Le bout de papier
Le thème du coitus cette semaine c'est «Un petit bout de papier chiffoné dans la poche arrière de son jean». Je me suis amusée à me faire un clin d'oeil personnel et j'ai griffoné une suite pour mon «Carnet de doute»
Bonne lecture!
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Terré dans les buissons, je regardais la fenêtre illuminée.
Je savais pourquoi j’avais échoué ici. Depuis 3 ans que je traînais le même bout de papier froissé dans la poche de mon jeans, comme pour m’assurer de ne pas faire d’erreur. À force d’usure, le papier était redevenu blanc et tout déchiré. On pouvait encore voir une fine trace d’encre bleue. Cependant, c’était impossible d’en lire les mots. Ce qui, au bout du compte, n’avait plus d’importance parce que j’en connaissais le contenu par cœur : «Marie, 15 rue des Érables ».
Je n’avais jamais osé sonner. Même si je suis passé ici souvent. C’est ce qu’il y a de moche lorsqu’on est populaire. Il faut rester dans la clique. Sinon, gare à la déchéance. Si qui que ce soit m’avait vu aller voir Marie, ou aurait soupçonné que je mourais d’envie de m’asseoir près d’elle à la café, je serais passé de vedette locale à dernier des têtards.
Mais ce soir là, après que j’eu appris la mort de mes amis dans un accident de la route. Après que ma mère m’ait dit qu’il n’y avait plus rien d’eux que des carcasses calcinées. J’ai suivi l’itinéraire de ma poche. Et je me suis terré dans les buissons. Silencieux.
Marie doit avoir de drôles d’antennes. Parce que j’étais là depuis 15 minutes à peine lorsqu’elle est apparue sur le balcon. Elle a traversé la rue rapidement, a tassé les branches, ramassé ma planche et pris ma main comme si c’était la chose la plus naturelle du monde.
On est entrés dans la maison. Dans l’escalier qui mène à l’étage elle a lancé : « Philippe dort ici maman. Tu peux aviser ses parents svp? » Nicole n’a rien dit. D’un hochement de tête elle a acquiescé. Marie m’a tiré dans la chambre, m’a poussé sur le lit et a lové mon trop grand corps dans ses petits bras.
C’est à ce moment qu’elle m’a dit : « Ok, c’est beau, je suis là, tu peux pleurer maintenant ».
Me voilà tout aussi chiffonnée que le bout d'papier, là... Snif snif, c'est beau.
Oui, tu n'as rien à m'envier sur ce texte Mathilde, c'est très beau.
(et moi aussi il me faut souvent un peu de temps pour trouver l'idée...)
Ah oui ! Je suis retourné lire ton "Carnet de doute" : y'a pas à dire, ça lui fait une très jolie suite !
Ce serait chouette que tu poursuives ce récit..
Ce qui est surtout émouvant dans l'histoire, c'est que ça fait 3 ans qu'il a ce bout de papier, qu'il se rend chez Marie sans jamais oser la voir, et que celle-ci manifeste une attitude aussi aimante et compréhensive. C'est de l'inattendu, à ce point-là.
Maridan' : Il vous manque des bouts à l'hitoire. Des grands bouts. Je vous raconte seulement des extraits punchés. Rien d'autre n'est écrit remarques, mais je sais après quoi un évènement s'insère. Étrange puisque je n'ai pas vécu cette histoire et que je ne m'étais pas arrêter à essayer d'écrire quelque chose sur le long terme.
On dirait que ce récit pousse de lui-même.