dimanche, mars 03, 2019

Retrousser mes souvenirs

Quand j'étais adolescente, la société de mes pairs se divisait en groupuscules qui s'agrégeaient autour de la musique que leur membres écoutaient. Je ne sais pas si c'est la même chose de nos jours, mais à l'époque, on pouvait pratiquement dire en regardant la vêture des uns et des autres à quelles entités ils s'identifiaient. Je ne suis pas musicienne, je ne l'ai jamais été malgré le fait que j'ai été introduite à la musique à un jeune âge. Je sais déchiffrer une partition faire des gammes sur quelques instruments ce qui ne fait pas de moi une musicienne. Ce n'est pas mon talent, et je vis très bien avec cet état de fait.

J'ai bien entendu eu une phase, assez longue, durant laquelle j'écoutais la radio commerciale afin de connaître les chansons à la mode comme tout le monde. Mais je me suis un jour aperçue que ce qui me touche en musique ce sont les textes davantage que les mélodies. Parce que je n'étais pas très bonne en anglais et que ça me prenait toujours un dictionnaire pour décrypter un texte en anglais, je me suis rapidement tournée vers la musique francophone.

Ce choix à lui seul, faisait de moi une bien étrange bibite dans mon milieu. J'avais une planète musicale que j'habitais toute seule, ou presque. Il me fallait par ailleurs me plier aux tendances du moment et accepter d'écouter ce que les autres aimaient que j'ai fini par apprécier, la plupart du temps. Ma seule exception était Harmonium, parce que c'était à peu près la seule musique francophone que mes amis et connaissances acceptaient d'écouter. Alors, pour me faire plaisir, ils mettaient L'Heptade tout le temps. Comme si de un, c'était le seul album d'Harmonium, de deux, la seule musique en français qui soit écoutable.

Fa que par pur esprit de contradiction, j'ai rayé Harmonium de mon vocabulaire et de mon écoute. Je n'ai aucun album d'eux et n'en ai jamais eu. Par conséquent, je n'ai jamais vraiment porté attention à la poésie de Fiori. C'est par hasard, cette semaine, en sortant du boulot que j'ai attrapé un grand entretien entre Monique Giroux et Serge Fiori. Je savais que ça jouerait cette semaine, et je n'avais pas prévu de l'écouter. Mais bon, comme je n'écoute que la radio dans mes trajets, je ne choisi pas toujours ce que j'écoute.

Bref, j'ai été émue et touchée par un grand musicien et un grand parolier dont l'histoire est complexe et très triste parce que quel que soit le succès qu'il ait connu, il ne peut plus pratiquer le métier qui l'anime pour cause d'anxiété. Et pour la première fois de ma vie, j'ai porté attention aux textes des chansons.

Alors, je me suis rendue à l'évidence que mon esprit de contradiction légendaire ne m'avait pas toujours bien servie.

Heureusement, je suis encore assez souple pour accepter mes erreurs, sur quelque sujet que ce soit et grandir en les acceptant.

Aujourd'hui, j'ai lu tous les textes de Fiori en m'abreuvant de sa poésie.

Retrousser ses souvenirs, parfois, ça fait vraiment du bien.

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