mardi, décembre 06, 2005

La lune dans le caniveau

Voici ma contribution pour le Coïtus impromptus de la semaine. C'était mon état d'esprit hier. Ne vous alarmez pas, je vais très bien.

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Décembre s’enfle sur la ville. Les journées commencent tard et finissent tôt. Je me sens seule, isolée. Isolée dans un célibat qui ne finit pas de s’étirer. Et je me mets à jalouser toute sorte de trucs absurdes. Moi qui ai toujours dit que ce n’est pas une de mes qualités principales, je me complais dans un malheur qui n’est pas si malheureux que cela. Je pleure des larmes qui ne sortent pas. Je m’avilie. Je me compare et me désole. Je suis la très Drama Queen que je croyais avoir laissée quelque part dans mon adolescence. Je me victimise.

Quand la journée se meure et que naît la nuit, les lumières électriques ne me disent rien qui vaillent. Elles sont des yeux qui m’observent et me jugent. Pourtant, elles ne font pas davantage attention à moi qu’aux autres quidams qui traversent Montréal. Je me replie sur moi-même fouillant l’intérieur de mes tripes en les éventrant sur la table sans vraiment regarder ce qui s’y trouve. Simplement de poser le geste suffit à me dire que je suis à côté de la plaque. Je dissèque sans porter attention aux indices qui me définissent, ce faisant je me mens par aveuglement volontaire.

Je me crie incomprise, mal aimée, délaissée. Je me crie muette. Je me badigeonne de mépris que je me convaincs de lire dans l’œil des autres. Déresponsabilisation totale. Ce n’est pas de ma faute hein? Ce ne pourrait pas être juste moi. Il faut des coupables. Le talent de ceux que je lis, la finesse des plumes qui jalonnent les carnets où se reposent mes yeux, la franchise de certains, la pudeur qui transcende les pages, ailleurs. Je lis des blogues dans lesquelles les discussions intellectuelles me laissent pantoise et je me sens larguée quelque part dans la haute mer des « assis entre deux chaises ». Je me pourlèche de ces sensations dévalorisantes qui me confirment dans une infériorité que je créée de toutes pièces.

Je n’ai plus d’éclat, plus de talent. Je ne suis qu’une petite parcelle de moi qui ne veut même plus être écrivain. Je ne veux que faire pitié. Et si par hasard, j’intercepte un regard qui me dit la pitié justement, je rage et me jette contre cet assaillant imaginaire à coups de poings et de griffes. Je mords aussi. Je suis bouette. Fatiguée et lasse de ce conflit de travail qui me ronge la patience et le budget. Épuisement. Je n’ai plus d’étoile dans les yeux.

Ma lune gît dans le caniveau.

2 Commentaires:

Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Si je pouvais avoir le quart de ton «pas de talent»... qu'est-ce que mes textes torcheraient!! ;)

3:52 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

7aucarré: Merci et bienvenue sur mes chemins.

Uto : J'ai mis ce texte en ligne parce que je ne me sentais plus aussi bouette. J'ai remis ma Drama Queen dans le garde robe et j'ai ri de moi. Ça a fait du bien.

Le décembre qui enfle je le trouve aussi pas mal chouette. Et merci pour le compliment.

La Souris : rires et merci. Pour la correction aussi.

9:06 a.m.  

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