RIP Belzébuth 1996-2007
Je me suis levée ce matin là avec l’envie d’écrire sur n’importe quoi. Je n’avais rien de particulier à raconter si ce n’est une vague impression que les mots se bousculaient au bout de mes doigts comme si j’étais devenue un simple outil pour des vocables qui n’avaient de cesse de s’aligner les uns à côté des autres pour raconter une histoire dont je serait le vecteur inconscient. Selon mon habitude, j’ai commencé par démarrer l’ordinateur qui prenait toujours son temps avant de se mettre en forme pour me permettre de l’utiliser. Et me suis tranquillement dirigée vers la cuisine pour me faire du café.
Lorsque le moulin à café a cessé de faire son tapage matinal. J’ai perçu du bout de l’oreille un bruit franchement étrange provenant du salon : comme si un ouvrier en construction tentait de faire tomber le mur extérieur. Je me suis catapultée dans la pièce pour voir quelle était l’origine de ce chahut pour constater que cela provenait de mon bon vieux Belzébuth. Le message à l’écran m’annonçait que je devais reprogrammer entièrement la bête qui ne reconnaissait plus rien. Paniquée, j’ai appelé mon docteur ès ordinateurs favori afin de comprendre ce qui se passait. Il m’a alors annoncé que mon disque dur était définitivement mort. Selon lui, l’aimant de ce dernier était tombé, ce qui équivalait à un constat de décès sans espoir de réanimation.
Résultat, je me retrouvais avec les doigts engourdis de mots que je ne pouvais pas laisser aller et une envie d’hurler de contre cette vie qui vous joue des mauvais tours à des moments importuns. Quelques semaines avant Noël quand on se demande comment on arrivera à joindre les deux bouts pour payer les comptes ordinaires et ceux ponctuels qui s’additionnent furieusement à cette époque de l’année. Bien entendu, je pouvais toujours utiliser l’ordinateur de Juli pour aller chercher mes courriels et autres machins du genre. Par contre, nous avons l’habitude de cohabiter sur des fuseaux horaires différents. Conséquemment, je ne pouvais plus compter sur la routine matinale voulant que je m’installe devant l’écran avec les yeux à moitié collés par le sommeil.
J’ai passé tout un mois sans trop de peine à me refaire un quotidien. Prise entre les horaires fous du temps des fêtes pour les gens qui travaillent dans le commerce au détail et l’impossibilité de voguer sur le net, j’ai commencé à acheté le journal pour tuer le temps qui m’est imparti avant que je doive quitter pour le travail. Mais au bout de tout ce temps, j’avais l’impression d’être sur le point d’exploser. Je me sentais complètement hors de ma vie et de mes contacts sociaux. Plus de blogues, plus de discussions volées au temps avec Laurence ou Dda que je ne vois que par le biais de ces fenêtres de discussions qui rétrécissent agréablement l’étendue de l’océan qui nous sépare, géographiquement.
Je me suis donc mise à la recherche d’un nouveau diablotin informatisé pour revenir sur ces pages et sur celles de tous les autres que je lis religieusement. J’ai fini par opter pour un ordinateur usagé que je me suis offert avec l’aide de ma famille pour Noël. J’ai désormais l’impression de me véhiculer en Formule 1. Plus besoin de tuer le temps entre le chargement des pages. Plus besoin de sauter toutes les animations des pages trop lourde pour un processeur datant de l’Antiquité, en termes informatiques.
Et malgré tout, je suis un peu triste. Mon Belzébuth me suivait depuis mes années d’université. C’était un compagnon fidèle. Il m’a vu rire et pleurer, chanter (faux) et me désolée en fonction des émotions qui me faisaient vibrer. Aujourd’hui, il est derrière moi, carcasse dépenaillée de ce qu’il était autrefois. Je n’ai pas encore trouvé le courage d’aller le porter aux rebus d’ordinateurs. Comme si je n’en étais pas encore arrivée à cette étape de mon deuil.
Libellés : Digressions
Contente de te retrouver sur ce chemin. Cela a manqué. ;-)
Cela faisait tant de temps que je ne sais plus comment valider un commentaire ;-)) Le prems, c'est moi.
dda
C'est fou que que l'on peut s'attacher à des choses banales!
Mes sympathies pour le pauvre Belzébuth, Mathi! : (
Comment tu vas nommer ton nouvel ami?
Dda : Merci beaucoup. Moi aussi je suis bien contente d'avoir retrouver mes chemins.
Karim'agine : Ouais... Ces petites bêtes finissent quand même par laisser leur marque dans le quotidien.
Laurie : Ah ben je ne sais pas... Ça ne se baptise pas comme ça un ordinateur : il faut du temps.