mercredi, avril 06, 2005

Freins

Je travaille comme caissière sur le Plateau Mont-Royal.

Depuis deux semaines, je promène ma bonne humeur jour après jour et je raconte plein de folies à mes coéquipiers.

C'est la saison des madames en ballon (pour reprendre Raymond Plante), c'est aussi celle durant laquelle les jeunes parents sortent leurs nouveaux-nés. J'ai toujours eu un faible pour les jeunes enfants. Je possède ce petit talent d'entrer facilement en contact avec eux. C'est génial parce que je peux leur dire exactement ce que je pense d'eux, les parents sont fiers et moi je m'amuse.

Mais voilà qu'il n'y a pas que des jeunes enfants qui passent à ma caisse. Et comme le printemps me fait, semblerait-il, son effet, j'ai des désirs de dire à tout le monde ce qui me passe par la tête. Surtout les trucs positifs. Hier, un jeune homme aux yeux d'un vert intense a croisé mon chemin, j'avais tellement envie de lui dire : « Je trouve que tu as vraiment des beaux yeux! » Aujourd'hui, j'ai failli dire à un autre mec que je le trouvais beau. Simplement comme ça. Mais je me suis retenue. Je sais vivre.

Je me demande donc, pourquoi plein de gens se sentent obligés de dire les choses désagréables et que nous sommes tous mal à l'aise de dire les belles choses?

Je me pose la question parce que, pour revenir à mon éternelle problématique du corps, il m'est arrivé par le passé de me faire dire par un gars que je ne connaissais pas : « Tu ne devrais pas t'habiller de même, t'as l'air grosse. » Ça ne m'a pas particulièrement fait plaisir. Ça ne m'a pas particulièrement aidée à me construire une estime de moi non plus. Oui d'accord, je suis ronde. Ce n'est pas une raison pour me le dire. Dans une société où l'on cultive le look ultra-mince, ce n'est pas particulièrement champion d'être ronde.

Et moi, je suis là, déconfite avec mes compliments qui me restent à travers la gorge parce que je me sens malvenue de les lancer à la tête des gens.

Et pourtant, qui sait, peut-être que ça ferait du bien à l'un d'eux?

5 Commentaires:

Blogger Lumières s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bonjour Mamathilde :-)
Ben moi j'ai osé, un fois, l'année dernière ;-)...
Le gars a failli s'étouffer. Il était rouge comme une écrevisse et ne pouvait plus parler sans bafouiller. Ça a fait comme un p'tit froid... (Mais qu'est-ce qu'il était beauuu)

9:41 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ça vaudrait quasiment la peine d'essayer pour voir une écrevisse!

9:45 p.m.  
Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Salut Mathilde!

T'as tellement raison là-dessus!

Dans ton texte tu dis que tu avais envie de dire à un homme qu'il était beau, mais que tu n'as rien dit, parce que tu sais vivre... Au contraire, le savoir-vivre, ça devrait être de savoir dire les compliments quand ils nous passent par la tête.

On dirait que les gens sont allergiques à la gentillesse. Celui qui complimente passe pour un téteux. Ou pire; dans un bar, quand un gars fait un compliment à une fille, spontanément, elle figure qu'il veut coucher avec elle!

Bref, on se retient souvent de peur que notre mot gentil soit mal interprété.

Moi, je ne me retiendrai pas: je trouve que tu es une fille brillante, intéressante, et avec beaucoup de talent pour ce qui est de communiquer tes idées par le billet de ce blogue.

6:54 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Salut mamathilde!

J'avais autrefois plus de facilité à complimenter les gens. Surtout les filles. Lorsque je travaillais à la librairie, je me rappelle avoir vue dans la section des guides de voyage cette jeune fille que j'avais déjà vue ailleurs, au cégep je crois, et j'ai décidé d'aller lui dire à quel point je la trouvais belle. Et tout ça, sans intention aucune, j'avais à l'époque une copine et j'en étais éperduement amoureux.

- Salut.
- Bonjour, répondit elle, gênée.
- Je t'ai déjà vue ailleurs, je ne me souviens pas trop où?
- C'était peut-être ma jumelle?
- Ha. Possible. Ben je tenais à te dire que toi, et probablement ta soeur, vous étiez très très jolies.

Petit rire étouffé.

- Merci, c'est très gentil.
- Je t'en prie! Au plaisir!
- Merci encore, salut!


Et voilà, tout simple. J'en suis certain, ça lui a fait chaud au coeur.

Mais c'est vrai, ca m'a pris tout un courage pour pouvoir lui dire ces mots tous simples!

10:28 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Souris, tu as raison : on se retient souvent de peur que notre gentillesse soit mal interprétée.

Robin : t'inquiètes lorsque je connais de près ou de loin quelqu'un, j'ai la facheuse habitude de lui garocher mes compliments à la figure.

Ça fait partie de mon pacte d'adolescence. Parce que je n'avais jamais dit à Simon qu'il était important pour moi.

8:24 p.m.  

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