vendredi, octobre 13, 2006

Une histoire de fin du monde

Je me suis toujours beaucoup amusée avec les horoscopes, sans réellement les prendre au sérieux. De même, je ne suis pas particulièrement superstitieuse. À mon avis, la plupart de nos malheurs sont causés par nos actions davantage que pas la présence d'un chat noir ou encore un passage sous une échelle. J'ai brisé plus de miroirs que j'ai eu d'années de malheurs consécutives et je ne me cloître pas chez moi un vendredi 13, au cas où. Mais comme je suis ce que je suis, je trafique tous ces adages à ma façon, les adaptant aux situations que je traverse. Ainsi, je prétends, depuis des années, que les jeudis 12 sont beaucoup plus traumatisants que les vendredis qui s'en suivent.

J'avais 18 ans et j'étais amoureuse. Follement. Il était beau comme ce n'est pas permis, intelligent et drôle. J'ai passé deux mois de pur bonheur à être son amoureuse. J'étais sur mon nuage rose et douillet. Il m'avait choisie. Je me rappellerai toujours du choc que j'ai eu en entrant dans le café étudiant, la première fois que je l'ai vu. Un coup de poing dans les tripes et la certitude que j'étais cuite. Je m'imaginais aller jusqu'au bout de la vie avec lui. J'étais romantique, et dramatique. Un peu lourde sans doute pour ce jeune homme qui ne pouvait pas être tout ce que je lui demandais. Alors il m'a quittée. Un jeudi 12 février. D'où mon adaptation de l'adage.

J'étais dévastée. Et je me complaisais dans mon drame. Je pleurais tous les jours, j'en parlais tout le temps. J'étais la victime. Jusqu'au bout des ongles. Je faisais pitié. Rien de moins que pitié. Je crois que j'aimais cela. Ça me permettais d'obtenir toute l'attention que je voulais. On me comprenait. Mais il y avait aussi la metteur en scène de la pièce de théâtre parascolaire qui avait compris que mieux valait mettre un holà rapide à mon attitude dépressive, sans quoi j'aurais traîné ma mine basse dans mon sillage pour le restant de mes jours. Elle m'a donc convoquée dans son bureau pour me dire que si je ne changeais pas de comportement très vite, elle me remplacerait dans la distribution. Ce petit discours m'a remis les point sur les i. C'était une année bissextile, je me suis laissée jusqu'au 29 février pour pleurer.

Le dimanche en question, j'étais toute seule à la maison à broyer du noir quand j'ai reçu un appel de l'Homme-de-vingt-ans (désormais agé de vingt-deux ans) qui m'invitait chez un de ses amis à Westmount. Je m'y suis donc rendue avec en main un copie du film Cyrano que nous avons écouté dans la soirée. Et j'ai dormi là. J'étais la seule fille de la soirée. Et les gars se sont couchés beaucoup plus tard que moi. Quand je me suis réveillée et qu'un soleil radieux taquinait les stores verticaux, j'étais un peu perdue et j'ai jeté un regard autour de moi pour m'apercevoir que l'Homme était couché à côté de moi. La première pensée qui m'a traversé l'esprit à ce moment-là c'est que si je m'étais réveillée en pareille position l'année précédente, je me serais évanouie illico. Je me suis mise à rire silencieusement, mais avec assez de soubresauts pour réveiller le mec à côté de moi. Je me rappelle qu'il a grommelé un commentaire sur la joie de vivre d'une fille qui se bidonne comme une bonne quand le reste de la ville s'endort, avant de se replonger dans le sommeil.

Depuis ce temps, je suis convaincue que les jeudis 12 sont les pires journées de l'année et que les années bissextiles sont riches en aventures improbables. Il va sans dire que je n'ai jamais recommencé l'expérience (dormir dans le même lit que l'Homme) puisque me réveiller morte de rire, était une option à bannir dans ma vie de Drama Queen.

Tout de même, j'étais plutôt satisfaite, j'avais très bien commencé à tenir ma résolution. Et si je me rappelle bien, je n'ai plus jamais versé de larme sur ma toute personnelle fin du monde.

5 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Précieux et velouté. Merci

8:00 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Bien que je connaissais déjà l'histoire, j'ai eu beaucoup de plaisir à la lire.

Les symboles n'ayant de signification que si nous leur en laissons le loisir, je réalise que ce vendredi 13, n'a fait que passé... mais pour moi, le jeudi 12 aura peut-être beaucoup de potentiel, si la vie le veut bien.

11:31 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Hoctus est Mort, Vive Hoctus !

10:44 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

est vécu la même chose ...mais un 14 février ..le roi des goujats m'a laché par mail le jour des amoureux ....bilan pendant des années je restais cloitrée chez moi décrétant jour de deuil national le 14/02/06 je ne travaillais pas ce jours là restait chez moi à regarder des série comme friends et me gaver de chocolat madeleine gâteau en tous genres (et croyez moi des genres de gâteau y'en a !!!)puis petite évolution : est remplacé les gâteaus et séries par le sport ....préférable pour ma balance ..j'arraivais au quintale !!! (non j'exagère sisisis j'vous assure !!)
et le temps a fait son oeuvre ..bon d'accord vachement aider par un n'ange (que j'ai épousécette année) rencontrer le jour d'hallowen (correspondant chez nous en france à la fête des morts !!!???!!!)la vie est complètement dingo non ????

8:30 a.m.  
Blogger La Souris (Marie-Ève Landry) s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Ma mère est née un vendredi 13 octobre...

5:49 p.m.  

Publier un commentaire

<< Retour sur le sentier