Une voix, la nuit
Quelquefois on est le point de chute de quelqu’un. Un endroit qui réconforte.
Un soir, j’ai eu ce téléphone d’une amie qui avait le vague à l’âme. Cette amie m’avait été référée par une tierce personne. Cela m’a fait sourire. Parce que la tierce personne m’a fait penser à moi, dans mon enfance, qui disais à mes amies en larmes : «Si tu pleures, viens voir ma maman, tu vas voir, elle console bien.»
J’ai eu ce sentiment d’être la personne qui console. Celle qui sait poser les mots et ses oreilles sur les douleurs d’autrui. Et plus encore, d’être pour celui qui a créé la mise en contact de ce moment précis, la meilleure personne pour consoler, quelle que soit la situation. Parce que lui savait, pour m’avoir parlé ce jour-là, que j’étais moi-même passablement à l’envers. Lui est la personne au centre de mon quotidien depuis un certain temps. Il voit toutes mes humeurs, tous mes travers et trouves souvent le moyen de me voir mignonne quand je suis ridicule. J’ai eu ce sentiment qu’il me «prêtait» à quelqu’un d’autre, parce que je suis moi, et que dans ses yeux à lui, et dans son cœur aussi sans doute, je suis une femme-mère-héroïne; une personne ressource. Un être ressourçant.
Et pourtant, je suis loin d’être parfaite. J’ai des peurs irraisonnées souvent. Je panique totalement lorsqu’il y a une panne d’électricité en ville. À 32 ans, j’appelle encore ma mère pour lui dire que j’ai peur. Ce n’est pas mignon, c’est absurde. Parfois aussi, je m’énerve royalement. Je m'énerve dans ma franchise, mes déclarations intempestives. Je m'énerve de ne rien cacher et de ne rien garder pour moi. Je m'énerve de ne pas être capable de jouer une game. Je m'énerve de ne pas être hypocrite. Je m'énerve de m'attacher à qui il ne faudrait pas. Je m'énerve de compulser les rencontres de bar pour oublier. Je m'énerve de n'être pas capable de toucher celui qui m’émeut, quand je le vois, et de m'étendre pour un quidam qui ne m'importe pas.
Ce soir-là, j’ai été une oreille, une voix douce une présence pour quelqu’un qui en avait besoin.
J’ai dû réviser mon jugement : je suis probablement la pire censeur de mes travers tout personnels. Je ne suis pas parfaite, mais je suis suffisante pour les gens que j’aime. Assez en tout cas pour qu’un ami pense de moi que je suis celle qui protège des marées montantes de nos désespoirs trop souvent quotidiens.
Je parle pour moi, mais ta franchise est une des raisons pourquoi j'apprécie tellement nos conversations.
Peut-être vraiment être TROP vraie ?
Franchement, Mathilde, tu es trop "toi-même", arrête ça! ;)
Et l'amie dit merci. Surtout qu'après vérification il n'y a effectivement pas de marées dans la Rivière-des-Prairies donc j'aurais pu attendre longtemps, couchée là, que la marée m'emporte... ;o)
C'est pas facile d'être soi, et entièrement soi. Je le répète souvent. C'est difficile parce qu'on montre nos faiblesses devant tous, mais on révèle aussi ainsi nos forces.
Toi, Mathilde, s'il y a un adjectif à t'accoller, c'est bien celui la: "VRAIE".
On a tous besoin de vrai. Tu es dispensatrice de vrai. Tu dégages du vrai. C'est ce qui est attachant de toi.
Tu es une perle rare!
Totalement d'accord avec Robin.
Bon, une pluie de compliments!
Je n'allais pas à la pêche! En fait, je trouvais que je me lançais pas mal de fleurs.
N'empêche que je suis contente que vous en rajoutiez! :)
La franchise des fleurs, les roses piquent, le vin n'est pas toujours bon.
Suki.
t'as l'âme généreuse, ça va te perdre.
un inconnu...
Heureusement que les gens autour de nous voient ce que nous n'arrivons pas toujours à voir en nous-même..