Déjà tout petit, il se faisait mettre à l’écart parce qu’il n’osait jamais. Ti-Cul LaTrouille avait peur de la forêt et de la ville. Il restait donc dans sa confortable banlieue, sur la rue qui l’avait vu naître, dans le regard maternel. Au cas où.
Ti-Cul LaTrouille ne s’est pas amélioré avec l’adolescence. Il faisait le fier dans la cour, mais tremblait silencieusement en regardant les filles. Sa pire crainte était de s’accrocher au fil d’Une Autre, et de perdre le sien. Alors il collectionnait les donzelles comme d’autres les cartes de hockey. L’air de rien. Et tout le monde pensait donc qu’il était tought. Et toutes les filles rêvaient de le conquérir et de devenir Celle qui le ferait s’assagir, sans se douter un instant que Ti-Cul LaTrouille était peureux.
Ti-Cul LaTrouille est devenu un chouette entrepreneur. Faisant tout plein d’argent parce qu’il avait peur d’en manquer. Il s’est épuisé à travailler à perdre haleine, sans compter ses heures et sans ménager sa santé. Encore là, les femmes étaient accessoires. Des objets de beauté à amener en voyages d’affaires, pour bien paraître dans les mondanités. Des longues jambes au sourire blanc. Et des yeux clairs, le plus souvent. Mais ses prunelles personnelles, pas une de ces filles ne s’en souvient.
Ti-Cul s’est réveillé un beau matin s’apercevant qu’il avait maintenant 38 ans. Pas de femme et pas d’enfant. Ce jour là, il a eu la pire trouille de sa vie parce qu’il savait qu’il ne se perpétuerait pas dans un petit être. Mais il ne savait plus comment faire fuir toutes ses peurs. C’est là qu’il m’a appelée, pour discuter de la partie de lui qui était restée un jeune peureux et que je lui raconte la vie, celle que je sais expliquer, pour qu’il apprenne comment repousser la trouille.
Hi, hi ... Ça me fait penser à quelqu'un ça...
A-t-il, finalement, apprivoisé, ses peurs ?
Tu as l'art de raconter les choses, toi. Ton écriture me touche beaucoup. T'en as d'autres comme ça en poche? ;o)
Daniel : c'est l'inspiration de l'expression. J'ai lancé ce nom à tout hasard à un ami hier et ça m'a raconté cette histoire.
Ouch! Mathilde; ça tue!
L'ami qui s'est mérité ce nom doit être un étrange gaillard!
Robin : je crois que l'ami en question aime bien son nouveau surnom.
Il aime? Il devrait plutôt essayer de se sortir de ses peurs avant qu'elles n'aient raison de lui!
il y a des histoires du soir pour dormir,il y a des histoires de nuit pour pas dormir, et il ya les tiennes, celles du matin, celles qui débrument et donnent du goût même à un café de la veille, pimpantes;)