Retrousser mes souvenirs
Quand j'étais
adolescente, la société de mes pairs se divisait en groupuscules
qui s'agrégeaient autour de la musique que leur membres écoutaient.
Je ne sais pas si c'est la même chose de nos jours, mais à
l'époque, on pouvait pratiquement dire en regardant la vêture des
uns et des autres à quelles entités ils s'identifiaient. Je ne suis
pas musicienne, je ne l'ai jamais été malgré le fait que j'ai été
introduite à la musique à un jeune âge. Je sais déchiffrer une
partition faire des gammes sur quelques instruments ce qui ne fait
pas de moi une musicienne. Ce n'est pas mon talent, et je vis très
bien avec cet état de fait.
J'ai bien entendu eu une
phase, assez longue, durant laquelle j'écoutais la radio commerciale
afin de connaître les chansons à la mode comme tout le monde. Mais
je me suis un jour aperçue que ce qui me touche en musique ce sont
les textes davantage que les mélodies. Parce que je n'étais pas
très bonne en anglais et que ça me prenait toujours un dictionnaire
pour décrypter un texte en anglais, je me suis rapidement tournée
vers la musique francophone.
Ce choix à lui seul,
faisait de moi une bien étrange bibite dans mon milieu. J'avais une
planète musicale que j'habitais toute seule, ou presque. Il me
fallait par ailleurs me plier aux tendances du moment et accepter
d'écouter ce que les autres aimaient que j'ai fini par apprécier,
la plupart du temps. Ma seule exception était Harmonium, parce que
c'était à peu près la seule musique francophone que mes amis et
connaissances acceptaient d'écouter. Alors, pour me faire plaisir,
ils mettaient L'Heptade tout
le temps. Comme si de un, c'était le seul album d'Harmonium, de
deux, la seule musique en français qui soit écoutable.
Fa
que par pur esprit de contradiction, j'ai rayé Harmonium de mon
vocabulaire et de mon écoute. Je n'ai aucun album d'eux et n'en ai
jamais eu. Par conséquent, je n'ai jamais vraiment porté attention
à la poésie de Fiori. C'est par hasard, cette semaine, en sortant
du boulot que j'ai attrapé un grand entretien entre Monique Giroux
et Serge Fiori. Je savais que ça jouerait cette semaine, et je
n'avais pas prévu de l'écouter. Mais bon, comme je n'écoute que la
radio dans mes trajets, je ne choisi pas toujours ce que j'écoute.
Bref,
j'ai été émue et touchée par un grand musicien et un grand
parolier dont l'histoire est complexe et très triste parce que quel
que soit le succès qu'il ait connu, il ne peut plus pratiquer le
métier qui l'anime pour cause d'anxiété. Et pour la première fois
de ma vie, j'ai porté attention aux textes des chansons.
Alors,
je me suis rendue à l'évidence que mon esprit de contradiction
légendaire ne m'avait pas toujours bien servie.
Heureusement,
je suis encore assez souple pour accepter mes erreurs, sur quelque
sujet que ce soit et grandir en les acceptant.
Aujourd'hui,
j'ai lu tous les textes de Fiori en m'abreuvant de sa poésie.
Retrousser
ses souvenirs, parfois, ça fait vraiment du bien.
Libellés : Digressions