mardi, avril 01, 2008

Maman d'avril

Elle est née lorsque le printemps frissonne encore sous les étoles blanches de l’hiver. Quelque part au moment où deux saisons se chevauchent. Elle est née au cœur d’une famille de sept enfants; coincée entre le désir d’être assez grande pour faire comme les plus vieux et chargée des responsabilités inhérentes aux aînés, même si parfois elle se sentait trop petite pour porter des charges si lourdes. Elle a développé très rapidement une envie de performance qui la suit encore aujourd’hui. À quoi bon en effet être capable de faire quelque chose si on peut aspirer être la meilleure dans ce que l’on fait?

Elle s’est glissée dans son rôle de mère avec tout le cœur qu’elle possède. Avec tendresse et douceur. Assaisonnées d’un peu de colère parfois quand la situation devenait intenable. Dans mes souvenirs d’enfant, elle était la meilleure personne au monde pour consoler. À tel point que j’amenais mes amies en peine à ses côtés pour qu’elle chasse leur douleur et autres menus désagréments comme elle savait si bien le faire pour moi. Je n’ai jamais cessé de croire qu’elle était la meilleure pour écouter et comprendre. Même à l’adolescence, quand les parents sont généralement jugés comme des empêcheurs de tourner en rond ou des personnages obtus, moi je courrais à la maison m’asseoir dans la cuisine et raconter, en détails, toutes les impressions de mes journées. Ça me permettait de mettre une perspective aux événements, ça faisait du bien.

Lorsqu’elle s’est trouvée une nouvelle passion professionnelle, elle s’est immergée dans son travail de sage-femme à une époque où cette profession était tombée dans une ornière d’illégalité. Elle ne s’est pas contentée de pratiquer simplement son métier; elle était résolue à le faire de son mieux allant jusqu’à porter le dossier de la légalisation à bout de bras. Attrapant, au passage, toutes les responsabilités qu’on lui présentait puisqu’il lui fallait impérativement aller jusqu’au bout de l’implication sans quoi elle aurait eu le sentiment de ne pas se réaliser complètement. Dans l’arène du désir de perfection, on donne beaucoup et on reçoit peu en partage. Quelquefois, ça épuise. Quelquefois, il faut tirer un trait sur une époque belle et mouvementée pour garder la tête en dehors de l’eau.

Désormais, elle s’occupe de deux charmants poupons qui n’ont pas tout à fait deux ans. Comme elle s’occupait de nous autrefois. Ils lui montrent quotidiennement à quel point elle est belle et gentille du haut de leurs exigences intempestives. Et lorsqu’elle ne s’occupe pas d’autrui, elle joue dehors. L’été, on la retrouve dans son jardin à bichonner ses plates bandes. Les mains noires de terres et la peau tannée par le soleil, elle arbore un sourire resplendissant quand elle reçoit famille et amis dans son petit univers bucolique. Et l’hiver elle s’habille chaudement pour aller marcher jusqu’au bout de ses pas se retrouve, bien souvent, beaucoup plus loin qu’elle ne se l’était d’abord imaginé. Elle me dira, dans ces cas-là : « Mais c’est tellement plaisant de marcher dans la neige, je me suis sentie aussi vivante qu’une petite fille dans sa première tempête! »

Aujourd’hui c’est son anniversaire. Le printemps prend peu à peu le dessus sur un hiver rigoureux et j’ai envie de lui souhaiter une décennie aussi riche événements positifs que celle qu’elle laisse derrière elle le fut en difficultés. Je voudrais lui souhaiter autant d’amour autour d’elle que ce qu’elle m’a toujours prodiguée, à moi, sa fille aînée.

Je t’aime Maman.

Libellés :

4 Commentaires:

Blogger Michèlelamamande s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Merci ma grande, ma complice. Que de bonheur m'apportent tes mots.

5:54 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mamaman : C'était sans doute aussi agréable à écrire que ce le fut pour toi de le lire

8:41 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ça faisait longtemps... mais c'est toujours aussi magnifique... Bonne anniversaire à ta mère (un jour en retard...)

11:52 p.m.  
Blogger Lew s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je t'avais dit que je lisait toujours ton blog mais que je ne commentais plus, parce qu'au fond, ça revenait toujours à la même chose.

Mais ça, c'est un très bel hommage à ta maman! ^___^

Hourra pour mamanmamathilde! ^0^

5:29 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier