vendredi, novembre 25, 2005

L'improbable caissière

Lorsqu’il a contourné la colonne pour passer à ma caisse, j’ai regardé ma collègue et nous savions toutes les deux qu’on le trouvait franchement beau. Il s’est arrêté devant moi plutôt que devant elle et m’a demandé si le livre qu’il tenait à la main était récent. Alors j’ai foutu le camp dans un trou sans fond. Cette voix était totalement charmante. Quelque chose de grave, de rond de doux et de posé avec une élocution quasi parfaite. J’avais cette envie folle de fermer les yeux pour l’écouter, en disséquer tous les accents, toniques et autres. Il me regardait un peu gêné parce qu’il trouvait que sa question manquait de pertinence et moi je lui ai dit que je n’étais pas d’accord. Je trouve plus absurde qu’on me demande si nous avons le Code Da Vinci quand il y a une montagne dudit livre dans l’entrée. Bref… Il était charmant.

Ensuite, il s’est trouvé des raisons pour me parler, il prenait son temps à remballer ses trucs, me regardait dans les yeux pour me poser des questions sur la délicate question du fait que je travaille quand près de la moitié des librairies de notre chaîne est en grève. Nous avons discuté des rapports de force entre la partie patronale et les parties syndicales. Il était allumé, intelligent, bien mis et il sentait bon. Il avait donc un potentiel de séduction, à mon endroit, particulièrement développé. Quand il fut parti, ma collègue s’est mise à commenter : sa voix, son apparence, son odeur. Accroché sur mes lèvres un immense sourire, sans doute ravageur, qui me traîne sur le visage depuis cinq bonnes minutes. Elle me dit : « tu me caches quelque chose ». Elle avait raison.

Moi je laissais l’impression m’envahir et cet amusement complet prendre sa place. Ma collègue plissait les yeux de curiosité et savait que je finirais pas tout déballer quand les employés qui traînaient autour des caisses seraient retournés à leurs postes respectifs. Une quinzaine de minutes plus tard, quand les autres furent partis elle attendait impatiemment mes explication alors je lui dit : « J’avais envie de lui dire : t’es beau et tu le sais. T’as une voix qui m’assassine mais ça tu ne le sais peut-être pas ». Et de me faire interrompre : « Mais pourquoi tu l’as pas dit! T’es tellement capable de faire cela! » Et moi de conclure : « Parce que la prochaine phrase qui me popait dans le cerveau après cela c’était : Pis t’es bandé et ça paraît ».

Je me suis tue et je me suis drapée dans le sourire qui dissimule les fous rires.

Et puis, je connais son nom.

20 Commentaires:

Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mouhahaha.
Touché !

11:15 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu connais si bien les hommes. :)

2:09 p.m.  
Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Paraît qu'il y a des hommes que l'intelligence fait bander! ;)

2:59 p.m.  
Blogger La Dame du Lac s'est arrêté(e) pour réfléchir...

O_o

Oy!!!

Je m'attendais pas à ça!


Il se passe jamais des trucs comme ça quand c'est moi à la caisse....(heureusement, peut-être)

...

si on excepte cette histoire de texture d'implant mammaire, évidemment

3:59 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Euh, c'était pas dans ce sens-là, Marco.

6:56 p.m.  
Blogger Charles Bolduc s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mmmmoui !
L'intelligence est un aphrodisiaque pour plusieurs d'entre nous.
Enfin, ce sont ces personnes-là, celles avec qui ça connecte dans la tête, au fond du regard, qui ont un réel potentiel à nous agripper la pompe à sentiments.
Après, si elles sont belles en plus, qu'elles sentent bon et qu'elles parlent avec une voix chavirante, eh bien on est en affaire !

10:12 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

(un peu fâché) Si cette histoire est un temps soit vraie... veux-tu bien me dire pourquoi tu n'as rien dit? Il serait devenu rouge et n'aurait pu qu'acquiescé. Tu sais très bien que tu n’as rien à perdre… Il faut parfois prendre le taureau par les cornes et oser. Oser dire ce qui nous passe par la tête, oser se vider le cœur, oser mettre ses tripes sur la table. Bien sûr ça fait peur, mais ça libère et c’est authentique. Et puis, ceux qui partent en courant n’en valent pas la peine.

11:51 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Wow... j'en bave, littéralement.
Mais pourquoi, pourquoi mon dieu j'étais pas la???
Si tu le revois un jour Mathilde, fais-moi signe, habituellement je ne suis jamais bien loin ;).

12:13 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jay : pour une fois que c'est moi qui suis drôle ;) !

Benoît : Tu penses? Moi je pense que je les observe surtout bien!

La Souris : Bah, j'ai comme l'impression que c'était un cercle vicieux : je le trouvais beau, je riais sous cape, j'étais charmante. Genre de machin du genre.

Laurie : Si ça arrivait pendant que t'es la caissière, on aurait pas fini de te voir rire. Moi l'histoire des toutous en implans mamaires, je l'avais déjà oubliée. M'enfin, c'est pas moi qui ai vu le client.

Charlie : Hey salut! Les personnes avec qui ça connecte dans la tête sont toujours les plus jolies rencontres. Mais celle-ci était surtout un heureux hasard qui m'aura amusée.

Alex : Parce que quelquefois, ça vaut la peine d'espérer une deuxième rencontre par l'autre provoquer?

Jen : Me semble me voir t'appeler de la caisse pour te dire " tsé le gars qui a fait face à l'improbable caissière? Il est là". Ce serait d'un subtile... Ouch... Pire que le pas subtile de la femme requin

9:52 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

You got me and he better do it, or else... ;-)

10:01 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Annie-Sandra : Déslolée, je suis passée par dessus ton commentaire : J'aime bien cultiver les chutes. Je ne poste jamais un texte sans que je sois satisfaite de la finale.

10:04 a.m.  
Blogger Luzur Maurat s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

1:07 p.m.  
Blogger Lumières s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Morte de rire...
Moi je suis d'accord avec Alex; faut prendre le taureau par LA corne ;-)

5:53 p.m.  
Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ouais, bon y'avait trop de lettres dans un seul mot. Ça fuckait tout ta page.

Alors voilà, je disais:

Pouhahahahaha hahahaha hahahahaha hahahahaha hahahaha hahahahha hahahahah hahahahah hahahahah hahahahah
etc.

5:59 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Lumières : je t'aurais au moins fait rire :). Très touchée que tu te désoccupes assez pour venir me lire, ma chère!

Jay : la prochaine fois que tu me fais une affaire de même je te mords (à distance).

8:45 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blogue.

8:48 p.m.  
Blogger Joss s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ha! C'est là la seule et unique consollation de perdre des grandes heures de ses journées aux caisses de cette librairie connue. J'y ait sacrifié aussi énormément d'heures. Mais, combien de sourire et de rencontres du genre... Hum... Trop peu sûrement, mais des belles quand même. Pas plus belle que ton histoire, par contre! Espères-tu une suite? Moi oui! un peu parce que je suis voteur, un peu parce que je trouve ça beau des histoires de rencontres qui se poursuivent, mais aussi, surtout parce que je pense que le bonheur de l'humanité passe par les sourires derrière les comptoirs, les bonnes odeurs de parfums charmants et... inévitablement, par les bosses qui se forme sous les vêtements...

12:58 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bonjour Joss, bienvenue sur mes chemins. Si j'espère une suite? Bah non. Moi j'ai ri un bon coup avec mes copines de caisse, ce qui est l'essentiel à mon avis. Mais je te dirais qu'il y a énormément de monde dans ma foutue librairie qui veut savoir c'est qui ce foutu mec. Je ne lui souhaite pas de passer quand je travaillerai ou encore quand "Moi" travailleras (nom sous lequel signe la collègue mentionnée dans ce texte)parce que sa pauvre face va faire le tour de du magasin à une vitesse folle.

9:54 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Mouarfffffffffffff ! Je me marre.
Déjà les expressions finales, c'est du miel alors la chute !

6:47 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Cali : tsk tsk tsk! Je ne sais pas pourquoi j'avais l'intuition que vous aimeriez ce texte... Ce doit être une question d'impudeur dans les mots... Et d'autres choses aussi :)

9:22 a.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier