Tenir son rang
Il y a des matins qui nous réveillent brutalement. La sonnerie du téléphone a cela d’horripilant : lorsqu’elle m’arrache aux bras de Morphée, ça me prend toujours 5 minutes de plus à comprendre que je suis réveillée. Quelquefois aussi, ce sont des sons dans ma tête comme l’impression qu’on dit mon nom. Quand je sais que je suis toute seule à la maison, et que j’entends une voix dire mon nom, je me réveille en sursaut et en sueur et je dois prendre le temps de faire baisser la panique avant de pouvoir penser. Ensuite, je dois trouver la source du bruit que j’ai pu confondre avec mon nom. Généralement, c’est la radio qui est partie pour me réveiller mais d’autres fois, j’ai des surprises.
J’ai habité un appartement qui surplombait les toitures de la ville de Sherbrooke. Sur le toit du cinéma que je voyais tous les jours une colonie de pigeons avait élu domicile. Je les voyais se pavaner en bombant le torse, sûrs de leur effet. De temps à autre, je les voyais piquer du nez vers une cible que je ne voyais pas et ils revenaient le bec plein de frites ou de morceaux de pain. Le tapage qu’ils menaient me laissait croire qu’ils se faisaient des réunions mondaines sous mes fenêtres. La chatte que j’hébergeais regardait cette agitation avec intérêt en agitant tranquillement la queue, chasseresse. À force de les côtoyer, j’avais fini par les reconnaître et le baptiser. Je ne me rappelle plus du nom que j’avais attribué à chacun, mais je sais que la femelle qui était courtisée par le plus de mâles s’appelait Esméralda et que le mâle le plus entreprenant avait hérité du prénom de Mario.
Le matin, je prenais mon café devant l’ordinateur en discutant avec des copains éparpillés à travers le monde pendant que je réfléchissais aux anecdotes que je pourrais bien mettre dans les rubriques du journal de Mamathilde qui était publié une fois par semaine. Quelquefois aussi, je travaillais sur ma maîtrise. Ces matins d’été étaient toujours ponctués d’une aventure de pigeon plus ridicule que la précédente. J’en jasais souvent avec Leeloo qui les observait avec convoitise se pavaner de l’autre côté des fenêtres. Et nous arrivions toujours à la conclusion que Mario finirait par payer de sa vie son incorrigible témérité.
Un jour où je faisais la grasse matinée, j’ai été réveillée par un bruit aussi strident qu’incongru : cette fois, j’avais vraiment l’impression qu’on m’interpellait à mon oreille et pourtant j’habitais seule avec Leeloo qui ne parlait jamais avant moi. Ouvrant les yeux de saisissement, je vis Mario bien installé sur l’oreiller à côté de ma tête, se dandinant de son mieux en me faisant une cours mal venue. Je n’ai pas eu le temps de me dire : « Ouache c’est dégueulasse un pigeon » qu’il avait le cou brisé sous les dents de la chatte tandis que je voyais s’élargir la tache de sang à côté de moi.
Décidément, les hommes devraient apprendre qu’il vaut mieux parfois, savoir tenir son rang, aie-je pensé in petto.
O_O
Mon dieu!!!
Je suis traumatisée!!!!! Ça devait tellement être horrrrible!
*rourouuuu* *rourouuuu* *crack*
(mon commentaire ne fait peut-être pas de sens mais j'ai bien aimé ton texte ^_^)
Vous savez faut pas croire tout ce que raconte la Mathilde. Mais... Leelou is back! Vive Leelou!
Elle est rendue où celle-là d'ailleurs?
J'espère au moins que Leeloo n'a pas été trop malade... pauvre chatte! Comme tu peux le constater, je n'ai jamais eu vraiment de pitié pour les pigeons qui ne savent pas garder leur rang! Un peu de décorum tout de même...
_ de mes yeux félins sort un regard malicieux et pétillant_ et je me pourlèche les babines d'envie _
Laurie : Les pigeons cruiseurs sont encore plus ridicules que les dragons, si tu veux mon avis.
Lew : meeeeeeeeeew!
Sauterelle : Chut! Dévoile pas tous mes secrets!
Je ne le sais pas où elle est. Faudrait le demander à notre ancien coloc mutuel.
Alex : t'inquiètes, Leelou était en pleine forme après son repas.
LP : Oh que je t'imagine bien!
Tu parles d'un réveil !! Pouahh.
En même temps, Mario aurait dû savoir qu'il ne faut jamais narguer une Leelou.
Qu'as tu fait du corps?