionnelle au nombre de minutes passées sans eux.

Hier soir, je suis revenue à la maison en ayant complètement perdu de vue son existence. Quand j'ai ouvert la porte, un bombe sur quatre patte s'est mise à sauter sous mes yeux, dans mes jambes, m'empêchant d'atteindre le clavier du système d'alarme et me faisant presque faire un plongeon pas du tout élégant dans l'entrée de l'appartement. J'ai tellement été saisie et surprise qu'il m'a fallu trois bonnes secondes avant que mon cerveau ne comprenne ce qui se passait. J'ai senti un cri d'effroi monter dans ma gorge, mais mes cellules grises ont fini par faire le lien entre ce qui se passait à mes pieds et la pensionnaire qui passe ses vacances à la maison. J'ai retenu mon cri, mais la chienne a profité de mon immobilité pour aller voir dehors si elle y était. Heureusement pour moi, c'est une bête bien élevée qui répond à son nom rapidement alors elle n'a pas eu le temps de se rendre bien loin avant que je ne la rappelle.

Ce qui est bien mieux que la première fois que je me suis fait accueillir ainsi par elle. Je rentrais du travail à la nuit tombée quand elle m'a fait le coup de se prendre pour Snoopy. Cette fois-là mon cerveau n'a pas assimilé à temps ce qui se passait et j'ai lâché un cri totalement hors de contrôle et omis d'arrêter le système d'alarme à temps. Ça a produit tout un tintamarre, que je ne trouvais pas particulièrement joyeux. Mon cœur a fait 80 tours en 8 secondes et mon taux d'adrénaline s'est collé au plafond pour une durée qui m'a semblé ahurissante.

Heureusement, elle est toute petite et ne me fait pas peur, parce que sinon, une garde d'une petite semaine serait un calvaire à endurer.

En conclusion il m'apparaît très évident que je ne ne suis pas une humaine à chien. Je préfère le chats, ne serait-ce parce qu'ils ont l'élégance discrète de me laisser rentrer chez-moi sans provoquer une presque crise de cœur parce qu'ils sont trop contents de me voir...

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mercredi, juillet 01, 2015

Question d'attitude

Quelques fois, il y a des fous rires qu'il vaut vraiment mieux réprimer. Il y a des gens qui le prendraient plutôt mal, surtout lorsqu'ils se donnent beaucoup de peine pour avoir l'air importants. C'est encore une aventure sur la ligne orange, je la fréquente vraiment assidûment celle-là.

J'étais donc innocemment assise à ma place favorite dans le wagon qui me ramenait de Laval, perdues dans mes pensées à regarder sans regarder les passagers qui étaient montés dans le même engin que moi, lorsqu'ils sont entrés. Ils n'étaient pas bien vieux, tout juste la vingtaine, et encore... Mais ils avaient de l'attitude à en revendre.

Ils étaient deux, le premier très grand, très mince, très savamment nonchalant, quasiment caricatural. Il s'est installé entre les deux deux portes (celles qui ne s'ouvrent pas dans la majorité des stations), sans les toucher, mais en tenant les machins en métal vissés de chaque côté des portes, prenant ainsi tout l'espace disponible. Il portait le genre de vêtement ample qu'affectionnent les jeunes de nos jours, avec les culottes presque à terre, vous savez, le genre de vêture qui donne l'impression ne ne pas être de la bonne taille, comme si ces articles venaient tout droit d'une vente débarras, mais qui ont dû coûter une petite fortune, en réalité.

Le second, était beaucoup plus petit, sans être petit à proprement parler. Il portait des écouteurs très artistiquement disposés autour de son cou, comme pour le pendre. Les oreillettes, n'étaient pas dans ses oreilles, mais accrochées après celle-ci, ce qui faisait un drôle d'effet. Contrairement à son pote, il portait des jeans très serrés. Et on voyait son boxer en déborder. Un vrai boxer, pas du tout ajusté. Ce qui produisait toutes sorte de bosse à la base de son t-shirt. Lui, il avait pris possession du poteau central, bloquant l'accès à cette source de stabilité pour tout autre passager.

Au début, le deuxième me faisait dos et je m'amusait déjà de son attitude, retenant mes envie de rire ou même de sourire. Je le trouvais un peu étrange de relever continuellement le bas de son chandail, montrant ainsi à tout ceux dont il était dans le champs de vison, son ventre plat. Je ne voulais pas créer d'impair et surtout, je ne voulais pas lui donner l'impression de l'observer, même si c'est très exactement ce que je faisais. Je n'avais pas beaucoup le choix, de toute manière, vu l'espace qu'ils prenaient. C'est quand il s'est retourné que j'ai compris le pourquoi de son manège avec son chandail : son téléphone était fixé à la ceinture (si on peut le dire ainsi) de son boxer. J'ai faillit exploser de rire, surtout lorsque ledit téléphone a sonné, le faisant sursauter presque jusqu'au plafond, parce qu'évidement, l'appel n'était pas pour lui, mais pour son compère.

Ce que je trouvais le plus amusant dans cette histoire, c'est que je porte beaucoup de vêtement qui n'ont pas de poches, et il m'arrive souvent de fixer mon lecteur de musique à mon soutient-gorge, lorsque je suis à la maison. Évidemment j'oublie parfois de le déplacer pour le mettre dans mon sac lorsque je sors de la maison, mais je n'aurais jamais eu l'idée de fixer ce genre d'outils à ma petite culotte.

Faut croire que c'est une question de génération, après tout, mes deux loustics sont nés avec ces bébelles et que pour eux, c'est quelque chose comme une deuxième peau...

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