Vent de front
L'hiver me semble dur
cette année. Pas le pire que j'aie vécu, loin s'en faut, mais il me
semble que les journées de bises sont beaucoup plus nombreuses que
les journées douces. Et, malgré le fait que, contrairement à
d'autres années, je n'ai pas eu de gerçures dues au froid derrière
les genoux, j'ai le sentiment que je n'arrive pas à bien profiter
des journées de la saison froide parce qu'il fait juste un petit peu
trop froid pour j'ai l'envie et encore moins le courage de m'y
aventurer. Dans l'hiver, je veux dire.
Mais si je suis une fille
du printemps, je suis avant tout une Québécoise. J'aime l'hiver et
mon pays en quatre saisons. J'aime le fait que les saisons du Québec
soient aussi intenses que brève et que l'on puisse les espérer
d'une année à l'autre. Et puis, j'ai déjà largement profité des
bonheurs de l'hiver, dans mon enfance et mon adolescence. Entre autre
parce que mes parents nous faisaient fréquenter une ecole de ski
tous les samedis et que malgré le fait que je ne m'y sois jamais
démarquée, ces jours de ski ont étés parmi les plus heureux de ma
vie.
Depuis que je suis
revenue vivre dans le quartier, j'essaie d'en profiter. Entre autres
en fréquentant le parc de l'Île-de-la-Visitation. Je n'y vais pas
si souvent, une fois par mois par mois peut-être, dont aujourd'hui.
Malgré le vent de front. Parce que j'avais tellement
envie de montrer cet itinéraire cher à mon cœur de femme et bien
ancré dans mon sang parce que je viens du quartier et que mes
parents avant moi aussi. Ceci faisant, il y a des milliers
d'histoires sous mes pieds, où que j'aille dans un périmètre de
marche.
On
annonçait une température clémente, pour aujourd'hui. Sauf que,
bien entendu, ce n'était pas tout à fait le cas, dans la réalité.
Mais voilà que j'avais convié mon amie Geneviève à une marche
dans mon itinéraire favori et un souper de raclette par la suite. Et
même si elle est arrivée frigorifiée, elle avait tout de même
envie venir visiter mes souvenirs. J'en étais fort heureuse parce
que mon envie de reprendre les chemins du passé ne s'était pas
tarie avec la météo peu complaisante.
C'est
ainsi que nous avons fait une randonnée magique. Magique parce que
sitôt après l'avenue Papineau, sur le boulevard Gouin, on ne peut
faire autrement que de se sentir à des kilomètre de la ville. Pas
de bruit, pas de circulation, de vieilles maisons, pas de fils
électriques visibles. Avec tout cela, on se sent ailleurs dans le
temps, comme dans l'espace.
Magique
parce qu'il suffit de quelques pas de plus pour entrer dans le parc
en soi et se retrouver aussitôt en pleine campagne. La ville
semblait à des kilomètres entre les marcheurs, les skieurs et les
raquetteurs. Le parc était plein, malgré le mordant du vent et nous
étions ravies de voir des enfants s'amuser comme des fous à dévaler
les dénivellations à force de rires tonitruants.
Nous
sommes revenues à la civilisation transies, les joues roses de froid
et le cœur content.
Libellés : Digressions
Avec le vent, je pensais bien que vous auriez changé d’ide. Bravo les filles, à deux c’est mieux
Toute seule, je ne l'aurais pas fait!