L'âme soeur
Il y a des jours où je me demande qui je serais devenu si je ne l’avais pas rencontrée. Elle promène son arrogance en étendard pour camoufler les plaies qui la meurtrissent. Dans le fond de son œil, il y a toujours un mystère à résoudre et je sais que personne n’y arrivera jamais. Elle me lorgne avec amusement par-dessus son verre tandis que je rougis encore de m’être fait prendre à penser trop fort. Parce qu’elle a ce talent-là. Elle se retrouve dans ma tête constamment. Nous avons beau êtres séparés par une marée humaine qu’elle me fait des apparitions spontanées à l’intérieur de mes pensées.
Au début, j’essayais de la tasser de là. Mais j’ai appris avec le temps que ça ne me donnait rien. Je sais d’ailleurs qu’elle ne fait que moyennement exprès. Quelquefois, nous ne sommes même pas dans le même endroit quand j’entends sa voix dans les replis de mon cerveau. Elle me tance allègrement quand mes idées sont trop noires. Elle se moque et m’observe me débattre avec mon entourage. Il y a des jours lors desquels c’est à mon tour de l’envahir. Elle ne se rebiffe pas. Elle me laisse aller et découvrir toutes ses pensées les plus intimes. Je sais le visage de tous les hommes qu’elle trouve beaux. Je sais l’intensité des sentiments qu’elle éprouve pour quiconque s’approche d’elle. À chaque fois que je fais une incursion dans sa caboche, elle me tend la main comme si c’était la chose la plus normale du monde. Je me repais de curiosité. Par contre je ne peux m’empêcher d’avoir ce haut-le-cœur lorsqu’elle se pointe en moi.
Il faut comprendre que j’ai toujours été un homme solitaire. Je ne me suis jamais confié. J’ai toujours eu peur de me livrer à quelqu’un au point de me dévoiler : une espèce de peur de me voir morcelé par une personne qui effriterait mes secrets. Cependant, avec elle c’est différent. Comme si elle utilisait un droit acquis. Acquis où? Comment? Je ne saurais le dire. Seulement c’est là. Plutôt que de me menacer, c’est un réconfort. Pris dans le tourbillon de la solitude que j’avais soigneusement étalée autour de moi, je croyais que c’était le meilleur moyen de me protéger et de rester en unicité avec moi-même. J’en avais fini par être très rétif et un peu sauvage. Je quittais les femmes en leur taisant tout puisque je ne savais pas moi-même pourquoi je partais.
Le jour de notre rencontre elle m’a dit : « Je t’averti, je ne te laisserai jamais me faire cela ». Moi je la regardais, abasourdi, sans comprendre à quoi elle faisait référence. Elle a sourit et a ajouté : « Je ne te laisserai jamais partir sans que tu me parles ». Et c’est à ce moment que j’ai réalisé que nous ne parlions pas. C’était dans ma tête et dans ses yeux. Je savais que je n’avais pas besoin de me pincer pour m’assurer que je ne rêvais pas. J’ai abdiqué. Aujourd’hui, je sais très bien que je suis beaucoup mieux avec celle qui s’est fabriqué un domicile dans ma tête que tout seul.
C’est toujours pratique une opinion féminine quand on veut aborder une fille.
Je suis peut-être un peu tordu, mais on peut y voir, en filigrane, l'image de la mère.
Cela dit, je ne sais pas jusqu'à quel point je me sentirais vulnérable si j'étais dans cette situation.
Mamatilde.......J'étais certaine que t'étais une fille......
Benoît : le texte est un peu tordu.
Anonyme : Ah oui? Tu as beaucoup d'imagination... Pis t'es qui?ivverq