dimanche, février 17, 2008

Vaine tendresse

Il y a des thèmes qui interpellent plus que d’autres. Des thèmes qui font rugir le dragon intérieur, ce monstre tout personnel gardien de nos peurs et de nos appréhensions. Et malgré le fait que l’on en entende l’appel, malgré le fait qu’on en connaisse une réponse, les mots nous fuient comme un oiseau qui s’envole devant le chat tapis dans l’herbe de l’été. Il y a pour moi un danger de disserter sur un thème comme vaine tendresse et pourtant…

Pourtant je suis bien placée pour savoir que la tendresse n’est pas vaine justement. Je sais dans tous les pores de ma peau que c’est une émotion qui ne devrait pas être mesurée et encore moins calculée. Je sais qu’on ne peux pas demander de rendre à quitte ou double ces gestes et ces élans qui devraient être gratuits. J’ai connu l’oppression des mouvements qui en exigeaient d’autres. Connu la désolation profonde de ne pouvoir atteindre les aspirations de celui qui se dressait devant moi, quémandant que je rende tout ce que sa tendresse m’avait offert dans un écrin qu’il reconnaîtrait comme sien. Mais j’ai failli à la tâche, lamentablement échoué. Je n’ai réussi qu’à perpétrer la blessure d’incompréhension du fond de l’âme. Me sentant de fait même coupable jusqu’au bout des ongles.

J’ai écouté trop longtemps les longs argumentaires fallacieux faisant la démonstration de tous mes manquements à l’étique de l’affection mesurée. Ceux qui muselaient mes essors à grands coups de reproches déguisés en besoins. J’ai fini par me composer un chant sémantique d’émotions qui ne différait de celui qu’on m’avait proposé et qui me heurtait si fort. Un chant sémantique dans lequel tendresse, amour, amitié et affection ne rimeraient pas avec attentes. J’ai pris sur moi d’aimer les gens qui m’entourent comme j’aime mes animaux ou mes chats, en acceptant ce qu’ils me donnent comme une offrande généreuse; en tentant de ne pas laisser de place à la rancune, à la jalousie ou à la mesquinerie.

Je ne suis pas certaine d’y arriver tous les jours. C’est difficile de vivre une affection complètement désintéressée, le besoin de reconnaissance est grand. Non, la tendresse n’est pas vaine, même lorsqu’on ne voit pas ses effets immédiatement. C’est un don de soi qui nous pousse au-delà de nos propres limites. Un don de soi qui nous permet de voir un peu plus loin que le tour de notre univers tout personnel.

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2 Commentaires:

Blogger Michèlelamamande s'est arrêté(e) pour réfléchir...

La tendresse n'est pas vaine, elle est veine, essence même de notre humanité, de notre besoin. En permettant la circulation de l'amour, de l'amitié, forme supérieure de l'amour? La tendresse nous nourrit, nous fait grandir, nous épanouir.
La tendresse est sens de tous ces petits riens qui font du bien.
La tendresse c'est un tablier reçu par un beau dimanche de février qui emplit le coeur et je l'espère déborde vers celle qui a su faire plaisir

10:04 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Quel magnifique commentaire Mamaman! J'ai ressenti tout le débordement du coeur!

7:24 a.m.  

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