dimanche, octobre 26, 2014

Pour sortir d'un automne en tonne de briques



Il y a des automnes qui nous tombent dessus comme une tonne de briques. Celui-ci, a commencé comme l'un d'entre eux. Rien ne va plus, rien n'est plus simple. Nous ne savons plus où donner de la tête et encore moins comment continuer à avancer sans se heurter aux aléas des silences que nous devons préserver.

Dans cette atmosphère hantée, il est entré de sa dégaine nonchalante, s'est installé à l'entrée du magasin et s'est mis à dessiner des personnages sur un un chevalet pour les enfants ébahis. Les gens se sont pressés autour de lui, créant un embouteillage dans la circulation généralement fluide à ce moment de l'année.

Nous sommes deux responsables et avons le devoir de s'assurer que l'activité se déroule bien. Forcément, on traîne autour de lui entre deux dessins. Je lui parle, au vous, bien entendu. C'est un invité, il a peut-être mon âge ou un peu moins. Mais je suis polie. Quelques minutes plus tard, c'est lui qui m'adresse la parole, au tu. Je me tourne vers ma collègue et lui dit : « je ne sais pas ce que j'attire ces temps derniers, ça fait deux hommes, que je ne ne connais pas, à qui je m'adresse au vous et qui me répondent au tu. Conclusion : ça ne me donne strictement rien d'être polie, je suis pas prise au sérieux. » Et ma collègue de s'écrouler de rire sur les cartes de souhaits. Pas chic, pas chic.

Il nous a vues rire, je crois. Il savait que c'était passablement de sa faute. Il devait sentir qu'à coup de regards en coin et de sourires bien distribués il était arrivé à transformer deux femmes en jeunes filles pivoinantes et émoustillées.

Il a quitté deux heures plus tard, en prenant bien soin de nous regarder, tour à tour, et de nous adresser son plus charmant sourire, assorti d'un clin d’œil. On a terminé la journée, riantes et d'une humeur superbe.

C'est pourtant un automne qui nous est tombé dessus comme une tonne de briques.

Alors je me dit que pour sortir du marais des mauvais jours, il suffit peut-être simplement de laisser des artistes nous offrir un zeste de charme sur leur plus éclatant sourire.

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