mardi, février 03, 2009

Maudit hiver

Quelque part entre jeudi et vendredi derniers, il y a un gars qui est mort à Montréal. Suicide. Comme si une fin de semaine de plus était une fin de semaine de trop. Je ne le connaissais pas personnellement. Il était l’ancien ami de cœur d’un homme que j’apprends à découvrir. Je ne le connaissais pas, mais je connais quelqu’un qui a mal pour lui. Pour sa douleur immense qu’il a tue pendant de longs mois, au moins, Et je ne peux rien faire pour cette douleur sauf signifier que je suis là. Ce qui n’est pas grand-chose.

Dimanche soir à Montréal, une vieille dame est décédée. Ma grand-mère. Elle avait quatre-vingt-dix-huit ans. En réalité, elle est morte pour moi bien avant. Quand sa pensée s’est envolée. Lorsqu’elle a oublié qui j’étais, qui nous étions. Lorsqu’elle n’a même plus pris la peine de confondre mon frère avec son fils comme elle le faisait depuis quelques années. Depuis près de vingt ans, je n’avais plus de contact avec elle. À quoi bon? Elle n’était plus la grand-mère de mon enfance. Elle n’était plus la femme qu’elle a un jour été. Et l’espoir de la voir nous signifier que nous faisions partie de ses souvenirs, de sa mémoire de femme s’était éteinte. Elle ne parlait même plus. Toute recroquevillée sur elle-même, comme un fœtus.

C’est ma sœur qui me l’a annoncé. Suivie de près par un de mes frères. Moi, je ne parle plus à mon père depuis longtemps déjà. Alors, il me fallait les autres pour apprendre cette nouvelle. Et j’ai trouvé que la Mort prenait un peu trop de prises dans ma vie, en ce moment. Je ne déteste pas l’hiver, mais février a toujours été un mois ardu pour moi. Pas assez de lumière, ni de chaleur. Les jours qui s’étiolent dans des nuits qui n’en finissent plus. Moi, je me sens comme une plante en manque de soleil. Il me tarde que mes éveils se fassent sous les lueurs du jour qui prend la Terre dans ses bras. Il me tarde de sentir, dans les pores de ma peau que la lumière gagne de l’espace sur l’obscurité.

Parfum de linceul donc, sur ma vie montréalaise. Fin d’une époque. Fin de mon enfance. Il n’y a plus personne pour m’y rattacher. Et fin d’une certaine fuite aussi. Bientôt, je devrai être la fille de mon père. Même si, bien souvent j’aimerais qu’il en soit autrement. Offrir à la face du monde, cette dose de courage que je ne suis pas certaine de posséder. Je devrai aussi être la sœur de mes frères. Et c’est sans doute, au bout du compte, ce qui me permettra de passer à travers. Ce qui me donnera la force d’être pleinement une adulte, malgré le fait, qu’au fond de moi, je sais que la petite fille ne voudra pas être là.

Pour une raison étrange, il y a quelqu’un qui me manque aujourd’hui. Quelqu’un que j’aurais voulu pouvoir appeler pour ne rien lui dire d’important. Quelqu’un qui a refait un bref séjour dans mon existence durant le dernier automne. Comme si sa présence dans ma vie m’aurait sécurisée. Mais ce sentiment est aussi rempli de fadaise que ma petite tête est débordante d’imagination.

Ce soir, je suis seule. Et tout compte fait, nous le sommes tous devant cette fin de vie qui a tué janvier.

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2 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je suis là... je suis toujours là pour toi...

A.

11:11 p.m.  
Blogger Michèlelamamande s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ai bien lu, ne sait que dire, tout cela appartient à la femme en toi et non à ma fille que tu es. La vie est un chemin qui nous mène toujours ailleurs.

La hantise de février, nous avons ça en commun toi et moi. mMon mois le plus difficile, jadis.
Sur un autre sujet, contrairement à ton papa toi, tu as tes frères et ta soeur pour te souvenir de ton enfance. Elle est finie mais pas perdue.


xxxxxxxxxx

1:11 p.m.  

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