lundi, août 07, 2006

Rencontre en BMX

C'était l'été, un mois de juillet comme tous les autres pourtant, ma vie allait être transformée par quelques rencontres que je n'avais pas prévues. Je ne me rappelle plus exactement de quelle manière j'avais fait la connaissance de ce gars, mais je me souviens que bien avant l'avoir vu, il y avait autour de lui une aura toute particulière. Il était LE gars dont les filles de mon âge parlaient, sans relâche. Une de mes voisines m'en avait fait l'éloge bien des fois tandis que des collègues de travail ne rêvaient que de lui. Bien avant d'être un garçon, il était un mythe.

Je crois que je flânais devant la maison quand deux gars en BMX sortis de nulle part, se sont arrêtés pour me parler. Il y avait un blond et un brun. Au cours de la discussion, j'ai compris que le brun au coq volumineux était THE ONE, celui dont les filles me racontaient les moindres gestes depuis plusieurs mois déjà. Je ne le lui ai pas dit, je savais déjà garder des informations pertinentes pour moi. Et puis j'ai toujours eu beaucoup de difficulté avec ceux qui savent qu'ils sont populaires et beaux. Ce fut une discussion à bâtons rompus. Je crois qu'il m'a laissé son numéro de téléphone que je me suis empressé de perdre. Mais je lui avait dit où je travaillais et il a dû venir me trouver.

Quand on a quinze ans, un ego en décomposition et un taux de popularité qui frise le 0 kelvin, on regarde s'approcher de soi le Rock-à-Billy à la démarche dansante un peu comme s'il était un martien : on n'y croit pas. Sauf qu'il eut une certaine permanence dans ma vie. Quelques années au moins. Il me faisait peur. Avec son charme décapant et ses mouvements chaloupés. Il m'effrayait entre autres parce qu'il se dégageait de lui quelque chose de très sensuel ou sexuel peut-être qui me poussait à m'enfuir le plus loin possible. J'avais davantage de peur que de curiosité à l'époque, pour ce genre d'expérience. Et ce garçon que j'appellerai Billy ici, à cause de son look, avait dans le coin du sourire en fossette un petit côté irrévérencieux, laissant entrevoir des avenues que je préférais ne pas encore emprunter.

Lorsque mes amies comprirent que je m'étais mise à lui parler, les anecdotes à son sujet se mirent à me pleuvoir sur la tête ; j'étais devenue le dépositaire de savoirs que j'aurais mieux aimer ignorer. Et toutes les peines d'amour de ces donzelles me furent confiées au coeurs de missives illégalement échangées pendant les heures de cours. Billy était mon ami, celui qui ne pouvait pas me plaire parce que les filles étaient amoureuses de lui. Je ne pouvais pas trahir leur confiance. Et je ne l'ai pas fait. De toute manière, je n'aurais jamais cru qu'il puisse être amoureux de moi.

Quelques jours après notre première rencontre, j'ai fait la connaissance de cet autre garçon, dont je fis mon premier amoureux. Je crois que parce que le second était nettement moins populaire et en vue, j'avais l'impression que c'était moins dangereux pour moi. Avec le recul je sais pertinemment que Billy ne m'aurait jamais fait consciemment du mal. Tandis que l'autre m'a plutôt mal traitée. M'enfin... je crois que je n'ai jamais pu croire Billy parce qu'il tenait davantage du mythe que de la réalité. Malgré le fait que nous nous soyons vus plusieurs années en amis. Lorsqu'il me disait que j'étais très jolie, je pensais, en toute innocence que je n'étais qu'une proie possible pour le félin qu'il était. Mais aujourd'hui, je pense qu'il était sincère lorsqu'il me disait qu'il était amoureux de moi.

Il est passé à la librairie aujourd'hui. Au hasard de déambulations qui l'ont mis sur mon chemin plus de dix ans après notre dernière rencontre. Je l'ai reconnu à l'accent et au sourire au moment même où il m'a posé sa question. Il n'a plus le coq qui le caractérisait, le temps lui ayant clairsemé la chevelure. Mais il a gardé les mêmes fossettes et le sourire ravageur que je connais si bien.

C'était une rencontre fortuite, dans une soirée d'été comme tant d'autres. Moi, j'ai passé la soirée à revivre les mille et un souvenirs qui me refluaient dans la tête. Et je souriais.

1 Commentaires:

Blogger Lew s'est arrêté(e) pour réfléchir...

1001 souvenirs et des faucettes... beau jackpot. Ah Ha! ^_^

C'est tellement cute... argh... la table à dessin me check là... elle me regarde. Mrrrrrrrmmmm x_x

11:46 p.m.  

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