mardi, octobre 11, 2005

S'étioler

Ils avaient passés des mois à apprendre à se connaître. Elle s’était laissée prendre au jeu de cette relation exclusive. Dans la mer de ses yeux, toujours la quête d’amour qui la caractérisait depuis si longtemps. Tandis que lui gardait le regard fuyant de ceux qui ne sont pas certains d’avoir mis les pieds sur le bon navire.

C’est l’histoire commune d’une rencontre. Elle qui aime; Lui ne sait pas. Et la peur qui prend les tripes. Qui monte le long de la colonne vertébrale comme un vilain serpent.

C’est le banal : « je suis bien avec toi, mais…». Et les couches de silence qui se succèdent.

Dans cette histoire, Elle a tu l’amour. Tenter de le circonscrire ; de le tuer peut-être aussi. De faire comme si ce sentiment n’était pas important. Tenant compte de tous les avertissements que Lui prodiguait. Se taire pour ne pas le perdre. Se taire pour ne pas tout perdre. Et arriver au final avec la même conclusion : il est parti.

Parler est difficile parce qu’on veut tellement garder les îlots d’amour qui nous entourent. On se fait croire que ne pas être certaine nous laisse plus de choix que de savoir que l’Autre ne nous aime pas. Et on se construit des personnages imaginaires tellement collés sur la vérité qu’on ne voit pas qu’ils en sont distancés. On interprète insidieusement leurs paroles pour approuver ce que l’on ressent, sans se rendre compte que tout est faux.

Étrangement quand on a peur de perdre, on provoque la ruine. Tandis que lorsqu’on décide de foncer, on gagne le plus souvent. C’est une lutte de tous les instants. Tasser le doute. Même en amitié. Peur de déranger, de prendre trop de place, d’ambitionner sur l’espace qui nous est imparti. Peur que l’Autre cesse de nous aimer.

Il y a des histoires vouées à l’échec et on le sait souvent depuis le début. Pourtant on continue à se taire, jouant la petite bête possessive autour de ce qu’on ne veut pas laisser aller. On s’acharne à conserver le squelette d’une relation qui se putréfie sur elle-même.

Et c’est notre âme qui s’étiole, toujours un peu plus.

4 Commentaires:

Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

"Étrangement quand on a peur de perdre, on provoque la ruine."

Effectivement, l'insécurité et le manque de confiance en soi fait souvent faire des gaffes... Parfois parce qu'en voulant "trop" l'autre, on finit par l'étouffer, bien malgré nous.

5:03 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

"Se taire pour ne pas le perdre. Se taire pour ne pas tout perdre [...] Tandis que lorsqu’on décide de foncer, on gagne le plus souvent".

Parfois, parler fait fuir aussi. Et foncer, veut seulement dire, je crois, s'écouter, écouter son coeur. Le plus paradoxal, le plus triste, c'est lorsque l'on parle, mais qu'on ne s'écoute même pas.

5:38 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

"Étrangement quand on a peur de perdre, on provoque la ruine."

Et si ce n'était pas si étrange ? Et si on s'enfuyait simplement devant ce trop plein de doutes, de peurs, d'angoisses à gérer ?

5:16 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

À la lumière de vos réflexions j'ai mis le doigt sur ce que je voulais dire précisément. En réalité on se tait souvent parce qu'on se sait vulnérable et le processus de défense interne nous pousse à nous barricader pour ne pas admettre cette vulnérabilité. Mauvais réflexe. Parce que lorsqu'on l'a admise cette vulnérabilité on est généralement plus fort encore. Mais lâcher prise sur le reflexe de protection qui nous mure dans le silence est une tâche ardue.

10:28 a.m.  

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