mardi, juillet 12, 2005

Le pantalon de Paul

Texte écrit dans le cadre du coitus impromptus.

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Paul était très satisfait en sortant de chez lui. Il était bien mis, sûr de lui. C’était l’ultime étape du Plan. Amélie allait avoir sa petite robe bleue. Celle avec des fleurs qui dansaient dans le vent. Elle serait là, rieuse, patiente, aimante comme elle l’était depuis si longtemps. C’était la dernière étape du Plan. Maintenant, le bonheur était à sa portée.

Lorsqu’il arriva sur le parvis de l’église où il lui avait donné rendez-vous, il eut sa première surprise : elle portait un jeans seyant avec cette camisole brune qui lui serrait trop les seins. Paul n’aimait pas cette camisole, ce qu’elle savait pourtant. Pourquoi alors la portait-elle? Qui plus est, elle fumait négligemment une cigarette, regrettable habitude qu’il lui avait souvent tenté de faire perdre.

Au moment où Amélie leva les yeux sur lui, Paul se dit que quelque chose n’allait pas. Pourtant, il avait suivi le Plan à la lettre : l’été d’aventure, l’année d’étude, les voyages de perfectionnement, (qui impliquaient une partie de la relation à distance sans promesse de fidélité) et le début de carrière. Trois petites années pour le Plan. Ils étaient jeunes, c’était parfait.

Ce soir là, il avait lissé le pantalon gris anthracite qu’il s’était acheté quelques jours après avoir rencontré Amélie. Il l’avait vu dans une vitrine de Montréal. Paul avait tout de suite su qu’il serait parfait pour la conclusion du Plan. Alors il l’avait acheté et rangé soigneusement dans ses valises. Il l’avait traîné dans toutes ses pérégrinations. De Paris à Édimbourg, de Tunis à Montréal, de New-York à Pékin. Il le lissait de temps à autre, en visualisant l’étape finale.

Mais là, sur les marches usées, rien n’allait plus. Sans autres forme de procès Amélie lui dit : «Je ne sortirai pas avec toi ce soir Paul, ni jamais en fait.» Et lui de la regarder hébété avant de lancer : « Je voulais te dire que je t’aime! » Mais déjà elle était debout dans son élan de départ. Jetant à peine un regard par-dessus son épaule, un léger sourire flottant sur ses lèvres elle conclut : « il était à peu près temps que tu me le dises.» Et elle s’en fut, balançant ses hanches dans son jeans.

4 Commentaires:

Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

J'aime. Bravo et merci!

9:48 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est tristounet.

Espèce de drama queen! ;)

10:25 a.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Moi je suis tanné parce que ton site il est tout nické das Internet Explorer.

Je boude.

5:29 p.m.  
Anonymous Anonyme s'est arrêté(e) pour réfléchir...

C'est digne d'un passage de roman. Il me semble que c'est une des première fois que tu entres si profondément dans la psychologie de tes personnages - ou du moins que tu explores l'obsession. Excellent.

8:06 a.m.  

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