mercredi, mars 02, 2005

La fascination du pire

Depuis toujours grande peureuse devant l'éternité, je cumule les arrêts de mouvement.

Ce faisant, je suis en sécurité, ignorante et sotte aussi, probablement.

Parce que je me tiens à l'écart de la vie, je compulse dans des lectures noires et dans le visionnement de ces émissions d'enquête sur meurtres.

La folie, celle des psychopathes et des sociopathes en particulier, me happe dans sa tourmente. Je ne la comprends pas. Cependant, toutes les fois où je la croise, à l'intérieur de ces mondes assez distancés du mien pour que j’y puisse fréquenter l'horreur, elle me prend toute entière, ne me laissant rien d'autre que le souffle court et le coeur affolé.

Je me fais des mises en scène et me mets à paniquer parce que je crains d"être la prochaine sur la liste de ces fous qui frappent à peu près au hasard. Moi qui me suis toujours gardée en sécurité parce que j'ai peur de la mort, peur de l'autodestruction, je me laisse abrutir des heures durant par le spectacle de la mort donnée en pâture aux vautours de mon espèce. Et je revois, avec des milliers d'autres personnes, les viols à répétition, les coups sanglants, les meurtres sordides et la détresse de ceux à qui on a volé l'intimité de la mort. Secouée de frissons, transie d'horreur, je me sens vile et veule. J'ai le sentiment de devenir à mon tour le violeur en entrant ainsi dans la mort des uns et la survivance des autres.

Regard vide rivé à l’écran, obnubilée par la violence, je ne suis plus que lambeaux de moi-même.

Je deviens à mon tour psycho-truc.

Quelquefois même, il m’arrive de penser, prenant en pitié la folie, que je me laisserais sans doute convaincre par l'un d'eux de l'aimer. En connaissant sa folie et ses plus noirs aspects.

Dans ces moments-là, je me demande ce qui est le pire : l'acte posé par l'un ou l'absolution que je me sens prête à accorder?

1 Commentaires:

Blogger Jacynthe s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bonjour !
Je passais sur ton blog de temps à autre, mais le désir de le lire en profondeur m'est venu, alors c'est aujourd'hui que je commence.

J'adore cette phrase que tu as écrite: "... la détresse de ceux à qui ont a volé l'intimité de la mort."

Je considère aussi que mourir est un moment très important dans une vie, donc où l'intimité doit/devrait être conservé.

Bref, tu m'as touché.

Bonne soirée

Jacynthe

11:25 p.m.  

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