vendredi, octobre 10, 2008

Nourir mon âme

La salle était déjà pleine lorsque nous sommes arrivés. J’aurais dû rappeler à mes compagnons de spectacle que j’ai un peu de peine à supporter la foule. Un peu beaucoup. Et puis, je suis petite, je me retrouve toujours à voir une forêt de têtes et de dos davantage que le spectacle lui-même. Ce n’est pas très agréable. Mais j’ai essayé. Essayer de me baigner dans la foule sans trop en sentir les conséquences. Sauf que, ça n’a pas très bien réussi. Au bout de trois chansons, j’avais des vagues de chaleurs qui me remontaient les pieds jusqu’à la tête, faisaient battre mon cœur un peu trop vite. Et puis, j’ai perdu le fil du spectacle aussi génial soit-il. C’était Karkwa, hier soir au Club Soda.

Alors, je suis montée aux balcons. Histoire de me donner un peu d’espace, histoire de me donner une chance de voir quelque chose. Sage décision pour une petite Mathilde presque guérie de ses peurs irraisonnées. Presque, mais pas encore tout à fait. Du haut de mon perchoir solitaire, j’ai observé la foule, cette masse compacte de têtes qui chantait à en perdre les sens les textes superbes sur une musique tout aussi fantastique. La plupart du temps, lorsque je vais voir un spectacle, je constate que les filles se regroupent et deviennent des adolescentes effervescentes le temps du show. Hier, hier c’était différent.

Je pouvais remarquer, de mon perchoir temporaire qu’une masse d’hommes laissait la musique lui dresser les poils sur le corps. Les femmes étaient éparpillées dans cette marée et tentaient de bouger un peu au cœur de la musique, pour en sentir davantage le pouls, je crois. Moi, je me berçais des paroles qui m’allument depuis que je connais ce groupe-là. J’ai toujours eu les mots sensibles et les oreilles beaucoup plus aiguisées aux images qu’aux notes. Et je me suis laissée harponnée par des phrases que je connais par cœur comme si c’était encore la toute première fois que je les entendais. Qu’une personne ait pu écrire « Je déchirerai le temps lui-même » ou encore « J’allume ton visage, un phare dans la nuit », pour ne tirer que deux vers qui m’ont hanté les oreilles toute la nuit, me fait mourir d’envie. D’envie de les avoir écrit la première. Mais d’autres ont créé ces images avant moi alors je m’en repais le plus possible.

J’ai quitté avant la fin. Au moment où les rappels allaient commencer. Trop de foule, trop de gens, pas assez d’air. Je me sentais cuite à l’étouffée. Je suis partie en voleuse, sans le dire à personne, surtout pas aux gens avec qui j’étais venue (je m’en excuse). Besoin criant de prendre un pas sur l’espace. Besoin d’être seule après tant de gens. J’ai marché plus loin que supposé avant de m’engouffrer dans le métro. Marché pour me nourrir les veines d’oxygène. En repassant des extraits que j’avais encore en mémoire.

Pas de regrets. Un bon spectacle qui valait largement le prix payé. Mais j’avais besoin de faire le point toute seule sur ces émotions si grandes qu’on m’a fait vivre. Avant de m’endormir tout doucement, bercée par les mots qui me nourrissent l’âme.

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3 Commentaires:

Blogger Sauterelle s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Me voilà rassurée! Je t'avais repérée en haut quand tu es montée, et puis tu n'y étais plus. Mais je connais ta propension à partir en voleuse, alors je me suis dit que tu étais partie plus tôt. Tu ne fus pas la seule d'ailleurs! Dom et Ériko sont aussi partis tôt. Bref, on t'a attendue après, dehors, mais je savais bien que tu n'étais certainement pas dans la foule compacte devant la porte, et tu n'étais pas juste à côté, alors on n'est restés que quelques minutes. Je suis contente si tu as pu apprécier le show malgré l'altitude imposée. J'espérais bien que tu pourrais rester en bas, mais on avait comme un mur devant nous.

C'est drôle : pour moi, c'est la musique de Karkwa qui me fait vibrer. Je raconte n'importe quoi sur les paroles, incapable de les retenir!! :-) Quand je chante, ça parle de "métrostar" (!) et de "clé de char", aucun rapport avec l'original! Et hier, la musique, elle rentrait dedans en masse!

Tu as manqué une superbe nouvelle toune comme dernière prestation. Une toune d'amour comme on les aime, avec une mélodie accrocheuse comme celles de Karkwa.

à bientôt!

9:27 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bien contente que vous ne vous soyez pas attardés pour m'attendre, vous auriez cherché longtemps ma présence.

Le mur n'était pas qu'à l'avant pour moi. C'était comme un donjon qui donne des migraines. Alors, je me suis sauvée.

Merci d'avoir pris la peine de t'arrêter ici pour me donner les derniers détails de ce que j'avais manqué.

6:32 a.m.  
Blogger stéphanie s'est arrêté(e) pour réfléchir...

pour ton information, ce n,est pas karkwa qui a écrit "je déchirerai le temps lui-même" mais Pierre Nepveu; karkwa a mis la musique sur son texte dans le cadre d'un projet où plusieurs artistes s,inspiraient de poèmes québécois tournant autour de l,idée du bonheur.

2:58 p.m.  

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