Mon regard
Il y a des individus qui avancent dans l’existence, la tête haute, les épaules droites, sans trop se questionner quand à leur rôle et leur importance ici-bas. Il y a des gens qui savent, qui sentent l’espace qui leur est propre et se meuvent avec assurance simplement parce qu’ils sont. Ces êtres là m’impressionnent au premier abord, parce qu’ils évoluent dans des sphères qui me sont inconnues, la confiance n’ayant jamais été mon fort. Et puis, je m’approche, je questionne, je zieute de plus près, pour toujours en finir par me dire que c’est pas mal plate. Que ça manque de texture et de couleurs et que je ne les envie pas tant que cela.
J’ai passé ma vie à m’expliquer la vie. À essayer de comprendre pourquoi, comment de quelle manière. À disséquer des situations, les ouvrir, en ôter tous les organes pour m’assurer du fonctionnement de la mécanique. Ne remettant pas toujours les objets à la bonne place et créant ainsi certaines confusions. Lorsque quelque chose me dérange, je peux passer des heures à me l’expliquer. À l’expliquer à mes amis, ma famille, mon amoureux si tant est que j’en aie un. Comprendre. Comprendre les motivations humaines. Comprendre l’incompréhensible. C’est en partie pour cette raison que j’écris. Parce que de créer me permet de m’expliquer un certain nombre de chose. Je peux penser à la place de tous les intervenants et finir par mettre une conclusion réparatrice qui cicatrise les vielles blessures que je traîne avec moi. Et ça me fait du bien. Mais je sais dans le fond de moi que ce n’est que foutaise, puisque ce n’est pas la vie réelle que j’ai réglé, mais une forme bien imaginaire de projection, pour me réconforter.
Depuis quelques temps, certaines personnes viennent me voir pour me demander de leur expliquer les femmes, l’amour, les relations. Comme si j’avais une quelconque expertise de tout cela. Parce que depuis un bout de temps je m’explique la vie sur les pages des chemins que j’ai ouvert sur la toile. Et je regarde les femmes et les hommes se débattrent autour de moi dans des relations qui n’en sont pas, dans des armures qui les entravent davantage qu’elles ne les protègent mais qu’ils continuent de les arborer par habitude. Mais je sais que je ne suis pas mieux. Je porte aussi oripeaux qui ne me servent à rien. Je porte des discours, des sourires, des rires pour me protéger. Je fonce pour me donner l’impression d’agir, mais je me terre dans mes silences quand ça devient important. Mais je détourne les yeux si je trouve un mec vraiment charmant. Parce que j’ai peur du rejet comme n’importe qui. Parce que je ne sais plus comment on fait pour courtiser un homme que je voudrais garder plus qu’une nuit.
Pendant ce temps je continue à croiser des gens qui me disent : « Mathilde, toi qui est une femme, toi écrit, toi qui a cette intuition et cette sensibilité, explique moi ça. » Je m’avance toujours, parce que j’aime beaucoup expliquer la vie, la théoriser aussi. Mais toute seule chez moi, je me dis que je n’aurais pas dû, que je ne suis pas mieux que personne et que mes explications ne sont valables que pour moi, puisque c’est le regard que je porte sur le monde. C’est très personnel et certainement pas universel.
C’est ma façon à moi de me consoler de toutes les déceptions que j’ai pu rencontrer.
Si les gens vont vers toi pour te demander ton avis, c'est qu'ils te font confiance à toi. Ils savent (ou doivent savoir) que c'est ta perception qui influence tes propos et c'est parce qu'ils adèrent à ta façon de voir la vie qu'ils te font confiance. Ils pensent que ta perception vaut bien la leur et qu'elle est basée sur ton intuition, ton expérience et ta sensibilité.
À défaut d'avoir le temps d'aller prendre un verre, voilà ce que je pense! :-)
Stephy : je dirais que sur le fond tu as raison, je dois aller décrire des sentiments dans lesquels vous vous retrouvez.
Annie-Sandra : Hi hi, ça ne me surprends pas beaucoup que tu te reconnaisse.
Merci.
Alex : Bon, j'avais pas besoin de réconfort, mais tu me fait des belles flatouilles dans le dos.