mercredi, février 06, 2008

Dans mon sac à main

C’est un grand sac, sans poche qui ressemble davantage à un sac recyclable pour faire les courses qu’à un sac à main proprement dit. Il faut comprendre que j’ai besoin d’espace. En effet, dans mon sac, il y a en permanence un cahier ligné pour que je puisse y noter tout ce qui me passe par la tête. À tout moment. Dans l’autobus ou le métro, sur le coin d’une rue lorsque je suis en vélo, sur un banc de parc, dans un café, dans un restaurant ou un bar. Il me faut un exutoire possible et je n’ai jamais su mieux le faire qu’en couchant le tumulte de mes émotions sur du papier. Il me faut aussi des crayons. Pas simplement un crayon parce que j’ai besoin d’avoir un choix de couleur et de texture d’encre pour exalter mes idées. La colère ne s’écrit pas de la même couleur que l’amour.

Dans mon sac, il y a aussi des livres. Celui que je lis, celui que je lirai immédiatement après ou celui que je lisais tout de suite avant. Me retrouver sans bouquin durant un transport me rend dingue. J’ai souvent aussi le livre que je ne sais pas si je finirai pas lire. Celui qui me tente et m’intrigue, mais dont je ne suis pas trop certaine. Alors je le zieute de temps à autres, entre deux stations de métro. Je grappille, compulse ses pages en me demandant si un jour je prendrai la peine de le parcourir pour la peine. Il y a aussi un ou deux mots-croisés, des sudokus et autres jeux d’esprit qui occupent mon temps pour faire changement.

Dans mon sac, il y a les très prosaïques tampons et serviettes sanitaires. Les multiples trousseaux de clefs qui me sont nécessaires ; celui de la maison, celui de mon vélo, celui du bureau et ceux de ces gens qui m’ont confié leur trousseau au cas où ils perdraient le leur. La plupart du temps aussi, il y a un sac à lunch en plus de ma réserve de fruits séchés et de noix ; ne sachant jamais quand une fringale me tombera dessus à bras raccourcis. Je traîne aussi l’inévitable portefeuille, tout gonflé par toutes les factures que j’y glisse au fur et à mesure que je les collectionne et la petite monnaie que j’oublie de dépenser et qui finit faire craquer les fermetures éclairs dudit portefeuille.

Dans mon sac à main, il y a des petits bouts de papier sur lesquels des numéros de téléphone sans correspondance sont notés à toutes les fois que je fais les ménage je me demande bien ce qu’ils représentent. Je fini par les jeter sans appeler ne sachant plus à qui ou à quoi ces numéros faisaient référence. Il y a aussi des notes gribouillées rapidement sur le coin d’un comptoir, d’une table entre deux clients que j’ai engouffré dans ce sac, dès mon quart de travail, terminé pour les journées où je manquerais d’inspiration.

Dans mon sac, il y a surtout des dizaines de lettres écrites à personne. Des lettres dans lesquelles je parle de moi. De ce que je suis vraiment. Des lettres qui me découvrent et me dévoilent. Des lettres que je n’enverrai jamais même si lorsque je les commence c’est dans l’intention de leur trouver un destinataire. Mais en cours d’écriture je m’aperçois souvent qu’elles deviennent un déversoir de rage, de colère et d’incompréhension. Elles me permettent de faire le tour de mes frustrations pour être apte à en parler calmement sans pour autant paniquer ou crier des mots qui iraient plus loin que mes maux.

Mon sac est en fait un reflet de ma propre personnalité. Quelque chose de grand et de désordonné où tout est à la fois accessible et difficile à trouver.

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6 Commentaires:

Blogger Sauterelle s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bien dit, belle chute. Bravo.

2:06 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je ne commente jamais mais je lis, je vous lis.
Je me suis retrouvée dans ce sac trop grand et à la fois juste de la bonne grandeur pour contenir tout le tumulte d'une vie.
Prennez grand soin de ce sac...

2:54 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Sauterelle : ton commentaire me fait chaud au coeur.

Anonyme : Que de beaux compliments. Merci beaucoup. Prenez le temps de poser vos commentaires : je les apprécie énormément.

12:01 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Question: N'est-il pas trop lourd ce sac? La question est à double sens...

9:30 p.m.  
Blogger marion s'est arrêté(e) pour réfléchir...

bonjour à vous. depuis plusieurs mois que je consulte votre blog, mon plaisir à découvrir vos écrits et mon admiration pour votre plume sensible, à fleur de peau est intacte. votre capacité à la mise en mots a bien des fois, fait échos ou apporté un éclairage nouveau à mes propres émois. un grand merci à vous.

(je me permets de vous adresser également une petite demande de renseignement. j'ai le souvenir d'un charlesparle et de son blog bazar d'heures. il me semble que dans un de vos billets, vous aviez évoqué la parution de son premier livre. pourriez-vous m'en rappeler le titre?)

11:22 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Karim-Agine : Ben non, il n'est pas trop lourd, mais je ne pourrais pas vraiment y ajouter du poids sans quoi l'équilibre qui le maintient serait rompu.

Marion : Merci pour ces commentaires qui me sont allés droit au coeur. Pour trouver Charlesparle, vous pouvez aller au charlesbolduc.net. C'est son nouveau carnet et le titre de son livre est bien en évidence.

9:57 a.m.  

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