Trois dollars et quelques sous
Voici mon texte pour le Coïtus impromptus de cette semaine.
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08h30 dimanche matin. La rue Saint-Denis est déserte. Quelques voitures passent en éclaboussant l’employée qui attend de se faire ouvrir la porte, déchirant ainsi le bruit du silence. Elle a froid et serre sa veste sur elle. Ses idées sont embrouillées. Elle a trop bu hier. Il est trop tôt pour les lendemains de veilles.
L’employée a les larmes aux yeux tant le froid et la fatigue la harcèlent. Aussi ne remarque-elle pas tout de suite l’étrange jeune homme qui s’approche sur le béton mouillé. Il a les yeux trop grands ouverts, une démarche hésitante, et quelque chose de profondément triste s’en dégage. Il passe devant l’employée, se retourne quelques pas plus loin avec une question muette dans les yeux. Question qu’elle n’arrive pas à déchiffrer. Il fait encore quelque pas vers le sud. C’est à ce moment qu’elle remarque qu’il n’a pas de chaussures. Et que sa démarche est liée à ses pieds gelés. Le cœur de l’employé se serre. Elle comprend que c’est sans doute le résultat d’une soirée trop éthérée.
Coin Marianne, il s’arrête de nouveau. Il revient vers l’employée et lance : «Sorry miss, I’m lost. I don’t know where I am. I came from
Ce n’est que lorsqu’il disparaît de sa vue qu’elle se met à pleurer.
C'est drôle, j'avais pensé un instant faire mon Coïtus rue Saint Denis (mais peut-être pas la même, la mienne est très connotée), et puis je l'ai transféré dans la forêt de Brocéliande.
Très joli texte Mathilde, comme d'habitude.
Pow! Ça fesse, quand des réalités s'entrechoquent.
Ça t'es arrivé pour de vrai?
Suki
Non ce n'est pas tout à fait vrai. Mais ce n'est pas tout à fait faux non plus. C'est un curieux mélange entre la réalité et la fiction.
Comme le plus souvent lorsque l'on écrit de "la fiction" Mathilde, non ?