samedi, juillet 23, 2005

Alice au pays des miroirs

Voici ma contribution pour le coitus. Je n'étais pas inspirée par le thème. J'ai passé la semaine à retourner la question dans ma tête, en me disant que celui-ci allait sans doute finir par obtenir ma rédition. Mais la pluie sur la ville m'a contrainte à l'intérieur. Et je me suis forcée pour pondre ceci.

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L’image que la vitrine renvoyait sans complaisance, laissait voir une jeune femme un peu ronde au sourire rêveur. Dès qu’elle s’aperçue, le sourire d’Alice se figea. Encore ce corps. Cette chose qu'elle n’avait d’autre choix que de traîner avec elle pour parcourir la vie. Elle ne voulait plus mourir. Elle ne voulait plus astreindre son corps, contrôler et calculer. Elle s’était épuisée pendant si longtemps à gagner sur la nourriture, à brûler tout ce qui lui passait dans le gosier.

Après deux ans sans contrôle perpétuel, son corps s’était alourdi. Sans revenir aux rondeurs de l’adolescence qui l’avaient amenée vers le contrôle, les courbes étaient nettes. À toutes les vitres, tous les miroirs, toutes les surfaces policées elle ne pouvait faire autrement que de se voir. Dans toute l’absurdité de ce corps imparfait. Avec le sursaut au cœur, cette lame qui transperce à chaque fois que l’on voit l’image de l’échec.

Et pourtant, Maryse, la psychiatre, lui disait qu’au contraire c’était la réussite. Que son corps maintenant respirait la vie. Qu’il était davantage qu’un paquet osseux et anguleux de contraintes. Qu’elle ne passait plus son temps dans les hôpitaux ou le comas. Et les hôpitaux, Alice ne les regrettait pas. C’était la satisfaction du contrôle qui lui manquait.

Levant les yeux sur la vitrine, elle eut l’impression que la photo publicitaire la narguait, avec ce corps parfait à la peau lisse. Elle eut un sourire en coin en se disant que de toute manière, c’était de la triche ces photos-là. Et puis un mouvement attira son attention. Derrière elle, une joggeuse passait. Filiforme, sans cuisses, sans poitrine, sans hanches. Les veines ressortant sur les muscles. Et dans les yeux, le calcul qu’Alice connaissait si bien.

Cette fois, Alice vomit sans le faire exprès.

2 Commentaires:

Blogger La Souris & Myrrha s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Grave ton texte. Tu as le don...

1:47 p.m.  
Blogger Pitounsky s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pas particulièrement inspirée, hein?

Touchant comme toi seule peut l'être...

2:54 p.m.  

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