mercredi, août 09, 2006

Vice et version

Voici ma contribution de la semaine pour le Coïtus impromptus. C'est un petit clin d'oeil à quelqu'un que j'aime beaucoup en tordant la réalité un peu.

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Dans la petite chambre d'étudiant, Judith passe la seconde manche de son chandail en essayant de ne pas réveiller Max qui dort. Tout lui semble soudainement plus rapproché et chacun des objets dans cette pièce lui donne l'impression qu'il est sur le point de tomber dans un éclat de bruits qui assourdirait la nuit. Elle cherche désespérément son string dans cette petite pièce jonchée des vêtements que Max n'a pas rangés depuis longtemps puis décide d'enfiler son jeans, renonçant à trouver la petite pièce de tissu qu'elle ne reconnaît pas dans la lumière tamisée que la lune laisse filtrer à travers les stores mal fermés. Elle rigole en se disant que Max aura un souvenir.

Dans la lumière aveuglante du corridor éclairé aux néons, elle attrape son cellulaire :
-Jules? T'es là? Je m'en retourne là.
-Déjà? J'aurais pensé que...
-Non. C'était plus qu'ordinaire.
-T'as combien de temps à faire?
-Je ne sais pas... Vingt minutes j'imagine.
-Bon alors raconte.
-Y'a rien à dire. C'était froid.
-Vraiment?
-Oui.
-...
-On s'est rencontrés, comme prévu, au bar. Il avait l'air content de me voir. Et tu me connais, je me suis lancée tout de go. Je me suis organisé ma fin de soirée. Il y avait cette énergie sexuelle qui traînait entre nous depuis la première rencontre. Je la sentais de manière latente toutes les fois où on se croisait. Je crois que je m'imaginais que ce serait le pied simplement à cause de cela. Mais sérieusement, ça fait patate.
-T'es déçue.
-Ben oui, je suis déçue! Tsé, j'avais le sentiment que mon corps ou un autre, ça aurait été la même chose. Il n'y avait pas de tendresse dans ses gestes. J'ai une morsure évidente sur le sein gauche comme si la seule chose qu'il voulait garder c'était un bout de ma peau. Et puis, j'ai perdu mon string rose.
-Celui avec le papillon sur le côté?
-Ouais.
-Il te faisait bien.
-Tourne pas le fer dans la plaie veux-tu?
-Mais je préfère le noir. Il te fait de plus jolies fesses.
-Flatteur! Pis toi?
-Bah... J'ai apprécié. Les bruits étaient convaincants et j'ai toujours eu un faible pour ta voix qui feule quand tu recherches le plaisir. Alors pour moi, c'était une bonne soirée.
-T'es rien qu'un voyeur! Auditif, mais voyeur pareil!
-Je le sais. T'es rendue où?
-Coin Beaubien.
-T'as ta clef?
-Oui, oui.
-Je t'attends... Et je sais que t'as pas de petite culotte.

Judith sourit et raccroche. Elle déverrouille la porte et trouve son Jules souriant qui lui tend les bras. Elle s'y love en disant : « Mais pourquoi dans le monde, je ne suis pas amoureuse de toi? »

2 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Hé hé, il fallait oser... et tu as bien fait ! C'est d'une légereté délicieuse, avec une subtile teinte d'ambiguité, j'adore !

4:02 a.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Il y a longtemps que je n'avais pas vu ta trace sur mes chemins Mélie. Enchantée de t'y trouver.

Oser? Oui, sans doute. Et puis si tout était toujours lourd et sérieux, la vie manquerait un peu de piment. Non?

10:47 a.m.  

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