dimanche, mai 07, 2006

Une histoire d'instinct

Ils étaient deux, pas très vieux ni particulièrement agités. Ils couraient dans toutes les directions, simplement parce que l’espace disponible le permettait. Je n’ai pas entendu le son de leur voix, ou pratiquement pas. Leurs yeux curieux furetaient dans toutes les directions tandis que la maman les rappelait à elle. Ses yeux aguerris suivaient chacun de leurs mouvements pendant qu’elle s’approchait du comptoir. Dans ses bras, une petite puce de 7 mois pavanait gaiement son bonheur de vivre, toute heureuse d’avoir échappé au carrosse quelques instants. La dame avait fait mettre un livre de côté. Je le lui ai donc apporté et je l’aidais à le feuilleter pendant qu’elle tenait sa petite demoiselle d’une main tout en continuant sa surveillance des garçons, l’air de rien. Mais je voyais bien qu’elle y portait la plus grande attention. Je me suis alors dit que les mamans sont vraiment impressionnantes, quand on considère le nombre d’endroits ou peut se porter leur attention, simultanément.

Tout au long de la consultation du volume, la petite me faisait des yeux doux. Elle me souriait, vraiment heureuse de me voir. Je ne sais pas trop quel est mon truc, mais j’ai toujours eu beaucoup de succès auprès des bambins. Mon visage rond et mes yeux doux y sont peut-être pour quelque chose. En outre, j’aime beaucoup attirer leur attention, alors je leur fait des signes, des sourires et nous nous comprenons. En réalité, nos échanges se limitent à signifier que nous sommes contents de nous rencontrer. Réciproquement. Je me fais saluer des dizaines de fois par semaine par ces petits bouts d’humanité qui ne connaissent que quelques mots. Il m’est même récemment arrivé de servir de piste de course aux voiturettes d’un garçonnet hyperactif que sa mère avait lâché lousse dans la succursale. Ces enfants ne me connaissent pas, cependant ils me jugent digne de leur intérêt, voir même de le confiance.

Assise sur son bout de comptoir, la petite demoiselle aux immenses yeux bleus, multipliait ses sourires et me faisait rire. On entendait vaguement les exclamations ravies des plus grands devant la vitrine des figurines de BD. Cependant, le livre que j’avais mis de côté ne faisait pas le bonheur de la dame, alors nous sommes allées en section, suivies des garçons. Là, regarder les livres en tenant la petite relevait de la haute voltige. C’est alors que la maman m’a dit : « vous voulez bien la porter? » en me mettant le poupon d’office dans les bras.

Mon cœur s’est gonflé comme une rivière en cru en sentant sur ma hanche ce poids vivant. Son souffle chatouillait mon cou pendant qu’elle m’arrachait les lunettes d’une main et de l’autre tirait mes cheveux. Elle gazouillait et souriait en se tortillant sur moi. Petite puce au parfum de talc, à la peau si douce que c’en était presque irréel.

Et moi, et moi, je savourais un tout petit moment de pure félicité, parce qu’une maman m’avais fait la fleur de me prêter son bébé.

4 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tu nous racontais, il y a quelques textes, qu'on te voyait bien maman quand tu étais petite, te voilà pour quelques instants dans la peau de ce rôle. Ce texte est à l'image de ce que tu as du ressentir, magnifique.

11:47 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Itou comme Tubuai.
C'est vrai que parfois c'est une histoire d'atomes crochus, déjà. Un délice sans nom ! ;-)

3:01 p.m.  
Blogger Lew s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Simplement adorable! ^_^

3:57 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Tubuai : Je sais bien que j'ai la fibre maternelle qui s'éclot d'un rien.

Mais j'aime.

Dda : Ça sent si bon, les bébés, leur seul parfum est un bonheur en soi.

Lew : Tant que ça?

10:26 a.m.  

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