Le coeur en boule
Elle était roulée en boule sur le tapis, vautrée dans ses larmes et s’accrochait aux plis de son pantalon. « Reste, qu’elle disait, choisis-moi! » Il la regardait, condescendant en se demandant comment il avait pu en arriver-là. « Comprends-moi, Marc! J’ai de la peine, je n’ai pas envie d’être toute seule. T’es mon chum, t’es supposé de m’aimer. Pas de t’en aller quand je pleure! Moi, je ne te fais pas ça, je reste toujours avec toi quand t’es tout croche! » Il se disait justement que tout le problème était-là : depuis quelque temps, elle n’avait plus de vie en dehors de lui. Toujours accrochée à ses basques, toujours à le vouloir plus à elle. Se tordant dans les pleurs les plus dramatisés. À toutes les fois où il prenait une petite distance, elle lui faisait le coup du besoin. Toujours plus lourd. Désormais, Marc n’avait plus de patience. Plus d’amour pour cette femme qu’il avait portée aux nues. Jusqu’à la chute.
Ça avait commencé quand, lassé de toujours faire les mêmes activités, il avait commencé à jouer au billard avec des copains une fois par semaine. Au début, au tout début, Violaine ne sourcillait pas quand sa soirée de gars se présentait, mais les soirées s’étirant de plus en plus souvent elle s’était mise à poser mille questions et à douter. De tout. Elle l’attendait, l’Inquisition dans le salon. Il avait de moins en moins envie de rentrer, et elle essayait à toutes les semaines de le convaincre de rester avec elle cette soirée-là. Elle disait : « Tu sortiras demain. Demain ça ne me dérangera pas. Mais ce soir, j’ai besoin de toi. » Il lui disait de faire quelque chose, de s’occuper un peu. Il lui disait d’aller voir des amies, de retourner faire de la peinture dans l’atelier où ils s’étaient rencontré, d’aller prendre un verre, au cinéma, chez ses parents. Mais Violaine restait seule à la maison à compter les heures.
Dans la soirée, Marc se sentait un peu coupable. Mais au bout d’une partie ou deux, de quelques blagues ou de quelques bières, il finissait par éteindre son cellulaire, incapable de l’entendre sonner à toutes les demi-heures. Et ses amis le regardaient se débattre dans cette relation étouffante. Ils lui présentaient mille filles pour qu’il lâche Violaine. Mais il était incapable de quitter sa belle; il l’avait tant aimée. Il ne savait surtout pas s’il pourrait un jour, retrouver cette communion de l’esprit comme celle qui avait déjà existé dans leur couple. Mais voilà que tout était mort depuis longtemps. Il ne restait que l’habitude et le parfum du désespoir. Il ne restait plus rien d’eux que des souvenirs.
Ce soir-là, il s’était accroupi à sa hauteur, caressant ses larmes du pouce. Il lui avait dit : « Violaine, ça ne marche plus. T’es la femme la plus extraordinaire du monde, mais on s’étouffe maintenant. Je ne rentrerai pas ce soir. Je vais aller chez JF. On va venir chercher des trucs en fin de semaine et je vais me trouver un appartement. Je ne sais pas pourquoi, j’ai arrêté de t’aimer, mais c’est arrivé. »
Elle le savait. Alors elle n’a rien dit et s’est contentée de le laisser partir. Soulagée au fond, de ne plus avoir à l’attendre, jamais.
De ces histoires à la fois si typiques et si uniques.
Il est particulier, dans ces moments, que la rupture apparaisse à la fois comme un soulagement et une déchirure.
C'est triste comme histoire i_i
Pathétique et triste.. qui est lâche? Personne?
J'appuie le propos.
Dans la boîte de Pandore de l'amour déchu, il ne reste souvent que l'incapacité de procéder à la séparation.
Beau, beau, beau et tendre et touchant
Benoît : Heu... je voulais surtout réfléchir sur le fait qu'on a tendance à s'agripper après l'autre quand on sait que la relation fou le camp et que ça ne fait que donner encore plus envie de partir.
Laurie : mais c'est triste une rupture.
Igby : Bonjour toi! Non, je ne pense pas que quiconque soit lâche dans mon histoire. Seulement un désemparé.
Utopiaque : Heille, salut! Ça fait un bail! En fait, je tentais de faire ressortir les lieux communs des ruptures qui se produise quand l'amour de l'un croise le désintérêt grandissant de l'autre.
Sunnygirl : Je crois que lorsqu'une personne se fait quitter et qu'elle aime encore l'autre, elle fera tout pour remettre la relation sur les rails. Et personnellement, je ne crois pas du tout aux secondes chances, immédiatement après la rupture.
François : voilà.
Anonymus : Merci bien.
Wouah... Que dire de plus après tout ça?
Il y a des ruptures nécessaires. Elles font très mal mais c'est parfois vital.
"L'Inquisition dans le salon" J'aurais voulu y penser à celle là. C'est magnifique!!!