samedi, août 11, 2007

Les fruits de l'entêtement

2004. J'avais atteint le fond. Impression de vivre dans une substance aussi gluante qu'inconfortable. Mes perceptions étaient complètement faussées. Je ne me voyais plus que comme la somme de mes dettes : un échec complet. Sans possibilité de reprendre le dessus sur cette vie qui n'était pas clémente avec moi. Un drame perpétuel. L'odeur de dépression. J'ai tout de même fini par me sortir de la vase dans laquelle je m'était enfoncée. J'ai attrapé une perche déposée devant moi pour me sortir de l'immobilisme. Un premier automne sous le signes des tournées en autocar. Un emploi facile à décrocher sans entrevue réelle, parce que durant cette saison la demande de guide est si grande. Un bon moyen d'instaurer le mouvement. Et puis, j'ai osé. Oser aller porter mon cv dans une librairie où j'ai toujours voulu travailler, il y avait tellement de livres, tellement de choix. Ce jour-là, on m'a proposé un emploi de caissière. Moi qui rêvais d'être la libraire. J'ai accepté malgré le fait que je n'avais pas très envie de passer mes grandes journées à la caisse. J'ai accepté parce que lors de cette entrevue d'embauche, le directeur qui était devant moi m'a affirmé que sa supérieure immédiate avait elle aussi commencé à la caisse.

J'ai fait mes preuves. Effectué des heures supplémentaires. Été plus que disponible pour des changements d'horaires à la dernière minutes. Avec en tête l'idée que je finirais par devenir directrice. Directrice-adjointe pour commencer. J'ai été me chercher des formations à l'intérieur de ma succursale, comme libraire-jeunesse, commis papeterie-cadeaux, libraire, chef-caissière et responsable de quart. Changeant mon horaire hebdomadaire pour favoriser certaines de ces formations. On m'a proposé de prendre une place comme représentante du syndicat, ce que j'ai refusé parce que je voulais garder toutes mes chances de passer de l'autre côté de la clôture.

J'ai passé une première entrevue pour un poste de directrice-adjointe il y a plus d'un an. Une longue attente. Et les papillons dans le ventre à tous les jours pendant ce printemps tellement difficile pour une jeune femme qui était, en somme, en rémission. Puis le refus. Et les larmes. Difficile refus. Difficile de croire encore en moi à ce moment-là puisqu'on m'avait préféré quelqu'un venu de l'externe qui n'avait aucune espèce d'expérience en librairie. J'ai retroussé mes manches, parlé avec mon directeur. Essayé de parfaire mon tableau d'expérience dans le réseau. J'ai reçu beaucoup d'aide de mes supérieurs immédiats qui voyaient bien à quel point j'avais ce désir franc et sincère de devenir un jour directrice-adjointe. Et puis une autre opportunité s'est présentée six mois plus tard. Autre entrevue, nouvelles nuées de papillons dans l'estomac. Nouveau refus. Plus difficile encore sur mon estime personnelle.

Retour dans la vase. Enchaînée encore au divan du salon. Mes drames meublaient mes jours. J'étais convaincue de déranger tout le monde, certaine de ne pas valoir ma propre chandelle. Descente dans à l'orée du pays des zombies. Rattrapée de justesse par ces gens avec qui j'habitais qui ne m'ont pas laissée m'enfoncer. Ils m'ont tenu la main, montré que je leur étais importante. Ils m'ont dit « je t'aime » lorsque c'était important parce que je n'y croyais plus. Toutes ces déceptions, je les ai vécues en public. Sous votre regard empathique. Ce qui me donnait l'impression que cette succession d'échecs prenait une ampleur encore plus grande.

Alors lorsque j'ai appliqué une fois de plus sur un poste de directrice-adjointe, je me suis tenue coite. Ça pris deux semaines avant que j'en parle à ma mère. Encore davantage avant que j'en parle avec mes amis, sauf ceux de la librairie qui le savaient parce que tout se sait dans ce réseau. Longue attente encore une fois. Pour cause de vacances qui se chevauchent et retardent les réponses. Longue attente qui a pris fin jeudi à 16h30. À partir du 27 août 2007, je serai directrice-adjointe de la succursale des Galeries d'Anjou.

Ne venez jamais me dire que je ne suis pas persévérante ni que l'entêtement ne porte pas fruits.

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11 Commentaires:

Blogger Karim'Agine s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Félicitation!!!

C'est bien pour dire qu'il ne faut jamais abandonner même si parfois, c'est la seule chose qui nous vient en tête!

Bravo!

11:09 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bravo !

11:58 a.m.  
Blogger Cartouche s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bravo, bioutifoule, tu le mérites.

9:08 p.m.  
Blogger La Dame du Lac s'est arrêté(e) pour réfléchir...

OH YEAH!!!
Go Mathi!!! T'es tellement la meilleure!

9:39 p.m.  
Blogger Michèlelamamande s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ben ça me ait encore plus plaisir que lorsque j'ai appris la nouvelle jeudi. Très touchants tes mots. Bienvenue dans le monde de la confiance en soi et de l'ego bien proportionné.

9:17 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je suis heureux pour toi! Tu le méritais tellement... et je sais que tu seras excellente!

10:04 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Karim'agine : :)

Aki : :) :)

Cartouche : En tout cas, je le voulais ce poste!

La dame du lac : Je vais être la reine du centre d'achat ;-)

Ma Maman : C'est un monde que je connais peu mais j'ai bien hâte de le visiter.

Alex : J'ai toujours pensé que ce type de poste conviendrait très bien à ma personalité. J'ai hâte de voir quelle genre de patrone je serai.

12:05 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Voici bien longtemps que je ne t'ai laissé de petits mots "cousine".
Toutes mes félicitations bravo pour ta tenacité ton énergie garde la gnac ...
Ce n'est que le commencement
signée la française

8:30 a.m.  
Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ça prend ma touche: You Rock Mathi!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

11:35 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Clap clap clap. Applaudissements.

4:45 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu vas pouvoir donner des avis disciplinaires à 14$ de l'heure, bravo!!

5:51 p.m.  

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