Les deux pôles de M
Il y a une voix très douce qui s’est posée dans mon oreille. Une voix féminine, vraiment. Elle était mandée en entrevue par le directeur pour un poste. J’ai tout de suite été conquise par ce petit bout de femme hésitante entre la force et la fragilité. Lorsqu’elle a quitté je lui ai dit que j’espérais la revoir bientôt, comme employée. J’ai rapidement oublié, mais pas elle. Elle s’est présentée devant moi pour l’entraînement, toute émoustillée, déjà un peu fan et on ne se connaissait pas. Un accroc du destin qui faisait en sorte qu’on s’était reconnues au premier moment, sans l’ombre d’une hésitation.
Je suis partie peu de temps après, on ne s’est pas vraiment connues. Quand je suis revenue elle avait changé de nom et pris des habitudes. Quand je suis revenue elle traînait une peine immense dans la mer du bleu de ses yeux. On voyait clairement que son parcours récent s’était fait de récifs en abysses. Il y avait une larme dans sa voix et des lames dans son regard. Je la voyais comploter en catimini des plans de déménagement avec un collègue qu’elle ne connaissait pas 8 semaines plus tôt et je la trouvais courageuse de bouger si vite.
Quand je suis revenue, je croyais qu’elle était timide, discrète et enfant sage. Je me trompais lourdement. Elle fait désormais partie du quatuor infernal de karaoké. Je sais qu’elle est capable de répartie cinglante et de coup de gueule à faire rougir. Ses colères sont moins tonitruantes que les miennes, mais elles n’en mordent pas moins. Quand quelque chose la dérange elle se nous parle la tête baissée, en regardant par-dessus ses lunettes comme pour mettre du flou entre elle et nous. Elle nous dira de sa voix chantante : « il y a un monsieur qui m’a dit que j’étais bien roulée en croyant qu’il me faisait un compliment. Moi j’avais juste envie de lui dire que je n’aimais pas ça et qu’il était un vieux dégueux! » Les filles et moi rirons aux éclats tandis qu’elle nous lancera : « C’est pas drôle, c’était un dégueulasse pour vrai! »
Quelquefois elle se perd dans les confins du monde. Elle se pavane, erratique, entre les plus hauts sommets et les vallées creuses. Avec le temps elle a appris qu’elle est sa pire ennemie alors elle nous tend la main pour rester près de nous. Dernièrement, elle a décidé de s’aider en ouvrant un page sur la toile. Elle dit que c’est de ma faute et que c’est moi qui lui ai donné envie d’écrire. Je n’en crois rien. Je pense plutôt que c’est à sa seule force tranquille qu’elle se doit d’avoir fracassé son âme sur un coin du web.
Je vous invite à la découvrir, elle s’appelle M, et porte ses pôles en contradiction au bout de ses mots.
Un portrait magnifique pour une fille magnifique ^_^
Et moi je rajoute qu'elle a un charme incroyable et que dès qu'elle entre dans notre vie, on ne peut plus s'en passer!
Areuh! J'ai tout de suite vu notre chère M dans tes mots sélectionnés avec soin. Bravo à toi pour ce touchant petit texte, et bravo à M pour son courage et sa percévérance. ^_^
Il est vrai que je ne te laisse pas beaucoup de coms mais c'est un plaisir à te lire et te relire. Sincèrement.
Laurie : je sais pas de qui entre toi et moi s'est laissé convaincre le plus rapidement que cette demoiselle était, très exactement de la fibre des filles dont on voulait pour amie. M'enfin on était cuites dès le début.
Lew : Mettons que t'as un point de vue biaisé, mais je t'approuve dans tes commentaires.
Écran blanc : Ton regard sur mes texte, avec l'accuité qu'il possède, est en soi un compliment.
Haha!!! À qui le dis-tu!! ^_^