Comment je fais moi
Il y a des hommes qui me confient au détour d’un hasard qu’ils s’épuisent à faire rire ou réfléchir. Ils me demandent comment je fais pour exposer mes tripes comme cela, prêtant volontairement le flanc à la vulnérabilité, montrant exactement là où je suis sensible, dans tout le vrai de la question. Et c’est à ce moment qu’ils réalisent que je suis beaucoup plus protégée que je n’en ai l’air, justement parce que les faiblesses admises ne sont plus aussi chatouilleuses; au moins elles ne donnent plus de prise à la manipulation de mon censeur intérieur. Il y a des hommes qui me tendent la voix comme un murmure à l’oreille pour m’annoncer qu’ils sont beaucoup moins bien que ce que je crois, avec mes yeux écrabouillés d’adolescence attardée. Moi, je les regarde un drôle de sourire en coin, parce qu’évidemment, ils ne m’apprennent rien.
Il y a de ces gens que je reconnais au premier regard quand je vois, dans le fond de leurs yeux, danser un poète maudit, éternellement insatisfait. Ces gens me jettent des coups d’œil étonnés parce que je ne suis pas cette tristesse langoureuse. Je ne l’ai jamais été. Je verse plutôt dans
Il y a de ces femmes qui me regardent, abasourdies, quand je leur raconte qui était la femme requin. Elles me disent que jamais elles n’oseraient agir comme je l’ai fait et me trouvent courageuse d’avoir pu pousser l’audace dans ses retranchements les plus lointains. Il y a des ces femmes que j’énerve simplement parce que j’existe et que ma seule présence les rend mal à l’aise, parce que, ma place je la prend en arrivant. Il y a de ces femmes qui me prennent pour modèle parce que j’ai cette faculté de me mouvoir dans tous les océans, arborant mes étendards d’excentricité en toute fausse modestie.
J’observe ce personnage complexe et je me dis que finalement, je ne suis qu’un chaton agité qui joue avec une balle rebondissante, en regardant, fasciné, la direction qu’elle va prendre.
Bonjour Mathilde,
merci de ton commentaire sur mon texte. Merci également pour ton adresse. J'aime bien ton blogue. Il me fera plaisir de plonger dans tes textes régulièrement. Pour l'instant, beaucoup de lecture m'attend puisque tu écris depuis un moment déjà.
Bonne soirée, bonne nuit
Un chaton, ce n'est pas si innocent que ça en a l'air. La preuve, il possède des griffes.
Nous sommes tous des prismes qui se colorent à la lumière des regards des un(e)s et des autres.
Utopiaque : Vlan! Non mais tant qu'à semer un commentaire, pourquoi pas hein? Je dirais que ce texte est surtout l'addition de trois réflexions sur moi-même. Par contre je ne me sens pas menteuse. Je me sens moi. Et moi est un personnage complexe amis très attachant.
Jacynthe : comme j'ai souvent dit aux personnes qui semblent manifester l'envie de me lire en totalité, j'écris beaucoup : ça peut être long, mais je serai flatté que tu complètes l'exercice.
Cali : je n'ai pas choisi l'image du chaton pour rien. Et j'y ajouterais même une envie gourmande de transformer la balle en oiseau.
La direction...
C'est justement le point que je me dois d'éclaircir présentement. Pas seulement au sens propre, mais aussi au sens figuré. Tu as touché quelque chose ici, je l'avoue non sans peine. Moi, toute petite devant ce chaton qui pourrait à tout moment sortir ses griffes et lacérer tout ce qui se trouve à sa portée. C'est moi qui suis petite, encore plus que toi. Et les étoiles qui nous surplombent au lointain ne font qu'amplifier ce sentiment par ailleurs déjà trop vécu, celui de n'être qu'un grain de sable dans un océan de souffre.
Jen : je crois que nous sommes toutes minuscules devant d'autres personnes. Si je te donne cette impression de hauteur c'est sans doute parce que j'ai une certaine confiance en moi aujourd'hui, une certaine expérience vie qui me permet d'être bien confortablement axée sur mes fondations. Mais, je doute encore tous les jours. Je me sens petite tout le temps. Petite parce que je ne suis pas un auteur publié, petite parce que je ne suis que caissière sur appel après 2 ans de maîtrise... Et je ne suis qu'un grain de poussière dans le sable du monde. Sauf que je tente de prendre ma place.