Caresse nostalgique
Jour de printemps, je me rappelle Simon. Il était déjà mort, je pense, à ce temps-ci de l’année lorsqu’il nous a quittés. J’ai l’impression que ma mère m’a dit autour de cette date-ci qu’on était sans nouvelles de lui depuis un certain temps déjà. Ça fait si longtemps; j’allais avoir 17 ans.
Simon c’était un cousin de ma mère. Que j’aimais beaucoup parce qu’il me parlait comme si j’étais une adulte. Il était plus vieux que moi, 30 ans, je crois, au moment de sa mort. Il était beau et, à mes yeux émerveillés, immensément vivant. C’était un musicien, un charmeur, un rieur. Du moins, dans la partie que j’ai pu voir de lui. Je ne le connaissais pas. Je ne le voyais qu’une fois par année, et quelque fois une année sur deux. Mais je l’aimais.
J’ai été une petite fille et une adolescente rétive : je me cachais dans les garde-robes ou en dessous des lits pour ne pas avoir à donner de becs aux invités. J’avais peur de laisser les gens entrer dans ma bulle, peur de me faire voler un peu de mon essence. Je faisais les gorges chaudes de mes oncles, des amis masculins de mes parents, et de ces petits cousins, plus vieux que moi, qui m’impressionnaient tant. Simon en faisait partie.
Faux, Simon en était l’essence. Un jour, j’avais son fils sur les genoux et je regardais un clown faire des animaux en ballon. J’étais super concentrée et je n’ai jamais vu Simon se pencher sur moi et me coller un bec-mouillé-dégueulasse sur la joue gauche. Quand j’y pense, plus de 15 ans plus tard, j’ai encore la sensation gommeuse désagréable sur ma peau. OUACH! Ce soir-là, il m’a conquise à jamais. Je crois qu’il s’est suicidé trois ans plus tard et, pour moi, ce fut un drame.
J’aurais tant voulu l’aider, le sortir de sa détresse. Mais je sais aujourd’hui que c’était impossible. Je sais quel courage ça peut prendre de décider de vivre. Moi, j’ai décidé de vivre il y a un an. Depuis je mords le plus possible dans toutes les parcelles que l’existence m’offre.
Aujourd’hui une amie a perdu un collègue de classe, mort d’un arrêt cardiaque à 36 ans. Ça m’a fait penser à Simon et à ma première vraie rencontre avec la mort prématurée. Je crois qu’on n’est jamais prêt à laisser partir brutalement les gens qu’on aime. Parce qu’au fond la mort c’est bien pire pour les vivants.
Simon c’était un cousin de ma mère. Que j’aimais beaucoup parce qu’il me parlait comme si j’étais une adulte. Il était plus vieux que moi, 30 ans, je crois, au moment de sa mort. Il était beau et, à mes yeux émerveillés, immensément vivant. C’était un musicien, un charmeur, un rieur. Du moins, dans la partie que j’ai pu voir de lui. Je ne le connaissais pas. Je ne le voyais qu’une fois par année, et quelque fois une année sur deux. Mais je l’aimais.
J’ai été une petite fille et une adolescente rétive : je me cachais dans les garde-robes ou en dessous des lits pour ne pas avoir à donner de becs aux invités. J’avais peur de laisser les gens entrer dans ma bulle, peur de me faire voler un peu de mon essence. Je faisais les gorges chaudes de mes oncles, des amis masculins de mes parents, et de ces petits cousins, plus vieux que moi, qui m’impressionnaient tant. Simon en faisait partie.
Faux, Simon en était l’essence. Un jour, j’avais son fils sur les genoux et je regardais un clown faire des animaux en ballon. J’étais super concentrée et je n’ai jamais vu Simon se pencher sur moi et me coller un bec-mouillé-dégueulasse sur la joue gauche. Quand j’y pense, plus de 15 ans plus tard, j’ai encore la sensation gommeuse désagréable sur ma peau. OUACH! Ce soir-là, il m’a conquise à jamais. Je crois qu’il s’est suicidé trois ans plus tard et, pour moi, ce fut un drame.
J’aurais tant voulu l’aider, le sortir de sa détresse. Mais je sais aujourd’hui que c’était impossible. Je sais quel courage ça peut prendre de décider de vivre. Moi, j’ai décidé de vivre il y a un an. Depuis je mords le plus possible dans toutes les parcelles que l’existence m’offre.
Aujourd’hui une amie a perdu un collègue de classe, mort d’un arrêt cardiaque à 36 ans. Ça m’a fait penser à Simon et à ma première vraie rencontre avec la mort prématurée. Je crois qu’on n’est jamais prêt à laisser partir brutalement les gens qu’on aime. Parce qu’au fond la mort c’est bien pire pour les vivants.
Ce moment où l'on choisit de vivre est une (re?)naissance. Étrangement, on dirait que chaque départ ne nous en fait baver que davantage.