lundi, novembre 20, 2006

Anniversaire(s)

Voici ma participation au CI de cette semaine. Le thème était Anniversaire(s). Bonne lecture

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Tu m'avais dit : « T'es belle quand tu danses. » J'avais pensé qu'il y avait au moins cela, tout en laissant couler le compliment sur mon dos, comme si tu ne m'avais rien dit. Quelques jours plus tard, tu avais eu ce drôle de geste, trop intime pour cette salle bondée de monde, une caresse papillonnant sur ma chair prenant le prétexte de repousser, derrière mon épaule gauche, la mèche de cheveux boudinés y pendait, lamentable. J'avais senti tes doigts s'incruster dans mon épiderme, trouvant les nerfs qui se logeaient à sa surface, comme une réaction synaptique entre toi et moi. Tu avais retiré ta main lentement, pour mesurer le choc, tandis que je te tournais le dos pour retrouver la discussion que tu avais interrompue.

Quand j'avais pleuré l'énième insulte au sujet de mon apparence, dans les bras décharnés de cet ami que tu ne connaissais pas, tu m'avais murmuré : « J'espère que tu ne le crois pas, j'espère que tu le sais que tu es belle. » J'avais alors rétorqué : « Oui, je sais, quand je danse. » Tu m'avais alors servi ce demi-sourire que j'ai appris à connaître par coeur, triste un peu que je ne crois pas. Je t'avais planté-là, tout seul avec ta gentillesse et tes compliments, tirant mon ami par sa manche de sauveur pour fuir le plus loin possible ton regard impossible. Lui avait passé le reste de la soirée à me dire que je te plaisais. J'avais nonchalamment balayé cette information du revers de la main, faisant fi de tous les signes que tu multipliais sous mes yeux, sur ma peau et à mes oreilles. J'avais cessé de te croiser souvent. Tu avais changé tes habitudes et tes compliments, que je ne croyais jamais, me manquaient profondément.

Un après-midi où j'étais seule au travail, tu étais passé innocemment. Tu m'avais dit « je m'ennuie de ta voix, de ton rire et de ces yeux si petits qu'ils se perdent derrière tes pommettes. » À la blague, je t'avais demandé si tu me draguais. Tu avais répondu qu'il était à peu près temps que je m'en aperçoive. Je t'avais regardé comme si tu étais une apparition soudaine et tu avais ri, silencieusement. Tu étais parti sans demander ton reste me laissant perplexe à essayer de ranger mes films dans un ordre adéquat. J'avais les mains moites et le coeurs en balançoire. Juste avant de me laisser avec la tornade que tu avais éveillé dans ma tête et dans mes émotions, tu avais posé le bout de tes phalanges sur ma joue faisant plier mon cou vers cette source de chaleur électrique.

Ce soir-là, tu étais dans ce bar où nous nous étions rencontrés. Je me suis assise à tes côtés sans te regarder. Tu souriais dans ta barbe, je le voyais bien malgré le fait que j'évitais soigneusement de croiser ton regard. Je t'avais demandé si tu étais sérieux et tu avais pris ma main pour déposer dans ma paume un subtile baiser qui semblait plein de promesses. Agressive je t'avais dit: « Mais pourquoi moi? T'es con ou quoi? Il y a une dizaine de filles plus belles et plus jeunes que moi qui passent leur vie à te faire des façons! Moi je suis tête de cochon, difficile à vivre et arrogante. Si tu t'embarques avec moi ça voudra dire que tu sera pris avec des lettres fleuves, manuscrites où sur le net. Je reviendrai toujours sur nos rencontre, par écrit, pour les disséquer. Je te bousillerai les oreilles de toutes les idées saugrenues que j'ai sur la vie et sur les relations interpersonnelles. Je serai exigeante et sans compromis. Tu n'aimes même pas lire, tu vas étouffer avec moi!»

Tu m'avais dit que ce n'était pas grave, que tu apprendrais.

Ça fait un an aujourd'hui que je te fais suer tous les jours de ta vie avec mes colères, mes passions, mes déséquilibres et mes exigences. Ça fait un an aujourd'hui que j'endure ta mauvaise humeur matinale. Un an à te regarder grommeler devant le miroir avant de te faire la barbe pendant que je chantonne en faisant le café à me dire que j'ai franchement pris la meilleure décision de ma vie, le soir au cours duquel j'ai eu envie de te croire.

7 Commentaires:

Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Comme il m'est arrivé souvent d'écrire des textes pour les voir ensuite se réaliser dans la réalité, disons que je souhaite que ton texte soit une prémonition! ;)

5:24 p.m.  
Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Quand est-ce qu'on va danser? :)

7:57 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Souris : Hé hé. Merci, c'est bien gentil.

Jenniko : Mais tu veux jamais aller aux dimanches francos!

11:33 a.m.  
Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

À partir du 10 décembre, tous mes dimanches seront les vôtres! ;)Et c'est sans compter le party de Noël de la job le 3 où nous serons toutes aussi éblouissantes que les princesses des contes pour enfants.

5:35 p.m.  
Blogger Juli s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jenniko: seras-tu vraiment là au party? Parce qu'il me semble qu'il y ait encore un gala ce soir là, non? :-P

5:47 p.m.  
Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui je sais! :(
Mais je me suis arrangée avec Robert et il va me l'enregistrer!

Elle a tout prévu la fille!

1:49 p.m.  
Blogger Juli s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Rires!!!

11:51 a.m.  

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