vendredi, décembre 09, 2005

Le genre de fille

T’étais assise entre deux bancs à réfléchir à une histoire de particules qui s’évaderaient dans l’air et de cire emprisonnant les sensations quand t’as croisé un regard qui t’était vaguement connu. Il s’est penché vers toi pour te dire d’une voix rauque : « Alors ça va? » Toi, tu te demandais encore c’était qui et tu lui as demandé s’il arrivait ou s’il partait. Il t’a ri un « j’arrive » au creux de l’oreille et tu t’es souvenue de lui. Il t’en a souhaité une bonne en glissant sa main sur tes reins et ta peau s’est éveillée toute entière.

T'as visité ton passé récent et lointain pour t’apercevoir d’une évidence : t’es le genre de fille qu’on baise sur le coin de la table ou sur laquelle on obsède, mais pas le genre de fille de qui on tombe amoureux tout simplement. T’es le genre de fille qu’on traîne par les cheveux dans un coin poussiéreux et qu’on insulte en la frappant pour qu’elle en redemande encore. T’es le genre de fille qu’on abandonne ensuite dans un coin sombre, pendant que tes larmes sillonnent la suie qui macule tes joues et que ta rétine s’allume d’une flamme lascive étincelante.

T’es le genre de fille qu’on regarde de loin en s’imaginant la connaître parce que tu te dévoiles si facilement. T’es le genre de fille au contact facile, au sourire désarmant et à la moue définie qui pose une vision absente sur ceux qui ne l’impressionnent pas et qui leur laisse le lousse de la draguer en sachant pertinemment que tu n’en feras jamais rien. T’auras beau leur dire que t’es pas si merveilleuse que cela, que t’es juste une femme ben ordinaire et que t’as mille défauts; ils ne t’entendront pas, trop occupés qu’ils sont à te mettre sur un piédestal inconfortable. Ils vont te suivre dans le noir, en espérant avoir un baiser salaud de tes lèvres s’ils persistent à rester dans ton sillage et tu sais pertinemment que tu n’en feras rien. Puis tu te dis qu’au fond ce serait peut-être la meilleure solution puisqu’ils pourraient débander en se coltinant à la réalité. Parce qu’il te voient en ange alors que tu tiens davantage de la démone.

T’es le genre de fille qu’on frenche en la mordant jusqu’au sang pour s’imprégner de sa sève. T’es le genre de fille à laisser sa marque sur la peau des hommes et tu le revendiques fièrement. T’es le genre de fille à qui on dit : « Tu sais, même si je ne t’avais vu que cette fois-là, je n’aurais jamais oublié une femme comme toi. » Mais avant tout, t’es le genre de fille qu’on croit trop forte pour pouvoir l’aimer.

11 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je serai la première à te commenter cette fois! J'aime beaucoup tes textes au tu. Ça force un peu à couper la distance, et on finit par se demander si tu ne nous écris justement pas à nous-même. Tu es le genre d'écrivain (pour reprendre ton titre) qui vient nous chercher, qui vient faire vibrer une corde sensible dans nos coeurs de lecteurs.
Merci.

10:39 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

En tout cas, tu décris un genre d'homme dont je ne soupçonnais même pas l'existence.

Ça me fascinera toujours cette façon de simplifier les personnalités des autres.

12:57 p.m.  
Blogger Philippe-A. s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Excellent texte, j'aime beaucoup.

4:35 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

SoleilSecret : je suis le genre d'écrivain? Suis-je un écrivain? Tu vois, moi je ne le crois pas encore. Je ne suis qu'une femme qui a la plume qui la démange mais je ne peux pas me qualifier d'écrivain parce que je ne suis pas publiée ni reconnue par les autres écrivains comme une de leurs pairs.

Benoït : J'aurais besoin d'explications sur ta remarque parce que j'avais plutôt l'impression de parler d'une fille. Et comment je simplifie la personnalité des autres?

Philippe-A : Ah oui? Merci :)

8:51 p.m.  
Blogger Jay s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Un - t'es pas écrivain mais écrivainE.

Deux - la publication ne fait pas l'écrivaine.

Trois - t'as vraiment envie d'être reconnue par des gens qui ne te reconnaissent pas a priori ?

Quatre - on s'en fout, de toute façon. T'es Mathilde. Point.

10:37 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ouin! Jay a raison! (mais pour la partie écrivain, c'est juste que je n'aime pas la sonorité du mot écrivaine.... longue histoire... )Oui, mathilde, tu es écrivain. Peut-être aimes-tu qu'on le répète... ;) Tu es déjà interviewée, tu viens toucher les gens avec des textes qui torchent!!! Que serais-tu donc d'autre??

12:04 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pour une fois que ce n'est pas moi qui trouve que tu te déprécies un peu trop ;-) Mon commentaire va plutôt dans le sens de Benoît. Bien que je savais que tu parlais d'une femme, il y a souvent dans tes textes cette androgynie, dans laquelle chacun se retrouve, autant homme que femme.

8:45 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Le genre de nana que l'on croit avoir cernée en quelques instants hein ? De celles qui élaborent une telle carapace qu'on ne voit plus qu'elle. Et c'est le cadre de lecture qui fait parler de lui l'individu qui lui fait face.

10:53 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jay : Je me suis fait parler dans le casque en quatre points on dirait. J'aime bien le quatre.

SoleiSecret : Ben... une personne qui veut l'être?

Alex : J'écris androgyne? Hum... Intéressant comme piste de réflexion

Mélie : Bah, je ne sais pas. Cette nana c'est moi et ce n'est pas moi. C'est moi poussée dans des retranchements que je ne voudrais jamais voir de près.

12:22 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ca, j'aime beaucoup. J'ai même eu l'impression que tu parlais d'une facette de ma personnalité.

Par contre, je n'aime pas le mot écrivaine. Auteur, oui. A la limite, écrivain. Pourquoi ? Simplement parce que pour moi, certains mots n'ont pas à être féminisés, comme s'il fallait nous faire une fleur. Et les écrivains sont tous morts. Par contre les auteurs...

1:08 p.m.  
Blogger Cédric s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bon, bref...
Charmé. Vraiment. :)

5:51 p.m.  

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