samedi, novembre 18, 2006

De vase et de maux

Il y un voile qui est tombé sur la toile. Une tache d'ombre initiée par Philippe-A puis reprise par Martyne et par Tchendoh. À divers degré, sous des angles qui leur appartiennent. C'est un de mes sujets récurrents, que je traite régulièrement avec une certaine légèreté parce que j'ai pris une certaine distance. Parce que ce n'est plus aussi noir aujourd'hui que ce le fut un jour. J'ai lu le message de Philippe-A en retard sur sa publication, lorsque je suis arrivée, il me semblait que tout lui avait été dit. J'étais sans mot devant sa douleur. Son impuissance. Mais j'ai eu des frissons en parcourant son message.

Je ne pourrais pas dire quand j'ai commencé à plonger dans la dépression. Mais je sais que cela s'est fait sur une très longue période. Je me rappelle de moments lorsque j'étais au Cégep qui montrent à quel point, déjà à l'époque j'étais en déséquilibre. Je suis plongée en 2004, et j'ai fini mes études collégiales en 1993. Ça fait dix ans de descente en pente douce. En y pensant aujourd'hui, je me dis que ce qui m'a mise en déséquilibre, au départ, ce furent mes premières relations amoureuses. Parce qu'avec elles, le concept d'abandon entrait dans ma vie. Bizarre comme l'amour qui devrait nourri peut aussi tirer la vie. J'aurais voulu connaître le Grand amour, n'aimer qu'une seule fois, par sécurité. Mais ce n'est pas ce que ma vie a été. Je n'étais pas le centre du monde dans la vie de cet homme à qui je me suis livrée toute entière pour la première fois. J'étais son amoureuse, soit, mais ses ambitions passaient avant moi, et je ne comprenais pas. J'ai été la blonde de ce garçon en cessant d'être moi. Angoisse d'être poussée jusqu'à l'annihilation de moi. Lorsqu'il m'a quitté, il a bien fallut que je fasse comme si. Que je sois forte comme je croyais qu'on attendait de moi. Je me suis forgé des raisons. J'ai intellectualisé ma peine. Je l'ai repoussé le plus loin possible, et j'ai cessé de pleuré.

Je n'ai jamais vécu le choc qui précipite la plupart des gens dans une chute drastique. J'ai simplement continué à glissé vers le bas, tranquillement, sans que je ne m'en aperçoive. J'étais forte. Je suis une personne de leadership. Il fallait que je sois égale à moi-même, malgré le fait que je n'en n'étais plus capable. Je pourrais vous donner les mille et une raisons qui m'ont traînée vers le bas mais je ne crois pas que ce soit important. L'essentiel c'est que j'avais coupé la douleur pour me protéger de celle-ci. Ce faisant je lui laissais toute la place pour me hanter. Et l'angoisse s'est mise de la partie. Mes nuits sont devenues des ennemies. Même avant que je devienne la célibataire à long terme que je suis aujourd'hui. Je revivais tout ce que j'avais dit pendant des heures, faisant fuir le sommeil. Alors je sortais jusqu'à plus soif, jusqu'à l'épuisement du corps. Alors je mangeais trop. Pour oublié que je me trouvais laide. Et j'ai épaissi, me donnant une raison supplémentaire de me sentir laide.

Et puis il y a eu l'automne 2003 au cours duquel je suis revenue à Montréal. J'ai passé les longs mois de cet automne à regarder les nuits allonger comme une allégorie de ma descente. Je ne faisais rien. Je ne me lavais même plus. Ou presque plus. Jusqu'à ce qu'on m'amène de force au CLSC. Et comme Tchendoh, ce fut un soulagement lorsqu'on m'a dit que j'étais en dépression. Je pouvais mettre un mot sur le vaste mal-être que je ressentais. Sur mon spleen de vivre. Je pouvais agir. Je n'ai pas pris d'anti-dépresseurs. Je me suis soignée à coup de thérapies. Et j'ai écrit. Pas ici. Toute seule pour moi. Je ne connaissais pas les blogues lorsque j'ai commencé à me soigner. Je suis certaine que je n'aurais pas été capable d'écrire de toute manière. En tout cas pas sur ce sujet là. J'écrivais des histoires inventées qui finissaient bien, je me créais une vie idéalisée. Mais l'exutoire a fonctionné et j'ai remonté ma pente.

Aujourd'hui, je vais bien. Malgré les cons qui me trouvent grosse et me le disent. Je ne suis plus atterrée par ces commentaires, je suis enragée contre l'imbécillité. Aujourd'hui, je vois à quel point j'ai été mal, pendant longtemps et je me tasse quand d'aventure quelqu'un entre dans ma vie et que je ressens sa présence comme une menace. Je fuis encore, c'est mon lot. Mais je sais qu'il y a des fuites qui me sont nécessaires. Aujourd'hui, quand je perçois ce mal de vivre chez des personnes que j'aime, je parle de mon expérience.

Quand je suis retournée sur le marché du travail, après presque un an sur l'aide sociale, j'ai dit en entrevues que je me relevais d'une dépression et ça aura pris mon amour de la lecture pour qu'un employeur passe par dessus cette crudité pour que je me trouve un emploi. Je suis très fière de ma démarche. Parce que je suis convaincue que la meilleure manière de guérir c'est d'admettre tous les jours que j'ai fait une dépression. De l'admettre et de vivre avec. J'ai passé assez de temps à faire semblant que j'allais bien en m'enfonçant dans la vase des mes maux pour avoir la stupidité de ne pas le reconnaître.

Il n'y a pas de honte à sombrer. Encore moins à s'en être relevé.

7 Commentaires:

Blogger Jenniko s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pas de honte, non, mais tellement de fierté ça doit amener!

Moi aussi, j'ai souvent eu l'envie de «me coucher sur l'alsphate et me laisser mourrir», comme les paroles d'une certaine chanson. Il y eut des petites claques dans la face, et des plus grosses aussi, qui nous font mal et qui nous jettent par terre, mais il y a eu aussi, quelquefois, des bras invisibles, peut-être irréels qui nous aident à se reveler. Et on finit toujours par se relever, même si parfois ça prends plus de temps que d'autres...

12:26 a.m.  
Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Forte et fragile... comme je te l'ai déjà dit.

Il y a beaucoup de sensibilité, beaucoup d'humilité dans ce texte.

J'admire tes mots, j'admire ta force dans les maux...

1:15 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je n'ai pas de blog pour pouvoir confier mes états d'âme (je ne sais même pas comment on procède pour tout dire)....
J'ai vecu une expérience vertigineuse...qui m'a conduite dans les abîmes de mon âme en souffrance ....
Vivre me semblait si difficile ...ne me sentant ni à la bonne place ..ni dans le bon rôle...J'ai utilisé une arme perfide se fofilant dans ma tête si incrustant ...l'anorexie ...pas jusqu'à vomir la vie ..mais juste l'empécher de rentrer ...pour m'effacer tirer ma réverance et m'en aller ....Ce qui m' a retenu ..le vide de ma présence au prés des miens l'amour d'une famille de mes soeurs qui refusait de me laisser déperir renoncer partir...puis je me suis écoutée j'ai luttée j'y suis arrivée il n'en demeure pas moins que je reste un peu comme un vase félé... un beau vase tout en rondeur unique par sa félure par sa forme ..
A tous les vases de porceleine ébréchés je tennais à leur dire qu'ils sont uniques par leur félure je voudrais leur insufflér courage, amour de soi, détermination.

Voila dans un monde ou l'on recherche l'homogeneité Les petites pierres d'étoiles comme Mathilde Jenniko la Souris pistounsky sont d'autant de petites lumières qui guident appaisent fédèrent et rende la vie lumineuse chaleureuse et encourageante .
Pour ce les prémices de que je vois de vous et qui font parti de ce que vous êtes MERCI

7:29 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je suis subjuguée de nous voir, de nous lire. Parce qu'en apparence, nous sommes si forts, nous sommes si pleins de vitalité... et puis bang, on apprend que ceci et que cela. On découvre les aspérités avec tendresse, avec compassion, avec empathie.
S'il y a des âmes qui méritent d'être, la tienne est parmi elles. En chair, et en os.
:-)
J'ai déjà dit que je t'appréciais Mathilde. Mais j'ai jamais dit à quel point...

9:45 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Jenniko : Fierté? Je ne sais pas si j'en suis fière. J'en suis profondément heureuse par contre.

Pitounsky : Quel magnifique commentaire; merci beaucoup.

Aly : Alors, merci de m'avoir laissé une parcelle de toi dans mes commentaires.

Josée-Martyne : Merci de me dire que mon âme mérite d'être. C'est un fort joli compliment.

Je pense que je commence à me douter de combien tu m'apprécie, mais j'aime que tu me le dise.

11:40 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

moi aussi j ai si souvent envie de poser mes arme et me rendre a la mort le plus vite possible. fermer les yeux et ne plus rien voir, mais une lumiere apparait toujours au loin et me donne la force de continuer .La vie et si complique et si cruel ,pour les personnes trop sensibles il n y a pas beaucoup de place . Le monde appartient aux chacal. Mais la vie appartient aux personnes qui ont un coeur qui bat et qui c est comprendre les injustices .

5:58 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

tout les chemins menent ailleur mais pas necessairement ou l on le veut.pourquoi ces chemins la ne peuvent pas etre remplis de fleurs et parfuns merveilleux au lieux d etre remplis d obstacles si difficiles a surmonter .

6:03 p.m.  

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