dimanche, février 17, 2019

Voir l'avenir

On dit beaucoup des millénariaux qu'ils sont une génération égoïste, généralement individualiste ainsi qu'un autre paquet de qualificatifs tout aussi réjouissants. C'est peut-être vrai, mais je n'en suis pas totalement convaincue. Après tout, beaucoup de ses membres ont animer voire alimenter le printemps érable, il y a quelques années et ils sont éminemment conscientisés par l'environnement et tout ce qui en découle. Si ce ne sont pas des signes d'une vision durable et pérenne de la société dans laquelle ils s'inscrivent, je me demande bien ce que c'est.

Ce que j'observe moi, à travailler avec eux quotidiennement, c'est qu'ils refusent de s'intéresser à la politique dans sa forme actuelle, ce qui en soit est un acte politique. Cette forme d'exercice du pouvoir ne les fait pas rêver à une société potentiellement meilleure parce que selon leurs valeurs, les acteurs principaux de cette joute ont pipés les dés il y a longtemps. Alors plutôt que de s'impliquer dans un parti ou un autre, ils posent quotidiennement des gestes à leur mesure pour améliorer, ne serait-ce qu'un minimum, les chances de survie de notre planète. Ce n'est pas rien.

Ceux qui m'exaspèrent, ce sont ceux qui ont vécu l'abondance des années 50, 60 et 70 en gaspillant les ressources sans aucune forme de culpabilité et qui aujourd'hui en sont fiers. Tenez cet homme croisé récemment. Il portait des vêtements visiblement onéreux, sans aucune forme de goût. L'important semblait être ce que cette vêture ostentatoire laissait paraître de ses moyens financiers. Il était désagréable de suffisance, tellement que les employés du magasin avaient fini par me demander de le prendre en charge parce que malgré les trésors d'imagination dont ils faisaient preuve pour essayer de satisfaire le personnage, ce dernier se montraient condescendant devant l'impossibilité de trouver ce qu'il cherchait.

En résumé, il était l'archétype de mon idée du parvenu. De celui qui s'est construit tout seul et qui a fait beaucoup d'argent rapidement sans égard à autrui, ou même au détriment d'autrui.

Il voulait des vieux films d'action des années 1990. Que nous n'avions pas, et lorsque c'était possible de les commander il les trouvait trop cher et se remettait à tempêter. Laissant entendre que ce qu'il désirait aurait dû lui être accessible simplement parce qu'il le désirait. Mais la vie fonctionne rarement ainsi pour la plupart des mortels.

Un fois à la caisse, je lui ai demandé s'il voulait un sac pour le film qu'il achetait. Comme il a acquiescé, je lui ai offert le sac réutilisable et il m'a regardée avec un tel mépris que j'en ai été saisie avant de me lancer : « Je ne paierai jamais pour quelque chose que j'ai déjà eu gratuitement. » Ça été plus fort que moi; j'ai rétorqué in petto : « mais vous ne vous gênez certainement pas pour prendre gratuitement ce que vous deviez payer avant. » Il m'a sourit, visiblement ravi que j'ai compris, m'a fait un clin d’œil complice en quittant le magasin.

Je l'ai regardé sortir, nauséeuse.

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