Des rives
J’ai vu des phares se dresser sur les falaises de mes heurts, inondant de lumières les nuits insomniaques de mes angoisses, sans réaliser qu’ils tentaient me montrer une voie sans récifs. Des hommes qui me tendaient une main que je refusais nonchalamment puisque je ne la voyais pas. Un souvenir surgit de l’enfance dans le regard de qui je discernais toutes les splendeurs que je ne me reconnaissais pas. Et les silences qui vinrent assommer une affirmation prouvant que mon indifférence involontaire était une arme plus sanglante que toutes les insultes que j’aurais pu cracher. J’ai senti mon cœur se rebeller contre une attirance que je ne voulais pas provoquer, attisant ma gêne et mes maladresses. Je me suis sentie brûler sous un acier pénétrant toutes mes pores, burinant mes tripes des malaises insondables de mes peurs.
J’ai erré sur les rives des océans qui auraient pu m’emmener vers des destinations aussi exotiques que lointaines, me cramponnant aux berges de mes connus pour n’avoir pas à faire les sauts nécessaires à une véritable transformation. J’ai détourné les lanternes qui auraient pu éclairer les brouillards de mes peines de cette lumière blafarde déchirante de nuages. J’ai passé les sept dernières années à me convaincre qu’on ne pouvait pas être amoureux de moi dans mon essence. Alors je me suis lancée à corps perdu dans des conquêtes vides de sens, alors j’ai crié que je ne voulais rien. Puis j’ai accusé le monde entier de mes travers, nommant ça et là des responsables individuels pour décharger mes cales de mes propres responsabilités. Paradoxalement, je cultivais la culpabilité comme une amulette que je faisais tourner entre mes doigts.
J’ai été l’épave de mes écueils, la reine de mes tempêtes, la diva de mes drames. Je me suis enfouie sous les mers agitées de mes frustrations. Riant trop fort pour cacher mes peines. Criant trop fort pour être vraie. J’ai exigé toute l’attention du monde, quémander le follow spot, attirer le mépris pour me donner raison. J’ai cassé mes larmes sur le dos des vaisseaux qui me menaçaient. Réduisant mes faiblesses au silence. J’ai promené une désinvolture que je ne ressentais pas pour me protéger contre les assauts des corsaires qui hantaient mes fantasmes. J’ai oublié que de baisser les épaules, quelquefois, était nécessaire. Je me suis lancée à la proue des conquêtes qui ne voulaient pas de moi. Courant les échecs comme d’autres cherchent des trésors.
Je me suis laisser choir sur des plages de galets tranchants pour voir mon sang couler, pour me rassurer quand à mon état de vivante. Je me suis fait hara kiri devant des bourreaux innocents, les accusant de tous mes maux. Je me suis fait victime pour la pitié. Et je me suis choquée d’en faire l’objet.
Aujourd’hui, je tente de reprendre le balan de mes dérives inachevées, infinies.
Merci Annie Sandra!
Du bien bon tout cela.
J'aime beaucoup ceci : "j’ai oublié que de baisser les épaules, quelquefois, était nécessaire. Je me suis lancée à la proue des conquêtes qui ne voulaient pas de moi. Courant les échecs comme d’autres cherchent des trésors."
Sinon sur la dernière phrase, c'est le bon cap et droit devant.