jeudi, juin 23, 2005

Regards

L’été n’était pas arrivé sur nous que déjà je sentais son effet. Comme un rayon de lune posé sur moi et me sortant d’une certaine noirceur. Une écharpe de soie qui me faisait paraître différemment, jolie sûrement.

Je ne me suis jamais trouvée belle. J’ai les joues trop rondes et les yeux trop petits pour mes propres critères de beauté. Avec ce corps sans hanches et ces épaules tombantes. Avec les surplus de poids qui s’accumulent en cercles concentriques au tour de mon ventre, me laissant des jambes encore un peu petites et m’ayant déjà fait dire que je suis la digne descendante du bibendum Michelin. Non, je ne me trouve pas belle. Pas horrible non plus.

Malgré cela, j’ai heurté des hommes parce qu’au premier regard ils ont été frappés. Je me rappelle un adolescent se racontant mes regards comme autant de promesses muettes d’un avenir possible quand j’essayais de me montrer réservée parce que l’élan de lui vers moi, je le sentais mais ne le partageais pas. J’ai aussi un jour sonné à une porte, innocemment, pour vendre je ne me rappelle plus quel machin et le gars qui m’a ouvert a tout simplement déboulé un escalier devant mon apparence et m’a illico invitée à sortir.

Je me suis terrée dans un manque de confiance délirant durant presque 5 ans, au cours de ma période dépressionnaire, durant lequel je me sentais franchement laide. Mais depuis juillet dernier, c’est différent. Je ne me trouve toujours pas belle, mais je me sens différente. Et j’attrape quelquefois des regards qui me le confirment. Je sais que je côtoie certains hommes qui me trouvent belle. Je lis des appréciations que j’aurais autrefois refusées. Et je sens que je peux faire mal. Parce que nonchalamment je distribue des sourires, une part de moi et de mon intimité sans me soucier des conséquences puisque je ne les vis pas moi-même. J’ai été prédatrice sans égard pour les hommes que j’ai fréquentés. Comme s’ils n’avaient pas la possibilité d’être heurtés au passage. Comme si les blessures d’amour propre et de sentiments étaient ma chasse gardée.

J’ai joué avec les hommes en enfant égoïste pour me rassurer sur mon potentiel de séduction. Paradoxalement, j’ai pleuré ma rage d’être celle qui se lance à cœur perdu dans une relation qui n’avait de réel que mes fantasmes.

Je ne suis pas un ange. Simplement une femme qui s’est acharnée à se réconforter dans le regard des autres.

*Pis si j’en vois un ou une qui me dis que je suis belle, je l’étripe. Ce texte n’est qu’une réflexion sur mon rapport à la séduction. Pas une demande d’approbation de mon apparence extérieure!*

2 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Oui t'es un ange, bon!

1:39 p.m.  
Blogger Catherine s'est arrêté(e) pour réfléchir...

En tout cas, t'es pas belle hein... ;o)...

Pas du tout du tout :op

4:35 p.m.  

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