mardi, août 07, 2007

De toutes les couleurs

Sur les pages blanches de nos ébats en devenir, j'ai vu se dessiner ton visage en perpétuelle mutation. Sujet aux changements de mes inspirations, de mes aspirations. Arborant des traits vieillissants au fur et à mesure que j'avançais en âge et en expérience. J'ai rêvé ce doigté fin qui pétrirait mes formes jusqu'à les faire les plus belles du monde sous le charme des caresses, qui me diraient plus certainement que n'importe quel discours enflammé, que ce que je suis est très exactement le sujet du désir. J'ai laissé mon imaginaire tracer au fusain des yeux amoureux surplombant ces fossettes rieuses qui m'ont toujours fait craquer.

Je me suis enfoncée dans les aquarelles de mes songes qui m'apparaissaient plus vraies que ce que la vie m'offrait. Intransigeante jusqu'à la moelle, refusant de me plier à des amours qui ne me semblaient pas aussi réelles que les teintes diaphanes des tableaux passionnés meublant mes rêves éveillés. Point pour moi de demie-mesure. Jamais je n'ai su m'y faire. Toujours intense, toujours intègre, lovée sur ces idéaux qui me font écrire depuis que je suis capable de mettre les mots les uns à côté des autres. J'ai dépecé les pastels de mes déceptions sans amertume. En prenant chaque écueil comme un outil qui ferait de moi une meilleure personne, une femme plus sereine, une meilleure amoureuse en devenir.

J'ai croisé des hommes qui me demandaient sans autre forme de procès si je n'étais pas homosexuelle, moi qui dégage cette plénitude qui donne l'impression que je n'ai besoin de personne pour me suffire à moi-même. J'ai croisé d'autres hommes qui auraient voulu me présenter tous leurs amis mais qui n'auraient jamais eu l'idée de se présenter à moi. J'ai pleuré des histoires qui inachevées qui n'avaient même pas commencé. Sans rancune. Je ne suis pas faite de ce bois-là. Et malgré le fait que je sente souvent l'absence sous le pinceau de cette existence qui me laisse seule sur le pas des portes que j'ai vues se refermer, je ne suis pas une femme malheureuse. Je me rends bien compte que je ne changerais pas les choix que j'ai faits.

Je suis née pour aimer jusqu'à la lie. Je suis née pour être aimée tout aussi intensément en retour. Je ne sais plus à quoi tu ressembles et au fond ça n'a pas vraiment d'importance. Quelle que soit la couleur de tes prunelles, quelle que soit la texture de ta chevelure, quelle soit la dorure de ton épiderme, je sais bien que je te rencontrerai au prochain tournant. Prêt à me suivre dans mes délires, prêt à attendre que j'en revienne à d'autres moments. Prêt à partir dans tes propres univers lorsque tu le sentiras nécessaire. Moi je suis apte désormais à en voir de toutes les couleurs, à pleurer, à rire ou tout simplement à sourire sereinement. Prête à fonder la famille que j'ai toujours voulu avoir. Prête à écrire. Prête à rêver les toiles éclatantes que ce que nous pourrons devenir, à deux.

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1 Commentaires:

Blogger Karim'Agine s'est arrêté(e) pour réfléchir...

wow! Que c'est bien écrit!
Mes yeux se sont bercés de gauche à droite comme si chaque mot émettait une note que seul ces derniers arrivaient à m'en transmettre la mélodie.

Ce fût beau à entendre, ce fût bon à écouter!

merci

4:38 p.m.  

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