samedi, septembre 24, 2005

Mentir

Consommer des hommes comme s’ils s’étaient des quantités négligeables. Aller jusqu’au fond de la bouteille pour éviter de regarder les douleurs qui montent à l’assaut. Me nier pour oublier que la solitude me pèse. Virevolter au rythme des rencontres en espérant que celui-là me fera le plaisir de ne pas être là à mon réveil. Vouloir à toute force me faire remarquer.

Revoir certains visages et me dire : « il me semble que je connais ce mec ». Assumer qu’il me connaît aussi, qu’il se souvient. Le voir se pencher sur moi pour me faire la bise avec dans le fond des yeux une invitation à la récidive. Tandis que je reste perplexe n’ayant que de vagues souvenirs d’une nuit échevelée. Plus certaine d’avoir la bonne en mémoire d’ailleurs. Trop nombreuses consommations. De mecs.

Entendre une voix me susurrer à l’oreille des mots tendres, pour me faire plier. Y rester indifférente. En apparence. Avoir dans le cerveau ce tumulte d’informations et me dire : « non, c’est terminé ». Rejeter de tout mon être la facilité qui ne me mène nulle part ailleurs que dans l’immédiat. Ne plus vouloir me mentir au point de me laisser croire que je n’attends rien. Et que je ne vaux pas davantage.

Tout raconter en taisant l’important. Me sentir coupable d’aimer mal. Encore plus d’avoir envie de voir ceux-ci plutôt que celui-là. Mentir pour ne pas avoir à y faire face. Mentir parce que la vérité ne serait pas acceptée, reçue comme inadmissible. Faillir à un rôle que je ne sais pas comment porter. Mordre avec avidité dans des amours improbables pour ne pas reconnaître que je voudrais qu’on m’aime.

Ne surtout pas avouer mes faiblesses de peur de faillir. Refouler les larmes jusqu’à ne plus savoir les faire jaillir. Rire. Toujours rire.

Me réveiller seule par un froid matin de septembre et réaliser que ça fait presque six ans et demie que je n’ai laissé un homme m’aimer.

7 Commentaires:

Blogger M s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Et parmi tous ces amants égrenés, pas un seul assez fou pour te conquérir et te convaincre? Pour te faire prendre le risque ?

Princesse esseulée, pourquoi refuser que l'on t'aime ?

4:27 p.m.  
Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Toujours cette même sensibilité, cette profondeur qui me touche chaque fois que mes yeux effleurent tes mots.

Se laisser aimer est le plus grand cadeau que l'on puisse s'offrir et c'est pourtant si difficile de s'y abandonner...

4:31 p.m.  
Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Superbe introspection... et que de beaux mots pour l'exprimer!

7:14 p.m.  
Blogger Lumières s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Touchée

7:01 p.m.  
Blogger Luzur Maurat s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ça peut paraître complètement idiot mais, parfois j'aimerais pouvoir mentir de la sorte, les occasions ne se présentent pas et je ne les provoque pas non plus sachant qu'une partie de moi-même m'empêcherais de mentir.
Je te comprend Mathilde. même avec les limites d'empathie qu'un homme peut avoir, parce qu'ils passent tous pour des menteurs eux aussi, des profiteurs d'occasions, des voleurs de liberté.

12:04 a.m.  
Blogger Danielle s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Moi je dis que ça prend un oiseau rare pour l'ailée unique que tu es, pis je te souhaite de le voir au bon moment te voler autour et te ravir le coeur...

12:19 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

M : Je ne crois pas qu'un de ces hommes soient tombés amoureux de moi. Je crois que j'ai choisi mes amants dans la tranche de ceux que je saurais atteindre, pour qu'ils ne m'atteignent pas non plus.

Sans doute parce que j'ai cru longtemps que je ne le méritais pas.

Pitounski : bien d'accord avec toi.

kayenne : bienvenue sur mon blogue.

Maridan' : Un oiseau rare sans doute... Un mec courageux aussi, je crois.

10:35 a.m.  

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