vendredi, janvier 27, 2006

Mon esquif

Je me suis un jour assise entre deux auteurs publiés et je leur ai affirmé que j’étais une écrivain de talent. Qu’il ne me manquait que la publication. À ce moment-là, je cherchais à me rasseoir sur des assises que je pouvais reconnaître. J’ai toujours rêvé d’être auteur. J’ai toujours pensé que ma vie devait passer par cela et par la maternité pour que j’aie l’impression de me réaliser pleinement. Pour me donner une chance, je le criais très fort. C’est à cause de cela que j’ai fini par ouvrir mon blogue. Pour répondre au défi de Daniel, mais avant tout pour arrêter de crâner, pour agir, enfin.

Je me suis un jour assise devant l’ordinateur et j’ai commencé à écrire. Sur tout et sur rien. Avec ou sans inspiration, pour me faire la main. Alors j’ai laissé couler des mots et des émotions un peu partout sur la planète francophone. Je suis une fille dans la moyenne. J’ai toujours été dans la moyenne. Et j’ai beaucoup de peine à m’imaginer ailleurs que là. Maman me dit tout le temps d’arrêter de croire que je suis née pour un petit pain. Je regarde le nombre de commentaires que je reçois et c’est relativement peu. Encenseur soit, mais peu. Si je compare avec les blogues français qui peuvent générer du 150 commentaires, le mien se tient bien; dans la moyenne.

Je me suis assise un jour dans une barque pour naviguer sur mes paroles. J’ai lancé toute sorte propos autour de moi, pour voir. Je me suis jugée, déshabillée, mentie, flouée, fait rire devant vos yeux. Je vous ai parlé des gens que j’aime. J’ai tricoté la réalité, tordu la vérité, j’ai fini par changer d’embarcation parce que les rapides étaient trop tumultueux et je voyais l’océan à l’horizon. C’était si vaste et houleux. J’ai pris mon courage entre mes mains et je me suis avancée sur l’eau. Quitte à perdre la terre de vue. Quitte à perdre mes repères. Et j’ai continué à tresser des mots et des symboles dans l’univers virtuel. Ne me sentant pas vraiment auteur encore puisque je ne suis pas publiée. De toute manière, j’ai toujours été dans la moyenne, n’est-ce pas?

Ce matin dans mes courriel on m’informait qu’il y un néologisme qui traîne sur la toile : le verbe « mamathilder » qui semble signifier quelque chose comme écrire avec douceur et tendresse. J’ai vu des pages s’ouvrir sur des sites qui n’existaient pas et qui ne sont pas vraiment vivants qui n’ont servi que de relais vers certains de mes textes. J’ai entendu des gens dire de moi que je suis dans le top 5 des blogues francophones. Je me suis laisser dire qu’on était ému de me rencontrer à la caisse du Renaud-Bray, par hasard. On m’a même fait une entrevue. Et la semaine prochaine, je serai publiée dans une revue. J’ai le sentiment d’être une certaine imposture. De n’avoir pas la bonne posture en fait.

Un jour je me suis assise dans l’esquif de mes pensées et je vous les ai livrées, un peu gauchement. En échange, vous avez fait de moi une auteur.

12 Commentaires:

Blogger La Dame du Lac s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ouf! Il me semble bien que cette situation m'est familière ^_^ On a beaucoup de talent et on le sait.Mais en même temps, on sait aussi qu'il y a d'autres gens tout aussi talentueux et même mieux que nous (y'a rien de pire que le dessin, croyez moi!). On essaie de faire quelque chose pour se sortir d'une masse moyenne (après tout, ça sert à quoi l'art si on le montre pas?) mais en même temps on se dit que ça peut pas aller si loin, et pourtant on se rend compte finalement que oui, ça va loin et que les gens aiment ça o_o et on y croit pas!
Mais bon.
C'est un complexe d'artiste, peut-être.

1:22 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je pense que la Dame du lac a touché un point fort important... la dépréciation de l'artiste qui n'est pas tout à fait mauvaise en soi. Elle sert d'exutoire à l'angoisse intérieur qui est aussi la pulsion créatrice.

Mathilde, je suis ému et content pour toi.

5:56 p.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Alors ton texte a bel et bien été sélectionné... Félicitations, mais aucune surprise ici! ;)

6:12 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Nous n'avons pas fait de toi une auteure, tout simplement parce que tu l'as toujours été. Nous n'avons fait que prêter un oeil attentif à tes mots en dérives, et ils nous ont touchés bien plus qu'on aurait pu le croire. Tes textes ne soulèvent pas tant de commentaires? C'est peut-être gage de qualité : on n'ose parfois ajouter de vains propos à des récits si justes et bouleversants. Continue de nous enchanter. :)

4:17 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Laurie : T'as tout compris ; je dois avoir un complexe d'artiste comme tu dis.

Alex : T'es fin.

La Souris : euh? Je t'avais pas dit. Ça fait des mois que je le sais. Désolsée.

Annie-Sandra : La moyenne de la crème... Ah peut-être. Mais peut-être pas, parce que je préfère le lait.

Laurence : je ne sais pas quoi te dire sinon que ton mot me touche beaucoup, beaucoup, beaucoup.

10:04 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Si il n'y avait pas tant de distance, je t'aurais simplement préparé un thé et t'aurais serrée dans mes bras. Vu les kilomètres accepte simplement ceci : :)

10:37 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

La pulsion qui s'entend quand elle est sincère et réelle nous sert d'étoile guide. Tu n'as fait que la suivre avec les outils à ta portée. Maintenant, accepte avec amour la "consécration" de ton rôle (que tu as déjà pleinement accepté puisque cela est) et envole toi sur les ailes de cette extraordinaire reconnaissance. Nous aimons tes mots et ce qu'ils nous offre. Voilà tout. Merci encore.

11:02 a.m.  
Blogger Marie-Hélène Gauthier s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bravo Mathilde, un néologisme! Félicitations! Ce n'est pas à tous les jours qu'on inspire au point où on doit créer un mot pour exprimer ce qu'on pense. Et merci pour ton superbe texte, c'est toujours un plaisir de te lire.

11:42 a.m.  
Blogger Julie s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Félicitations Mathilde mais je crois que c'est toi toute seule qui s'est rendue là.

Bravo encore !

2:10 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Laurence : j'aime beaucoup les thés virtuels. Alors j'en prends une bonne tasse avec toi. Merci :)

LP : Consécration est un mot un peu épeurant. Mais si tu dis que je le porte bien, je vais te croire. Merci d'aimer mes mots, de me lire et de me le dire.

M : Oui hein? Tu vas me comprendre c'est certain si je te dis que je suis prise entre l'envie de le crier pour le réaliser et celle de le crier pour que ça paraisse tellement ridicule et improbable aux oreilles de tout le monde que ça finisse par se relativiser.

Julie : Moi toute seule? Dire que lorsque je me suis lancée je pensais que j'étais incapable de me réaliser toute seule. J'en ai parcouru des kilometres sur ces chemins.

3:11 p.m.  
Blogger Lew s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu sais, je lisais un de tes textes plus récents et ce que j'avais à dire est plus approprié ici. Si tu ne reçois pas beaucoup de commentaires (des 150 comme certains autres endroits) c'est pour plusieurs raisons, mais dans mon cas je crois que c'est parce que tu es une figure imposante de l'écriture (de blog entre autre). Je n'aime pas particulièrement lire (on discutera de cette ironie une autre fois) mais tes textes m'emportent totalement que j'en ai peur de commenter et d'avoir l'air un peu niais. ^_~

8:02 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Lew : Merci de ton commentaire, tout d'abord. Je sais ce qu'il en coûte de courage de franchir une barrière qu'on a l'impression de voir exister. Je ne me plains pas du nombre de commentaires ni de mon lectorat. En fait j'essayais d'expliquer pourquoi je me croyais dans la moyenne. Étrangement et malgré tout, je ne me reconnais que peu dans le : " tu es une figure imposante ". Parce qu'au bout du compte, je ne suis que moi. Avec mon talent et ces mots qui jaillissent au bout de mes doits, mais simplement moi au final.

12:50 p.m.  

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