lundi, février 13, 2006

Courrier du coeur

Thème volé au coitus interomptus de la semaine. Parce que l’exercice consistait à écrire à un participant de ce jeu une lettre d’amour/amitié/affection. Oh, je pourrais, il ne me manque pas de sujet. Mais en voyant le titre, j’ai pensé à autre chose. Et c’est ce que je vais vous raconter.

L’année de mon secondaire trois, nous avons eu à l’école, un courrier du cœur. J’étais une petite brunette, assez jolie, mais je ne le savais pas. Mes modèles étaient blondes, élancées, arborant des yeux clairs, ce qui n’a jamais été mon cas. Je pensais que les jolies filles devaient être blondes comme les princesses de contes de fées et autres fariboles de ce style-là. Je n’ai jamais cru à ma propre beauté, de toute manière. Alors, au plus fort de l’adolescence, je n’y croyais pas du tout. Et mes amies me disaient souvent que je n’avais pas besoin d’être belle parce que j’étais tellement gentille. Je les croyais. Aujourd’hui, je ne les crois plus, je sais à quel point être belle est essentiel.

Bref, cette année-là il y avait cette activité de courrier du cœur. J’ai reçu quelques lettres comme tout le monde, mais évidemment j’en ai écrit des tonnes. Des tonnes de messages à tout le monde pour leur dire que je les appréciais. Je fais ce genre de trucs moi : dire à quelqu’un que j’aime ce qu’il est ou ce qu’il fait. Gars ou fille, peu importe. Alors je me suis joyeusement démenée cette semaine-là. Et puis j’ai jamais su écrire des lettres qui ressemblent à des lettres, mon truc est plutôt dans le genre fleuve. J’aime écrire. J’ai toujours écrit. C’est plus fort que moi et c’est aussi l’endroit où je me trouve le mieux pour m’expliquer la vie, en comprendre les angles et les aspérités. Déjà, à l’époque j’avais l’intuition qu’il fallait dire aux gens qu’on les aimait avant qu’il ne soit trop tard. Alors je m’étais appliquée à écrire au plus de gens possible. Je crois que le seul machin tout à fait désagréable de mon truc, à ce moment-là, c’est que j’avais une orthographe plutôt farfelue. Alors me comprendre relevait sans doute du défi.

Tous les matins j’allais voir les responsables pour voir s’il y avait du courrier pour moi. C’était généralement le cas, et je recevais avec plaisir les mots de mes amies. Le dernier matin, il y avait une enveloppe bleue avec une écriture que je ne connaissais pas. À l’intérieur, il y avait 2 pages écrites en tout petit. Et l’auteur me racontait tout ce que j’étais : ce qu’il y avait dans mes lunchs, mon horaire, mes amies. J’ai toujours pensé que c’était des gens qui me niaisaient, j’attire ce genre de chose. J’ai essayé de trouver du mieux que j’ai pu, mais je n’ai jamais su. Ni même jamais eu de supposition sérieuse. Mon admirateur secret, si tant est qu’il eût existé, est resté discret tandis que j’ai passé l’année à chercher laquelle de mes connaissances m’avait taquinée.

Des années plus tard, je me demande encore qui c’était. Je me rappelle la lettre assez bien quoique je l’aie détruite depuis fort longtemps. Et je me demande si j’aurais eu mon unique Valentin cette fois-là, avoir su c’était qui. Parce qu’année après année, je suis toujours toute seule le soir du 14 février.

4 Commentaires:

Blogger Magenta s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Il m'est arrivé exactement la même chose, mais en secondaire 5. Une jolie déclaration de la part d'un valentin anonyme dont j'ignorerai toujours l'identité.. J'avais travaillé fort pour percer le mystère mais sans résultat!!

8:11 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

quand je vois la puissance et l'impact qu'a ce genre de déclaration dans nos vies, je me demande invariablement pourquoi nous nous sentons si vulnérable et hésitant quand vient le temps de les faire...

1:22 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je n'ai jamais eu de telle déclaration, j'aurai bien aimé, quoiqu'anonyme fut-elle. :)

Dis-moi, tu ne vas pas te défiler pour cette semaine? J'attends ton courrier avec impatience moi... ;)

5:57 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Magenta : Alors tu comprendras sans doute que ça me hante... Je me rapelle de pans entiers de cette lettre, même si elle est déchirée et jetée depuis plus de 10 ans.

Taupe : Bonjour! La peur du rejet, tout simplement. La peur de se faire dire ce non si brutal. Cette peur qui au fond fait davantage de mal que le foutu non.

Laurence : Grommelle, grommelle. :p

9:37 a.m.  

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