Don Quichotte et l'humanité
Des fois, je trouve que l’humanité est une bien drôle de bébite. On dirait qu’on passe notre vie à courir après les étoiles de Don Quichotte sans s’apercevoir à quel point elles sont filantes. Et on coure à en perdre nos mots et notre identité. Et on coure à en perdre l’esprit. Un beau matin, on se réveille dans le milieu d’un désert, à des kilomètres de la prochaine oasis, assis sur le dos d’un chameau qu’on ne sait pas mener et qui est le seul à pouvoir nous sortir du pétrin. L’étoile qu’on suivait, évidemment, s’est éteinte. Et on ne comprend plus trop ce qu’on fait là. À cheval sur notre peine, toute neuve et toute immense, on se dit qu’on aurait pu voir venir, qu’on aurait pu se douter qu’on en arriverait là, mais à la prochaine occasion, on reprendra la course, comme si ce qui se passe dans le ciel est plus intéressant que ce qui se passe sur la terre.
Toutes les étoiles ne sont pas les mêmes. Quelquefois elles sont le fruit de rencontres qui nous jettent en bas de notre chaise, comme ça. Alors on regarde autour de nous, un peu hébétés sans trop comprendre comment ça se fait qu’on se retrouve affalés dans sur le sol, la tête au ras de la table et qu’on ne voit plus très bien ce qui se passe autour de nous, parce qu’on a le regard encombré de toutes les pattes et de toutes les jambes qui nous enserrent. Quelquefois, les étoiles sont ces visages connus, qui ressurgissent dans notre présent, mais qui sentent ce parfum chéri entre tous, celui dans lequel on avait été si bien. Le parfum des amours qui ne veulent pas mourir, mais qui, étrangement, ne veulent plus vraiment de nous.
J’ai souvent dit que je n’étais pas Don Quichotte et que je n’avais pas envie de me battre contre des moulins à vent. J’ai souvent dit que je savais que ce n’était pas vraiment des géants, mais de grandes statures qui sont inoffensives au bout du compte. Mais je suis la première à partir à la quête de l’étoile, quand elle passe, aussi éphémère soit-elle. Alors j’ai vu les déserts, je sais qu’ils se nourrissent de la sève de nos dépendances et de nos déceptions. Je sais que les mirages sont grands et les oasis rares. Et je sais que l’aide est parcimonieuse et ne vient pas souvent de là où on l’attend. Par conséquent on se dit que la vie c’est chacun pour soi et qu’on doit être égoïste en maudit pour arriver à tirer son épingle du jeu.
Le problème dans tout cela, c’est qu’à force de courir les étoiles, on tombe de déception en déceptions. Pour cette raison on se dit qu’on ne se fera plus prendre et on se barricade derrière mille façades. J’en connais quelque chose. J’ai au moins cent sourires et une armure de rechange pour toutes les occasions. Bien évidemment, on est beaucoup plus difficile à atteindre et on devient à notre tour l’étoile filante dans le firmament de quelqu’un d’autre. Un autre Don Quichotte en quête d’amour qui ne s’est pas attardé à la bonne personne.
Et si on prenait le temps de regarder où on pose les pieds? Et si on prenait le vivre un peu plus lentement en profitant de la présence de ceux qui nous entourent? Peut-être alors, aurions nous des chances d’être moins seuls dans nos amours.
Il y a sûrement quelque part une étoile qui ne file pas devant nous, et qui reste fixe dans le ciel.
Je l'espère lew.. je l'espère!
La seule chose, c'est que Don Quichotte ne courrait qu'un seul amour, Dulciné du Toboso. Il avait l'âme trempé de fer et son délire prouvait la force de son caractère. Son amour pour Dulciné est une quête romantique très différente de la chasse au papillons volages. Si tu t'y essayais vraiment, à l'intégrité amoureuse...
Lew : Faudrait hein?
Anonyme : Hum, quand on lit ta réponse on dirait que c'est moi qui parle parce que tu t'adresses directement à un de mes commentateurs.
Donkyshot : Oh grommelle toi! Oui, oui, grommelle!