L'image morte
Il y avait cette femme plantureuse dans le champ de leurs visions embrumées. Elle portait un décolleté à faire mordre la poussière au premier homme qui aurait posé un regard sur elle. Elle le savait. Il y avait quelque chose d’indécent dans sa manière de se déhancher pour passer d’une table à l’autre, d’un homme à l’autre dans la soirée. On savait, à la voir déambuler, qu’elle avait envie. Envie de peau, de luxure et d’hommes. Elle avait d’ailleurs de choix. Les gars continuaient à supputer sur elle. Ils se demandaient lequel d’entre eux irait l’aborder en premier. Ils parlaient de son corps en évaluant la marchandise. Ils n’étaient pas vraiment sérieux, sachant très bien tous les deux qu’elle n’était pas leur genre, mais ils étaient sensibles à cette aura qui l’entourait. Magnétisé par une poitrine mise en valeur et des boucles souples qui encadraient avec soin un visage avenant.
Dans l’éthylique de leurs discussions, ils faisaient les coqs pour un public inapproprié puisque la seule fille à leur table, n’entrait visiblement pas en compétition avec cette jeune demoiselle. Parce qu’il y a toujours deux catégories de filles, les baisables et celles qui ne le sont pas. Quand deux gars parlent sans gène de la fille qui les fait baver depuis le début de la soirée à une femme assise à leurs côtés, c’est évident qu’ils la voient davantage comme un gars dans la gang de gars que comme une proie potentielle pouvant succomber à leur charme. La seule chose qui reste à faire dans ce cas, là c’est de prendre la situation avec un brin d’humour et de se dire que ce n’est pas dirigé contre soi. De toute manière, la discussion finit toujours par bifurquer vers quelque chose de plus intéressant, mais à chaque fois qu’un des gars voit passer la dame sexy, on y revient.
Quand je les écoute parler, j’ai tendance à les encourager à se lever. J’ai tendance à leur dire d’aller la voir, cette fille qui dérange leurs pupilles et leur libido. La plupart du temps ils me font rire dans leurs dénégations. Ce n’est pas SI pire. Juste comme ça l’intérêt qui pointe. Moi je me marre dans ma barbe imaginaire parce qu’à leur discours détaché contredit leur attitude. Et je sais que le lendemain matin, ils ne voudront pas que je leur rappelle cette étrange fixation, qui au bout du compte ne leur ressemble pas du tout. Je sais aussi qu’arrivé chez eux, loin des projecteurs que les discussions braquent sur eux, ils s’ouvriront le cœur à coup de pinces, en arracheront toutes les échardes, bien installés dans le fond de leur peine. À ce moment-là, la jolie blonde sera disparue de leurs mémoires. Loin des yeux, l’image sera morte. Dans leur canot de solitude, de toute manière, il n’y a la place que pour ces histoires un peu plus vraies, qu’ils voudraient bien ne pas avoir étampées dans la peau.
Au lever du jour, ils m’appellent pour dire qu’ils ont passés une bien chouette soirée en ma compagnie. Et moi, je souris.
Quand la raison prend le côté et laisse place aux hormones mâles... That said, j'préfère toujours une bonne discussion sensée que de fixer les atours plantureux d'une grande blonde. Je sais pas si c'est une illusion que je me fait croire ou bien si ce genre de fille n'est peut-être pas vraiment un turn-on... j'préfère les filles réservées... je suis étrange peut-être. ^__~
J'aime mieux être celle qui n'est pas baisable. Et c'est encore plus drôle de taquiner les gars qui se sont fait avoir le lendemain.
Doopedidoo da doopedi ye, my oh my what a wonderful text! (sur l'air plus ou moins connu d'un film de disney). A+
Ahh, l'éternelle histoire des hommes et des miroirs aux alouettes !
Dommage pour ceux qui ne voient pas le bel oiseau à coté d'eux.
Lp : Ben voilà!
Lew, M et Dda : Je ne me dépréciais pas du tout hein? J'étais bien là où j'étais et je n'aurais changer de place avec personne. J'adore être un gars dans la gang de gars. C'est un peu ce qui m'a été offert ce soir là.
Non, non, tu étais très bien là, au milieu d'eux, à pointer du doigt leurs désirs en chasse.
Qu'est-ce que tu as dû bien rire dans ta barbe !