lundi, mai 11, 2009

Le jour où j'ai eu l'air raciste

Un des rares avantages à travailler les matins de fin de semaine, c’est que le transport en commun est presque désert. Les quais sont agréablement parsemés de quidams qui comme moi doivent se rendre à destination. Lorsque le métro arrive, il y a de la place pour s’asseoir et la faune matinale hésite entre une nuit trop longue qui n’est pas encore tout à fait finie et un début de journée qui a sonné trop tôt. Moi, j’en profite pleinement. Je savoure ces deux matins par semaines qui ne se déroulement pas dans la cohue urgente des tempos montréalais. Et je ne peux pas compter sur les fins de journée pour avoir le droit à la même intimité ni au même espace parce que mon retour à la maison coïncide avec la fermeture des centres d’achat.

Un certain samedi matin, j’étais chargée comme un baudet ; certaines activités prévues pour la soirée demandaient une préparation encombrante. Dans l’aire d’attente, nous étions environs dix ou douze personnes. Lorsque l’autobus s’est avancé, il s’agissait d’un de ces géants en accordéons qui peuvent loger environ quatre-vingt-dix personnes et en asseoir autour de soixante-cinq (selon mes calculs absolument pas scientifiques). J’étais la première à la porte de l’autobus et j’avais donc l’embarras du choix des places. J’en choisi donc une, double. Une place pour mes sacs et l’autre pour moi.

Grand mal m’en fit.

Ça ne faisait pas dix secondes que j’avais mis le nez dans mon livre, qu’une femme noire s’est pointée devant moi, en marmonnant quelque chose de relativement incompréhensible en pointant mes sacs du doigt. Je l’ai regardée, ébahie, sans réagir, la tête encore prise dans le sommeil abruptement interrompu il n’y avait pas si longtemps. La dame n’était pas contente. Visiblement. J’avais pris SA place. Voyant que je ne collaborais pas, elle a sèchement pris mes sacs pour me les poser sur les genoux et a posé tout son poids juste à côté de moi. Conséquemment, j’étais coincée entre elle et la fenêtre.

J’avais envie de lui dire : « Madame, l’autobus est pratiquement vide! Pourquoi, dans le monde, cherchez-vous tant à être coincée à deux sur un banc quand il y en a au moins vingt (tout aussi doubles) qui sont inoccupés? » Je me suis évidemment abstenue faire un tel commentaire. J’ai plutôt changé de place. J’ai pris le banc juste derrière elle, en installant, une fois de plus les sacs à mes côtés. Subissant les cahots conséquents au départ de l’autobus du quai. Durant tout le trajet, la dame se retournait vers moi avec l’air de croire que c’était par dégoût d’elle que je m’étais poussée. Ben, c’était un peu le cas, mais sans regard à la couleur de sa peau. C’était davantage mon petit côté sauvageonne qui avait besoin de l’espace qu’il pouvait prendre.

Depuis, à toutes les semaines, je la laisse monter dans l’autobus avant moi et elle semble vraiment certaine que j’ai une dent contre elle, très personnellement.

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5 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Puis-je simplement sourire... :)
A.

6:56 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Alex : oui, oui, pas de problème pour le sourire.

7:08 a.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Dieu sait ce qui se passe dans la tête des autres...

Petite tranche de vie, pas très loin de ton sujet:

L'autre jour, j'étais dans le bus... J'aperçois une place libre d'où je pourrais regarder "en avant" (j'ai le mal des transports et être assise de côté ne m'aide pas)... Je place mon sac au-dessus du siège en question et m'apprête à m'asseoir (je suis littéralement en train de m'accroupir) quand une dame --noire-- se glisse entre moi et le dossier sur siège, saisit mon sac, le pousse (et me repousse en même temps bien entendu) et PLONGE littéralement sur le banc!

«Heille!!! C'est parce que j'étais en train de m'asseoir là!»

Elle m'ignore. Je suis invisible.

Finalement, je n'ai pas eu le temps de bougonner bien longtemps qu'une place s'est libérée juste devant.

Le pire, c'est que tout le long du voyage ainsi qu'à mon départ, j'ai eu droit à une espèce de regarde (insistant) haineux!

Tout ça pour dire que... Je ne saurai jamais si j'ai simplement eu affaire à une idiote, ou si j'ai été victime de racisme.

Je me le demande encore.

9:05 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

*DU siège! (Pardon) ;)

9:09 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Souris : Qui sait, c'était peut-être la même dame...

9:21 a.m.  

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