dimanche, février 03, 2008

Terrible

Il y a quelque chose de terrible en moi. Une indifférence que je ne me connaissais pas. La plainte est longue, lancinante même. J’entends la larme s’échouer sur les écueils de la gorge qui s’use. Je me terre dans la douillette, j’enfoui ma tête sous les cinq oreillers qui habillent mon lit. Ça dure depuis une semaine. Tronquant les heures précieuses d’un sommeil nécessaire. Et ça s’ajoute aux bruits obnubilants qui filtrent à tout moment des murs cartonnés de mon appartement. Je suis épuisée, ma patience a atteint les limites de mes possibilités, je me sens sombrer dans la folie comme lorsque la dépression m’empêchait de dormir. Et cette fois, ma tête n’y est pour rien. Sinon parce que mes oreilles captent des sons qui leur font mal au cœur.

La nuit est encore noire, quand j’entends jouer la poignée de la porte. Un peu plus et je croirais aux fantômes. Et les cris recommencent. Plus forts, plus constants. Je ferme les yeux et me retourne sur le matelas faisant fi de tout ce tapage. Je ne cèderai pas au chantage. Plus le temps passe et plus je m’en fou. Je sais qu’il perdra patience et que bientôt le silence enveloppera à nouveau mon espace vital. Je sais que je pourrai retourner me lover dans les bras de Morphée sitôt que ses plaintes se tairont. Je réussi à peine à rogner une petite demie heure sur le sommeil que déjà le manège recommence. Les larmes, les plaintes, les cris, la porte. Mais cette fois, celle-ci joue sur ses gonds, sans s’ouvrir pourtant.

Il y a quelque chose de terrible en moi, je ne ressens même plus la douleur, ni la pitié. J’ai complètement décroché. Plus de sympathie, plus même d’empathie pour l’âme esseulée qui pleure toute les larmes de son corps à quelques pas de moi. Je replonge sous les couvertures, bien décidée à me fermer les conduits auditifs pour de bon. De l’autre côté de la porte, la voix s’essouffle, se casse. Il abandonne enfin. Malgré son entêtement proverbial. Je sais que je trouverai au matin un petit chaton gris de quatre mois, l’œil humide et le regard insulté par tant d’incompréhension de ma part, sagement assis sur le pas de ma porte.

J’ai pourtant bien essayé de lui ouvrir ma chambre lorsque la nuit succède au jour. Mais il est trop jeune et trop taquin pour que nous puissions nous entendre. D’autant que sa sœur et lui ont la fâcheuse habitude de prendre mon corps assoupi pour une autoroute de chat et qu’ils s’encouragent l’un l’autre à faire des bêtises. La nuit, nous sommes en guerre ouverte. Je suis particulièrement têtue moi aussi. Je sais qu’il est bien nourri et abreuvé. Je sais que ses larmes de crocodiles sont sa manière toute féline de me faire du chantage émotif. Qu’il se le tienne pour dit : sa maîtresse ne cèdera pas.

Libellés :