Une petite jalousie
Je le regarde de loin. Ne pas m’approcher, ne pas aller poser de questions et pourtant elles me tarabustent le fond de l’âme. Il est présent et la regarde dans les yeux tandis qu’elle parle, comme si elle était la personne la plus importante au monde, comme si rien d’autre n’existait. Je tente tant bien que mal de me mêler aux discussions autour de moi, de rester là, avec les autres, mais je sais que je m’envole vers lui, que je voudrais être une mouche pour tout entendre ce qui se passe. Il la quitte et marche tranquillement vers notre table de toute sa belle assurance, celle qui m’a chaviré le cœur au premier regard. En chemin une autre femme l’aborde. Il rit en penchant la tête pour la voir mieux. Lui adressant ce sourire tellement sincère que je voudrais garder pour moi seule. Je serre les points sous la table. J’essaie de ne pas regarder dans cette direction sauf que c’est exactement dans mon champ de vision.
Quand il finit par arriver à nous, il s’assoie à côté de moi et me serre la main. Une lueur dansante dans le pailleté de vert qui m’observe. Il s’amuse. À nouveau. Il me dit : « t’as encore peur, ma p’tite jalousie, t’as encore peur que je me retourne sur la première fille à me croiser. T’es conne de douter. T’es conne mais je t’aime comme ça. » Je mords ma lèvre inférieure. Je rougis et je baisse les yeux. Il soulève mon menton de l’index pour que je le regarde. Il me dit : « Avoue, allez! » Je réponds, en chuchotant : « Tu le sais. » Il replace une mèche qui me cache les yeux et m’embrasse doucement, rieur. Il sait que je ne le crois pas, il sait que je doute encore. Il sait que je ne suis pas capable de croire que c’est moi qu’il choisi. Jamais croire à ces histoires. Jamais. Trop de trahisons. Ma voisine me murmure que je suis chanceuse d’avoir un gars comme lui dans ma vie et j’ai envie d’hurler que je le sais. Que je sais que tout le monde l’aime et que toutes les filles le trouvent beau. Que je sais qu’il finira par me quitter pour une autre, plus fine, plus belle que moi.
Une femme pose sa main sur son épaule, une main tellement chic, tellement classe. Les ongles en sont vernis et des bagues ruissellent de couleurs telles des promesses d’avenirs meilleurs. J’ai les boyaux tordus sous l’effet de cette intrusion. Il observe la nouvelle venue et me la présente. Je n’aime pas les ex, je n’aime jamais les ex. Elles ont ce talent de ne pas être atteignables, tellement parfaites. Sauf moi. Je suis toujours l’ex folle, trop jalouse. Celle qu’on quitte pour ne pas étouffer. Je ne sais pas faire autrement. Finalement, l’ex s’en va. Il me dit dans le creux de l’oreille : « T’es beaucoup plus belle qu’elle, et plus vraie aussi. » Je sais qu’il me ment : elle est somptueuse. Genre de femme sur le passage de qui tout le monde se retourne et qui le sait. Il ajoute : « Pis toi, tu m’aimes. Tout croche, toute jalouse, mais tu m’aimes. »
Je sais bien que je suis ridicule, je sais bien que si je n’arrête pas de douter, je vais finir par le jeter en dehors de ma vie. Je n’ai pas appris que la confiance était payante. Je me suis cuirassée. Je me dis souvent que je pourrais le quitter avant qu’il ne le fasse en me demandant ce qui est le plus courageux : partir ou rester.
Rester! C'est Rester la réponse!
Touché. Direct au menton.
Il faudrait se pratiquer à dire: il est chanceux d'avoir une femme comme moi dans sa vie ;-)
(et à le croire surtout!)
Un beau texte comme tu sais les écrire, toujours.
Dérangeant, très fatiguant... mais étant donné ma propension à la jalousie presque nulle, de même qu'a la complainte de la dépréciation, je n'ai qu'une chose à dire: IL est un saint amoureux. Évidemment, je n'ai que ce qui est écrit sous les yeux.
Sauterelle : T'es vraiment convaincue?
Intellexuelle : Boxeur moi? Je pense que je manque un peu de courage, m'enfin...
Lumières: Oh Allo! Je suis contente de te voir!
Oui, il faut se pratiquer. Mais tu sais, je ne suis pas jalouse dans la vie. Ce personnage ne me ressemble pas du tout.
Alex : *rire*
Je pense que je pourrais vivre avec pour un certain temps mais pas longtemps. Et puis ma bonne femme elle est cute pareil. Alors, ça donne envie de l'aimer.
Fuir. Fuir dans l'espoir de se réconcilier avec la vie. L'essentiel est de s'aventurer vers des lieux inconnus. L'inconnu ouvre à toutes les espérances.
Je suis d'accord avec Sauterelle et Lumières. Une ex fait toujours peur, mais il ne faut pas oublier un truc: c'est elle le passé et toi le présent...